Les dieux doivent bien rigoler...

(suite de: https://marshmallow.actifforum.com/viewtopic.forum?p=289#289 )

ZOUIIIIIIIZZZ

« Alors là, Enki, je te jure que je vais passer le reste du temps que l’on va passer ensemble à te pourrir la vie avec une application et un sadisme soutenus…
- Ca va, je t’ai dit que j’étais désolée… Et puis de toutes façons ça ne changera pas de beaucoup mon quotidien, tu sais…
- Ca c’est ce que tu crois… J’ai été plutôt gentil jusqu’à maintenant.
- On doit vraiment pas avoir la même définition de « gentil ».

Je soupire et regarde autour de moi. C’est sûr et certain, on s’est encore gourré de plan. La forêt de conifères qui nous entoure ne ressemble en aucun cas au Plan Elémentaire du Feu, ni même aux terres caillouteuses des Cinq Royaumes. J’ai très envie de calciner tout ce qui m’entoure pour me calmer les nerfs. Des arbres à perte de vue, des plantes, des fougères, de la chlorophylle ignoblement verte, cette écœurante senteur d’humus mouillé… toutes ces abominations qui me défient du haut de leurs tiges arrogantes me tapent sur les nerfs…

Je me dois cependant d’être raisonnable : après tout, c’est un nouveau monde, je ne vais pas tout de suite le carboniser, les autochtones pourraient le prendre mal. Je me tourne vers Enki, qui juge plus prudent de se plonger dans la contemplation du sol forestier. Je me sens parfaitement épuisé, je crois que je n’ai même plus envie de la frapper, c’est dire si la situation est grave…

Il est temps de faire le point (1).

D’ordinaire, je déteste la galanterie, surtout quand elle concerne Enki, mais après tout une fois n’est pas coutume…

Elle et moi, donc, voyageurs interstellaires par hasard (et par une certaine accumulation de malchance, également), après avoir affronté des hordes d’ennemis redoutables, comme des gobelins, des portes (2), des morts-vivants, des Elfes (3), des cuisiniers, des sorciers, des démons, des enfants ou des attaches de soutien-gorge (4), après avoir subi les atterrissages foireux sur une demie-douzaine de monde différents, se situant dans l’ordre dans un volcan, des toilettes pour dames, une mine remplie de gobelins, un jardin et une boutique de souvenirs (on peut malgré tout noter une certaine amélioration), après avoir accompli des quêtes stupides et nous être disputés et frappés à qui mieux mieux, nous voilà, pauvres paumés, une fois de plus au milieu de nulle part, à des années-lumières de là où nous souhaitions nous trouver.

Pour ceux qui ne suivent pas (honte à vous, bouh qu’ils sont vilains), voici une brève présentation d’Enki et moi. Ce qui nous connaissent, vous pouvez aller boire un coup et revenir après, ça ne me gène pas.

Enki-o-shaolante, donc, magicienne minable s’il en est, est la catastrophique théurgiste qui a eu l’idée douteuse de me convoquer sur son plan suite à une déprime causée par une broutille (elle avait brûlé son académie de magie, je vous demande un peu…). A peu près aussi douée en sorcellerie qu’une souche morte (5), Enki a la sensibilité d’une midinette de douze ans, est d’un romantisme et d’une gentillesse naïve et gluante qui ont un don particulier pour me taper sur le système, et a une fâcheuse tendance à accumuler bourde sur bévue, le tout entrecoupé de diverses catastrophes.

Pour ceux qui tiennent vraiment à en avoir un portrait physique (les fous, ah ah ah), Enki a la taille et la carrure d’une brindille rachitique, avec à peu près autant de formes, et probablement autant d’esprit. Arborant sur son crâne un amas broussailleux de fourrure rousse qu’il me faut bien appeler chevelure, elle est vêtue d’une informe robe pourpre, offerte par votre serviteur, qui la recouvre en intégralité, merci aux Puissances.

C’est donc suite à ses manipulations mystiques que moi, Kaev, Salamandre issue du plan du Feu, fut convoqué à ses côtés et sous ses ordres (façon de parler),et ce pour une période indéterminée, ma « maîtresse » n’ayant absolument pas connaissance du mot de révocation qui me permettrait de rentrer sagement à la maison…

Pour les gens de goût, je m’autorise une petite description de ma superbe personne, et je flambe ceux qui esquissent la moindre petite parcelle d’ébauche de sourire.

Une Salamandre, comme le savent bien ceux qui ont quelques notions de tératologie, est une créature reptilienne, élémentaire du Feu, ressemblant à un immense lézard rouge qui se tient et marche sur ses pattes arrières. Personnellement, mes écailles luisent d’un beau rouge sombre, et peinent à dissimuler ma splendide musculature de Lézard du Chaos. Je dépasse Enki d’un bon demi-mètre, ce qui est pratique lorsque l’envie me prend de la frapper (involontairement, vous vous en doutez).

Voilà, ceux qui sont aller boire peuvent revenir, je reprends, et tant pis pour les retardataires.

« Enki… Tu sais, des fois j’ai très envie de t’étrangler.
- J’ai dit que je m’excusais…
- Oui mais moi je ne t’excuse pas.
- C’est normal, toi tu es mesquin !
- C’est un fait.
- Tssss…
- Tu te rends compte qu’on était à deux doigts de réussir à rentrer chez nous ?
- Tu n’avais qu’à rester concentré sur ta bille.
- …c’est la meilleure celle-la…
- Bon, on sait tous les deux que je finirais par avoir raison et que ce sera encore de ta faute… Alors on abrège ? On fait quoi maintenant ?
- On fait ce que tu veux. Après tout, c’est toi la maîtresse, non ?
- Alors ça c’était très bas.
- N’empêche que c’est toi qui m’a invoqué, alors tu t’assumes.
- Bon… Alors on va par là. De toutes façons il vaut mieux que je commande, vu ton sens de l’orientation négatif on se serait perdus.
- Alors ça c’était très bas.
- Je gagne tout le temps, tu le sais…
- Commence à courir, on va vérifier ça.
- Kaev, c’est un ordre direct, éteins tout de suite cette boule de f… Aïeuh, ça brûle ! Arrête ça tout de suite !
- T’es pas drôle. »

Et donc, Enki en tête, nous voici partis sur les désespérantes routes de l’aventure, qui nous mènerons, j’en suis certain, vers des catastrophes sans nom et des situations du dernier grotesque. C’est toujours comme ça quand elle prend les rênes.

_________________________
(1) En plus je peux faire une séance description pour vous plonger dans le bain, cher lecteur… L’est pas belle la vie ?
(2) C’est très fourbe une porte, vous savez… C’est mon ennemi millénaire : ça ne sert à rien, ça obstrue le passage, et faut taper dessus pour déblayer le chemin, ce qui prouve bien la tendance belliqueuse de cette race. Enki me dit parfois qu’on peut aussi taper doucement dessus (ça veut dire sans la défoncer en copeaux) et simplement manipuler la poignée pour l’entrouvrir. Je m’insurge contre cette honteuse collaboration avec l’ennemi.
(3) Bon ok, ça c’était pas le pire… Loin de là.
(4) Je garde le pire pour la fin. Qui peut évoquer sans trembler d’épouvante ces féroces adversaires de toutes les races civilisées ?
(5) Sorts connus : Invocation de Belette, Conjuration de Marshmallow, Sort de Force involontaire, Sort de dissipation de mal de crâne. Vous pouvez rigoler.

Comme je le hais !
C’était pas possible que je le perde en route ?

Je continue de marcher à travers la forêt en fulminant contre les dieux.
Enfin pas trop quand même on sait jamais des fois qu’ils décident d’en rajouter une louche…

« -oh regarde Kaev une carotte !
-si une jour je la recroisse celle la…je…je… (1)
-oui, oui…tu lui brûles sa forêt. (2) »

Il me regarde bizarrement. Grogne et shoote dans une fleur.
Je ramasse la carotte et la range dans mon sac.
« - je me demande pourquoi tu lèves les yeux au ciel…vous avez des dieux dans le plan du feu ?
-c’est pas la question. Le ciel c’est le seul endroit où je suis sure de ne pas te voir.
-Charmant.
-Arrête les insultes. »

Je dois avoir un sale Karma pour me coltiner un lézard pareil.
C’a peut pas être autre chose qu’une punition divine…un manque de chance ou le hasard n’explique pas une telle guigne.

« -enfin une baraque.
-Non, non on y va pas.
-Quoi ? pourquoi ?
-Parce que en ce moment on a pas de chance alors…autant éviter les ennuis.
-Enki.
-Quoi ?
-Si on ne s’arrête pas dans cette baraque je te jure que des ennuis tu vas en avoir.
-C’est une menace ?
-Non. une promesse.
-…je vois. Mais si y’a pas d’alcool on ressort aussi sec ! »

M’énerve faut toujours négocier avec lui. (3)
Je continue mon chemin incognito après tout avec la mémoire qu’il a dans quatre pas il a oublié…

« - Enki-o-shaolante ! Ramène toi !
- m’appel par mon prénom ! C’est flippant ! »

je deteste quand il jubile.

(1) la réaction de Kaev est du à ce jour maudit où nous nous sommes paumés dans une foret remplie d’elfes, en compagnie d’une créature qui crachait, pour suivre la piste d’une compagnie qui venait de perdre son magicien et qui était suivit par des orcs qui venait d’une mine où on était quelques heures avant quand le démon qui.... Je m’éloigne du sujet. Je disais donc ce jour maudit où après avoir réparer une fontaine magique achetée en promo par une reine elfes qui aimait les nains nous nous sommes aperçu que notre avenir contenait des carottes.

(2) …vous m’avez comprise.
(3) c’est rien comparé au HRP…

Ma maîtresse finit par venir en traînant les pieds. Faut toujours qu'elle râle de toutes façons... (1)

Et, histoire de malmener encore davantage mes nerfs déjà surtendus, voilà que ce foutu cabanon est fermé par... je vous le donne en mille: une porte.

Une porte en bois. Simple, rigide, gonflée d'humidité, qui me barre le passage avec obstination. La présence de cet ignoble artefact sur ce monde ne peut vouloir dire qu'une chose...

"Je crois que ce monde est habité par des humains. Y'a que des humains pour être assez idiots pour coller des portes sur une cabane en bois au milieu de nulle part.
- Tu sais, des fois les portes ça sert à empêcher les loups de rentrer, le vent, le froid, tout ça... Surtout en forêt, d'ailleurs...
- Si le type qui vit là-dedans a peur des loups, du froid et du vent, pourquoi est-ce qu'il aurait construit sa cahute à l'endroit précis où on trouve les trois?
- Ben euh... Mais j'en sais rien moi!
- Moi je sais: il est idiot. Les humains sont idiots de toutes façons.
- Tu m'énerves! "

Pour ceux qui s'étonneraient du couroux d'Enki, rappelons que, malgré les apparences, elle est humaine. Ce qui légitime sa colère.

Je défonce donc distraitement la porte de la douteuse habitation et y pénètre en conquérant.

Pas grand chose à conquérir là-dedans, par ailleurs... Du vide, des trucs en vrac, de la poussière, des toiles d'araignées partout, une odeur rance de moisi... Personne ne vit ici depuis un bon moment. Peut-être qu'il reste quand même de l'alcool dans un coin... J'ai besoin d'oublier...

Je farfouille dans le bric-à-brac hétéroclite de bidules pourris et noirâtres qui parsèment le sol. Soudain, je m'aperçois que je suis, une fois de plus, le seul à bosser.

"Enki, tu fais quoi?
- Je fais le guet.
- Qu'est-ce que c'est que cette lubie encore? On est seuls!
- C'est pas sur, alors je fais le guet...
- Viens m'aider à fouiller là-dedans, au lieu de dire n'importe quoi...
- Je rentre pas là-dedans!
- Mais pourquoi?
- J'ai pas envie.
- Dis-moi!
- ...y'a des araignées...
- Tu as peur des araignées?
- Vi.
- Petite nature... C'est sympa une araignée...
- Ca a huit pattes.
- Et alors?
- Alors c'est pas naturel.
- Allons bon. "

Je renonce à lui expliquer que les araignées bouffent les moustiques et les mouches, nettement plus désagréables de mon point de vue, et qu'elles servent aussi de nourriture à moult oiseaux qu'elle doit sûrement trouver adorables, romantisme oblige.

J'achève donc ma fouille de ce nid à cafards, sans succès autre que la découverte d'un tesson de bouteille, puis grogne et sors de ce taudis, avant de l'enflammer d'un geste. Enki contemple avec un étrange sourire la cabane en flammes.

"Ca te fait plaisir que je crâme les choses, maintenant?
- D'habitude non, mais là tu es en train de faire un génocide d'araignées, alors je profite.
- Tu es sadique. (2)
- Toi aussi.
- Oui mais moi tout le monde le sait.
- ... "

Malheureusement, l'humidité ambiante de la forêt empêcha le feu de s'étendre, et nous dûmes donc poursuivre notre chemin à travers la chlorophylle.

Je ne vois pas pourquoi je parle au passé, mais bon, c'est comme ça, si vous n'êtes pas contents c'est pareil.

Finalement, après quelques heures de pénible marche à travers cette ignoble verdure, une plaine s'étend à nos pieds. Pas que j'aime l'herbe plus que les autres végétaux, mais au moins les écureuils ne peuvent pas y monter pour te balancer leurs glands dans la tête.

Nous marchons silencieusement, tous deux conscients que, de toutes façons, quel que soit notre sujet de conversation, l'un finira par être désagréable avec l'autre.

"Fi donc, pitoyables gueux, épargnez-moi donc votre haleine fétide et retournez chasser l'ours avec vos bouts de cailloux!
- Le parfumé ferait mieux de ne pas parler ainsi à un clan du nord, s'il veut conserver sa tête rattachée à son crâne! "

Deux groupes d'humains se toisent de part et d'autre d'une étrange pierre en forme de canari. L'un est constitué d'hommes dits "civilisés", une bande de nobliaux et de chevaliers poudrés et parfumés, montés sur de beaux palefrois, maniant les vers avec autant d'agilité que l'aiguille à coudre qu'ils essaient de faire passer pour une épée. Arborant gonfanons, bannières et écus, ils étincèlent fièrement sous le soleil, les armes à moitié sorties de leurs fourreaux, prêts à (tenter de) pourfendre les membres de l'autre groupe.

Les autres sont vêtus de fourrure et de pièces d'armure rouillées, montent à cru des chevaux sauvages, agitent avec brutalité leurs lances et leurs haches vers le nez des chevaliers et leur adressent à qui mieux mieux d'horribles insultes, mettant entre autre en lumière la probable sexualité des nobles avec leurs juments. Des barbares.

"Nos prêtres nous ont prédit que nous trouverions notre Anathoï aujourd'hui, près de la Pierre de l'Ange! (3) Quittez les lieux, ou il vous en cuira!
- Nos chamans ont affirmé que notre Anathoï allait venir ici, aujourd'hui! Partez, nous serons les élus que choisira l'Anathoï!
- Impudents coquins, vous allez tâter de ma lame!
- Misérables bâtards, goûtez au fer de ma hache!
- C'est quoi ce bordel? "

Les barbares et les nobles se tournent brusquement vers nous, méfiants. Un vieux sorcier barbare et un homme en robes bleues, sûrement un prêtre, sortent du rang et nous contemplent avec une certaine stupéfaction.

"Je crois avoir posé une question. Il se passe quoi, là, que je puisse m'amuser aussi?
- Tu crois vraiment que c'est intelligent de nous insérer dans une guerre, alors qu'on arrive à peine ici?
- J'ai envie de m'amuser un peu.
- T'es vraiment... "

Soudain, les deux mystiques hurlent de joie et s'agenouillent devant nous, béats. Après un temps d'incertitude, les nobles et les barbares démontent et les imitent. En quelques secondes, nous sommes entourés d'une foule de fanatiques applatis devant nous, scandant "Anathoï! Anathoï! ".

"Alors là je comprends plus rien.
- C'est quoi Anathoï?
- Je sais pas... Peut-être une spécialité de la région?
- J'en doute... Je crois qu'on s'est encore mis dans la mouise...
- Une fois de plus, une fois de moins, de toutes façons... "

_________________
(1) Y'a qu'à voir en HRP...
(2) Pareil.
(3)Autant pour le canari...

« -je suis sure que c’est ta faute.
- comme toujours.
- c’est bien que tu ne cherches pas à nier tu sais.
- je…
- noble dame nous vous attendions ! »

J’ai un doute affreux.
Je me retourne.

« -mais à qui il parle ?
- depuis des lunes nous attendons votre venue ! Enfin vous voici ! Notre gloire va pouvoir se rependre à travers tous les royaumes !
- ah…tous les royaumes …bien sur...Kaev arrête de rire. »

Kaev, mort de rire tente vainement de reprendre son souffle en me pointant du doigt.
Il se fout de moi j’en jurerai.

« -et eux c’est qui ?
- des mécréants venus vous arracher à nous ! Madame je vous en conjure…
- mais qu’est ce qu’il bave l’empoudré ? C’est pas ...heu...elle (1) notre Anathoï ! C’est lui ! Lui Notre Puissant et Magnanime Elu ! »

Oh par tous les dieux il désigne Kaev ce naze !
Je vais mourir de rire.
« - oh la tête du magnanime Elu !
-Enki.
-" notre puissant et magnanime élu " ! oh le naze !
-ENKI !
-Bon sang j’aurai tout entendu !
-Enki encore une phrase et je crame tes chaussettes. »
Ouais. Il est capable de le faire je préfère pas tenter ma chance sur cette action.
En trois grandes respirations par le nez je retrouve mon air sérieux (2)

N’empêche on est dans une sacrée panade.
Je regarde Kaev qui me renvoie mon regard en un peu plus noir.

« - on fait quoi maintenant ?
-vous devez nous accompagner !
- non ils viennent avec nous !...enfin lui…elle on s’en fout.
-Oh !
-Ben quoi !
-Tsss. Kaev ? »

Je le regarde les yeux pleins d’espoir…autant dire que je plaide une cause perdue.

(1) j’aime pas trop son hésitation. C’est sans doute la robe…elle est un peu grande.
(2) aussi bien que faire se peux.

Ca va un peu trop vite pour moi... J'ai pas encore mangé, ça doit être ça. Je vais essayer de faire le point, ça ira peut-être mieux après. Je m'assieds donc au sol, jambes croisées, et tente de faire le tri dans les événements récents.

"Euh... Grand Elu, nous devons nous hâter... la route est longue jusqu'à...
- La ferme. J'essaie de réfléchir.
- Loin de moi l'idée de troubler votre méditation, ô dieu sur terre, mais nous...
- Si tu continues à m'empêcher de faire ce que je veux, je sens que je vais te coller un tourment éternel dans ta gueule pour cause de grave blasphème ça va pas traîner...
- Euh... Oui, sublime Anathoï.
- Tiens, au lieu d'embêter ton magnanime Elu, tu n'aurais pas de quoi casser une graine dans tes fontes? Ca creuse les voyages interstellaires...
- Euh... Oui grand élu... "

Et le barbare de s'en retourner vers ses chevaux pour me chercher un bon gros tas de viande séchée. Enki esquisse une moue dégoûtée (1) et use de ses propres charmes pour obtenir de la nourriture de ses nouveaux adorateurs. En clair elle trépigne devant le gominé parfumé en faisant des signes circulaires sur son estomac, comme si elle s'adressait à un débile mental. Le gentilhomme ouvre des yeux grands comme des soucoupes, mais finit par saisir le sens du manège et va chercher un tas de légumes pour que ma maîtresse puisse accompagner ma réflexion de ses bruits masticatoires. Youpi.

Donc, nous avons, une fois de plus et à cause d'Enki, atterri dans un plan inconnu, au milieu de nulle part, et comme à l'accoutumée, notre unique but est de se barrer le plus vite possible de cet endroit. Et voilà qu'au cours d'une de nos habituelles pérégrinations, nous tombons sur deux bandes d'illuminés qui nous prennent pour des dieux, ou "Anathoï". Bon, qu'on puisse me prendre pour un dieu, je peux le concevoir, j'ai le physique et l'esprit qui vont avec... Mais pour Enki, fallait-il que ces gens soient désespérés...

Je dévore un nouveau morceau de viande séchée. Pas mauvais, mais c'est salé et quand même assez sec...

"Z'avez pas de l'alcool?
- Hydromel vieilli de cinq ans d'âge en fût de chêne, mon seigneur, ça irait?
- Je sens que je vais me plaire ici... Apporte-moi ça, fidèle croyant...
- Tu ne crois pas que tu profites un peu trop de la situation?
- Laisse-moi réfléchir... Non. On est adorés, adulés, nourris, logés, on n'a pas un gramme d'idée pour rentrer à la maison et il semble que nous soyons les individus parmi les plus puissants de ces terres, donc bon courage pour trouver un grand sorcier capable de nous renvoyer... Alors faute de mieux, je m'adapte aux coutumes locales. Si leurs traditions sont de vénérer les Salamandres et les Sorcières minables, acclimatons-nous...
- Le "minable" n'était pas franchement nécessaire. Tu ne penses pas que nous devrions leur dire que nous ne sommes pas des... euh... Anathoïs?
- Qu'est-ce que tu en sais? On ne sait même pas ce que c'est, un Anathoï... Ah, merci mon brave... "

J'attrape la flasque que me présente mon nouvel admirateur et le goûte. Vraiment pas mauvais... Je vais adorer vivre avec ces barbares...

"Fais goûter!
- Que dalle! Demande à tes lèche-bottes à toi!
- Allez-euh! T'es pas cool!
- J'ai dit non! Tu vas encore être bourrée rien qu'en le reniflant (2) et ce sera à moi de te porter...
- Le sublime dieu n'aurait-il pas assez de force pour soulever la frêle demoiselle que je suis?
- La frêle demoiselle a pris quelques kilos depuis notre rencontre, et le sublime dieu n'a pas envie de se démettre ses divines clavicules...
- C'est pas vrai!
- Demande à tes nouveaux amis, je suis sur qu'ils seront ravis de t'offrir à boire...
- Nous pouvons vous offrir ce subtil vin des côteaux sud de...
- J'aime pas le vin.
- Ou alors ce nectar de pêche qui...
- Je veux de l'alcool.
- Nous n'avons que ça, magnifique et puissante maîtresse...
- Kaeveuh, donne-moi de l'hydromel!
- Nan!
- Ma dame, permettez que nous fassions goûter à ces chiens d'infidèles le fer de nos lames, et que nous conquérions pour votre noble visage cet hydromel que vous chérissez tant!
- C'est ça, commence une guerre sainte pour récupérer de l'hydromel... Ces humains, c'est vraiment des...
- Euh oui non c'est gentil fidèle serviteur, mais je vais me débrouiller... Kaev, c'est un ordre direct, file-moi cette gourde!
- C'est mesquin. Tiens.
- Merci. "

Ainsi fut évitée la Première Croisade du Saint Chouchen.

J'avale mon dernier morceau de viande, puis me relève.

"Pouvons-nous maintenant avancer vers nos terres, puissant Elu?
- Ma dame, nous devrions nous mettre en route nous aussi... Lointain est le campement à partir duquel nous fonderons votre nouvel empire...
- Attendez vous deux... C'est loin vos campements?
- A peu près une centaine de lieues au Nord.
- Pareil... Mais au Sud.
- Allons bon, voilà qu'ils veulent nous séparer...
- Oh pauvre bouchon... Ca te rend triste?
- Certainement pas. C'est juste qu'en tant que serviteur je ne peux pas me détacher de toi.
- Oh, comme c'est romantique... (3)
- Arrête de te foutre de moi.
- Euh... puissant Elu... Vous êtes l'esclave de la déesse de ces misérables bâtards?
- Répète ça encore une fois et je fais un châtiment saint en te calcinant les tripes de l'intérieur pour les douze prochains millénaires.
- Fais gaffe il en est capable...
- Bon... Donc si j'ai bien compris, barbares et nobles, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous bouffer le nez, c'est ça?
- Seigneur, ces étrons de vipères ne sont que des...
- Ces fourbes sauvages n'ont pas plus d'honneur que...
- Merci de répondre aussi succintement. Donc, puisque en tant que grands dieux révérés très saints et tout le toutim, nous n'avons d'autre préoccupation que le bien-être de nos sujets et la préservation de la paix, je déclare dès à présent avec ma...euh... pote la grande déesse Enki, une union de nos peuples. Et pour fêter ça vous allez bâtir... Euh... Disons, ici, un grand domaine, de vos efforts conjoints. Ainsi soit-il, hallelujah, les dieux sont grands, amen et mazel tov.
- Euh... Ouais, comme il a dit! "

C'est beau la religion quand même... Mouahaha...

__________________
(1) Car, et ce n'est que l'un de ses nombreux défauts, Enki est végétarienne.
(2) Défaut n°2: elle ne tient pas l'alcool.
(3) Défaut n°3: romantique

Et ben, pour une fois il a eu une idée brillante. Pourvu que ça ne le rende pas malade.
Quoique ça pourrait être marrant.

« Oserais je, Ô sublimissime déesse vous demander audience ?
-a priori tu es en train de le faire.
-Mille pardons…je voulais vous entretenir a propos de …vous savez quoi…
-Heu…non je sais pas non.
-A propos de ces chiens galeux ! qui tentent par de viles manœuvres de vous retenir ici, afin de priver nos terres de votre divine présence !
-Ah je vois.
-Voulez vous que nous nous débarrassions d’eux, ô Sauveuse Vénérée ?
-Quoi ? ça va pas non ? …attend que je t’explique…tu vois le grand type rouge avec plein d’écailles sur le dos ?
-Soit noble dame.
-Et bien ça fait des mois que je me le coltine, j’ai essayé de l’étouffer, de le perdre, de l’attendrir, de le saouler, de le taper, de le presenter à mon pére…et rien n’y fait.
-Vous voulez dire que malgré tout vos pouvoir votre divine puissance ce...monstre reste invincible ?
-Heu…en gros c’est ça. mais par contre il fait tout ce que je lui demande. (1)
-Oh !
-Je ne te le fais pas dire. File…heu…pour ma gloire !»

Le couillon s’incline devant moi avant de partir chercher une pelle et commencer son travail pour le plus grande gloire d’Enki-o-shaolante ! Mage suprême de…
Ouais enfin bref.

Je m’approche de la pierre de l’ange-canari pour y jeter un œil (3).
C’est une pierre. Debout. Toute bête. Qui avec pas mal d’imagination ou une bonne dose d’alcool peut vaguement faire penser à un truc avec des ailes.
Je pense plutôt que quiconque la regarde fait en réalité une projection sur elle de son moi profond ce qui lui permet d’extérioriser ses pulsion les plus enfouies. (4)

« Tu fais quoi ?
-oh…je réfléchis.
-Houlà.
-Je me disais que la vie c’est étrange tout de même, tu imagines le chemin qu’on a fait (5) depuis le volcan..on est passés par les pires tourments par…
-Hola, hola. Stop. Je t’arrête tout de suite.
-Quoi ?
-Pas de ça avec moi. Je ne sais pas ce que tu attends de moi mais je préfère que tu le dises carrément au lieu de me gonfler avec des réminiscences foireuses qui vont m’obliger à me replonger dans les pires hontes de ma vie. Tu veux quoi ?
-Y’a encore de l’hydromel ?
-Vais en chercher. »

Ça marche à tous les coups. (6)

(1) si je le fais assez vite. (2)
(2) avant qu’il me tape, m’assomme, me saoule, me noie…
(3) façon de parler manquerai plus que je finisse cette histoire borgne.
(4) désolée j’ai mal dormi.
(5) a pied la plupart du temps
(6) hélas ça ne fait pas avancer l’histoire d’un broc. Et kaev va encore râler.

J'apporte sagement le peu qu'il reste d'hydromel à ma maîtresse, qui me gratifie d'un sourire béat. Va falloir que je la surveille, il ne manquerait plus qu'elle s'enivre toutes les cinq minutes, et qu'elle en vienne à instaurer des jours saints du chouchen, des hymnes au chouchen, des prières au chouchen, etc... Si ses adorateurs la voient ivre (1), cela pourrait sérieusement remettre en cause leur conception de sa divinité...

Les barbares et les nobles, pratiquement indissociables tandis qu'ils creusent la terre, côte à côte et torse nu (2), sont une splendide image de l'amitié des peuples...

Enfin presque.

"Eh toi, pourquoi tu balances toute la terre sur le barbare derrière toi?
- Ce chien n'a que ce qu'il mérite, après tout il est né dans la fange...
- Eh! Le gros barbare, là-bas au fond! Interdiction de mettre des coups de pioche dans mes adorateurs, sale brute!
- Vous ne me guidez pas, fausse déesse! Je ne reçois d'ordres que du suprême Kaev, le grand serpent!
- Oh lui comment il me parle!
- Qui tu traites de serpent, andouille?
- Euh... Je veux dire... Le grand... dieu de notre peuple, gloire à lui jusqu'à la millième génération?
- C'est mieux. N'empêche qu'elle a raison, interdit de taper sur les nobles. Il commence à faire froid, alors plus vous êtes nombreux, plus vite ce fortin sera construit.
- Ne pouvons-nous bénéficier de votre aide mystique légendaire, divins seigneurs, pour nous assister dans cette pénible tâche?
- Eh oh, mon boulot c'est dieu, pas architecte ou maçon!
- D'un claquement de doigts vous pouvez élever de la terre les bases de votre domaine, mes seigneurs, épargnant notre sueur et votre temps... La magie du Créateur coule dans vos saintes veines, il en est ainsi chez tous les Anathoïs...
- Je crois qu'on est dans la panade, là, murmure Enki, inquiète.
- Bah, on peut toujours essayer. Peut-être qu'on est des Anathoïs aussi, après tout... Prépare-toi à courir si ça foire. "

Et, dans une pose théâtrale du dernier grotesque mais qui impressionne les crédules, je lève les bras en l'air et concentre l'énergie mystique dans mes mains...

Woah...

Quelle puissance! J'ai tout ce mana, moi?

La terre se creuse, s'éventre, ondule et coule, les arbres à proximité se transforment en poutres, s'assemblent en un clin d'oeil, les pierres jaillissent du sol meuble et s'empilent...

"Tu devrais essayer Enki, la puissance magique de ce monde est démentielle! Même toi tu pourrais faire ce que je fais!
- Merci pour le "même toi"... Pousse-toi un peu, tu es en train d'oublier les toilettes pour dames dans ton château, là... "

Et, en quelques heures, sous les yeux émerveillés de nos fidèles, nous créons un domaine, certes au goût douteux, mais qui comprend tout ce que nous aimons... Un magnifique jardin de plantes carnivores tapisse les alentours, tandis que trône au milieu de tout cela une fabrique de chaussettes qu'Enki fignole avec passion. Le fortin, où nous logerons nos serviteurs et nos invités, se construit tout aussi facilement, et, sous les précieux avis de nos adorateurs, nous créons des interfaces magiques pour diriger à distance nos royaumes respectifs.

Il y a encore pas mal à faire pour achever le bâtiment, mais, épuisés, Enki et moi nous nous écroulons, côte à côte, satisfait du travail accompli, tandis que notre peuple s'émerveille devant la divine création.

"File-moi l'hydromel.
- Tiens. Bois pas tout, j'ai soif aussi...
- *glou glou* Tu sais, je crois qu'on a fait du bon boulot...
- Je trouve aussi. Tes toilettes pour dames sont grandioses.
- Merci.
- Dommage que tu aies oublié la porte.
- Oh... Et c'est maintenant que tu me le dis??
- Ca aurait été moins marrant si je te l'avais indiqué tout de suite...
- Tsss... Je modifierai ça quand j'irai.
- Fais-moi grâce des détails.
- C'est une magnifique oeuvre, mes seigneurs! Quel spendide demeure pour accueillir notre nouvelle alliance!
- Oh... oui, c'est bien de voir vos deux peuples réunis... *glou glou*
- Et bientôt, d'autres seigneurs nous rejoindrons, et nous créerons un réseau de royaumes coalisés à travers toute la Thessalie!
- Hein? Vvvva y n'avoir encore tout plein *hips* du monde?
- Enki arrête de boire, tu commences à être saoule.
- Mmmmême pô vvrai! *hic*
- Certes, gente dame... D'autres seigneurs de Thessalie entière vont traverser les mers pour se soumettre à votre divine autorité...
- Allons bon. Va falloir créer des chambres en plus alors?
- Comment allez-vous nommer cette mythique alliance qui marquera d'un sceau inaltérable ces terres?
- Je *hoc* nage en plein délire... Delirium tremens, dizzzait mon 'pa...
- Tiens, c'est pas mal ça... Delirium Team, ça donne, non?
- Sssssi tu l'dis. Houps... Euh... vais avoir besoin des toilettes, je crois...
- Y'a pas de porte...
- Argh... Vais vomir... Veux pas... Jamais vomi... *Eûrps*
- Fidèles de la divine Enki, retournez-vous! Les autres, vous pouvez regarder... "

Ainsi naquit la Delirium Team.

(1) Image terrible s'il en est.
(2) Enfin, je dis indissociables... Façon de parler. Les torses des barbares sont quand même nettement plus poilus que ceux des nobles, qui s'épilent...

« Nan…m’en faut plus…j’tiens super. Pas d’probeme, prolbeme…
-Problème.
-Vouala….oh ! Y’a un yack !
-Oui, bien sur, sous le tapis. Il rampe.
-Oui ! Toi aussi tu le vois !
-Il est temps d’aller dormir Enki. »

C’est toujours pareil avec lui veux jamais s’amuser… pense que à …il à raison vais aller dormir.
Je me lève. Je suis a peut prés sur que le Palais de notre magnificence ce trouve par là !
Allons y compagnons ! Tout en route !
« Enki, Enki…
-voui ? …..t’sais on dirait mon père quand tu dis ça …il disait t’jours : « Enki, Enki… »
-Enki quoi ?
-Enki,C’est tout.
-Ah. Bon allez viens je t’emmène.
-Au veennnnnnnnnnnnt !
-Non au lit.
-C’est moins beau.
-Oui mais c’est plus facile. »

Or donc, voila comment je me réveille un beau matin pluvieux dans une chambre remplie de lampadaire avec le nez en sang en essayant de me rappeler pourquoi j’ai décoré cette chambre en vert. Vert pomme.

« Kaev ! »

Il doit encore dormir, vais allez le tirer des bras de Morphée avant qu’il l’achève complètement. (1)
Je me lève enfile mes chaussons à tête d’ours. Jette un denier coup d’oeil aux lampadaires
(2) et sors dans le couloir où, coup de chance suprême (3) des flèches de couleur indique le chemin à suivre pour se rendre dans toutes les pièces :
Chambre de Kaev : flèches roses.

Je réajuste ma robe et mes cheveux afin d’entreprendre la longue marche qui me permettra de…
*poc*
…d’aller dans la pièce d’a coté.

« Kaev !
*poc* (4) »
Mieux vaut être prudente…je prends la chaise qui traîne là et m’approche doucement.
« Kaev ! Debout !
-hurfr.
-Debout ! le soleil se lève ! c’est super beau on voit les rayons qui illumines la cime des arbres !
-…non mais tu peux me dire qui serais assez naze pour sortir du lit afin d’aller voir un truc pareil ?
-ben…
-toi. Oui c’est vrai. »
Je laisse tomber la chaise et vais m’asseoir sur le lit.
« Fais comme chez toi.
-ben, oui je suis chez moi.
-Rrrrrrrr.
-Pourquoi tu leve les yeux au ciel ?
-Je viens de me rendre compte là.
-Quoi ?
-On habite ensemble. »
Vieux silence qui dure.
« Mouais. Enfin c’est pour la bonne cause.
-on n’avait pas le choix.
-Certes.
-Argh.
-Je te le fais pas dire.hum...heu...tu sais pourquoi j'ai le nez en sang?.
- tu as pris une porte.
- tu m'y as aidé?
-certes.
- je me disais aussi.»

(1) Kaev pas Morphée. Vous me suivez ? C’est pas grave on continu.
(2) si vous vous posez la question fatidique du pourquoi des lampadaires faut demander à Kaev, moi je voulais des grenouilles.
(3) plutôt nécessité absolue vu le sens de l’orientation de la salamandre.
(4) ah oui, pour ceux qui ne sont pas des fans hystériques … ( oouh !) Kaev fais des bulles avec son nez quand il dort.

Je vais placer des gardes à la porte de ma chambre. Des barbares. Gros, musclés, poilus, tout ça. Le genre qui refuse à Enki l'accès à ma chambre d'un grondement animal et hostile. Ca m'évitera ce genre de désagréableté(1) au réveil.

Je soupire. Je suis le collocataire d'Enki. Je croyais qu'on m'avait déjà fait le pire, mais il faut croire que je me trompais...

"Enki tu mets du sang sur mes draps.
- C'est bien fait pour ta pomme, t'avais qu'à pas me cogner.
- Grmf.
- Et puis tu t'en fous, ils sont rouges d'abord...
- Tsss... "

Je grogne, puis me redresse contre mes oreillers et m'étire avec application. Ca fait longtemps que je n'ai pas dormi dans un vrai lit...

"Bon, à part ton excuse foireuse du soleil qui, comme tous les matins de toutes les journées que j'ai vécues au cours de mes siècles d'existence, a réussi l'exploit indicible de se lever, qu'est-ce qui t'amène?
- Je voulais te demander... On fait quoi maintenant?
- Comment ça on fait quoi?
- Ben... Comment on rentre à la maison?
- Mais on est à la maison!
- Oui d'accord, elle est super, y'a des chaussettes, de l'hydromel à volonté, et même s'il y a toi au milieu c'est quand même sympa...
- Merci.
- Mais j'aimerais bien retrouver mon plan quand même...
- Tu veux dire que tu voudrais sacrifier une vie de privilèges où un tas de serviteurs exécutent tes moindres désirs à la seconde, où tu es vénérée comme une déesse, où ta puissance magique est phénoménale, où tu peux habiter où tu veux et comme tu veux, pour retrouver ta vie de brebis noire de ta famille, avec ton père qui ne pense qu'à te rabrouer, tes pouvoirs magiques dignes d'un champignon et ta pléiade braillarde de frères et soeurs?
- Euh... Vu comme ça... Mais ils sont gentils mes frères et soeurs!
- ...ouais, si tu le dis.
- Donc tu proposes quoi? On attend et on profite? On monte l'alliance, on s'amuse, tout ça?
- Exactement.
- Bon... d'accord. Vais aller faire quelques améliorations à ma fabrique de chaussettes... Il y a un problème de montage, je crois qu'ils créent deux fois la même chaussette, une pour chaque pied... Je te demande un peu...
- C'est ça, va faire mumuse. Je vais aller voir à la bibliothèque si je peux me renseigner sur le statut de ces fameux "Anathoïs"... Ca peut être intéressant de savoir ce qu'on est. "

Et, tandis que ma maîtresse s'éloigne d'un pas guilleret, je me lève en soupirant et me dirige vers la bibliothèque aménagée par nos soins.

Après quelques minutes de recherche, je découvre un traité à propos de l'histoire de Thessalie et me plonge dedans.

Apparemment, les Anathoïs sont des dieux vivant sur terre, ayant la possiblité de diriger un peuple et d'entraîner des armées pour défendre leurs terres...

Pouvoir magique immense, gnagnagna...

...milliers sur Thessalie, gnagnagna...

...ascensions et chutes d'alliance célèbres, gnagnagna...

...

Oh.

Alors ça c'est pas cool.

"L'histoire de Thessalie, tout comme celles de toutes les autres terres de Bahagon, est réglementée par un cataclysme qui revient de manière régulière, et qui marque la fin de chaque ère. Lors de ces cataclysmes, appelés, selon les périodes et les histoires, Apocalypses, Auxo Tenebra, Avènements ou autres, les Anathoïs de Thessalie disparaissent de la carte, mis à bas par le Créateur, Chaos.

Certains Anathoïs survivent et reconstruisent, l'ère suivante, leur royaume, parfois avec d'autres peuples. Mais la plupart des Anathoïs disparaissent, et leurs âmes sont réutilisées pour façonner de nouveaux Anathoïs, qui règneront alors sur Thessalie pour une ère.

Une ère est différemment perçue selon les Anathoïs et les cultures, mais les experts s'accordent à penser qu'elle dure entre quelques mois et un peu plus d'une année solaire. Quelques singularités temporelles permettent que des Anathoïs vieillissent, aient des enfants qui ont le temps de grandir, passer des années en études ou en prières ou autres...

La Cinquième Ere de Thessalie vient de commencer... "

Fabuleux. Le but va donc être de nous extraire de cet endroit avant que nos âmes ne soient fractionnées en parcelles infinitésimales, pour constituer d'autres Anathoïs que nous...Ben on n'est pas sortis des ronces.

J'attrape le bouquin et me rue vers la fabrique de chaussettes. On a encore du boulot...
_____________
(1) C'est peut-être un mot inventé, n'empêche que je suis un dieu alors je fais ce que je veux.

« Ça veux dire qu’on vieillit plus vite ici ?
-Quoi ?
-Ben oui tu viens de dire que pendant ce temps là, pendant l’ère, les Anathois peuvent avoir des enfants et tout…alors je me demande si on va vieillir plus vite…toi tu t’en fout mais moi je suis sure que j’ai déjà raté au moins deux anniversaires avec touts ces voyages inter plans.
-Je vois…je vais attendre un peu que tu percutes… »

Que je percutes quoi ?
Et voila j’ai oublié le sort !
Il doit croire que ça se fait tout seul la fabrication des chaussettes…
Remarquez il s’en fout il en met pas… je devrait peut être essayer de lui en fabriquer une paire…
« execution chaussutum heu… 78 ! »
Ah ah ! Noires et blanches ça va lui plaire…
Je m’avance vers lui…
« Tiens c’est pour toi, ça te fera oublier le fait qu’on va finir en petit bout dans cet univers…
-oui, je suis pas sur que ça me console, loin de là mais bon…
- oh.
-Ah ça y est.
-Oh oh.
-Oui.
-On va mourir ici.
-Ben disons que c’est bien parti… surtout si on met autant de temps que toi à réagir.
-Je ne veux pas mourir ici moi ! j’ai encore plein de trucs à faire ! je vais…heu…je vais… »
Réflexion intense : personne ne m’attends…mes projet pour les 20 prochaines années se limites à essayer de survivre ou tout du moins à mourir tranquille et surement pas dans une apocalypse qui fera que mon dernier soupir sera noyé dans les cris horribles de mes serviteurs en feu et de Kaev qui me dira que c’est de ma faute…
« Kaev…
-ouais ?
-les chaussettes ça se met pas comme ça.
-Comment alors ?
-Ben disons …ça se met au pieds.
-Non mais ça je sais mais elles sont trop petites. »
Détourner le regard c’est sans doute la meilleure solution.
« Kaev.
-ouais ?
-je veux pas mourir ici.
-Je me doute.
-On fait quoi alors ?
-Je sais pas encore.
-Kaev.
-Oui ?
-Sors nous de là.
-tu ne manques pas d’air !
-non ça va. »
Je le regarde avec des yeux de chiens battus (1) …je sais je perd mon temps il a la sensibilité d’un bûche.
« Tu as quelque choses dans l’œil ?je peux l’arracher si tu me demande. »
Je renonce.

Je me lève et me dirige d’un pas ferme et décidé (2) vers la bibliothèque.
Je veux pas crever dans cette inhumanité …(3)

(1) enfin je fais ce que je peux. C’est pour ça je met au pluriel ça accentue le truc. Non ?
(2) avant que je rencontre cette foutue bobine qui me fait mouliner des bras sur quelques mètres et qui gâche un peu l’effet du pas décidé.
(3) vous connaissez la suite…

Je soupire et achève de transpercer mes nouvelles chaussettes de mes griffes, pour m'en faire de confortables mitaines (1). Puis je ramasse le livre qu'Enki a fait tomber et la suis dans la bibliothèque, où je range soigneusement l'ouvrage.

Enki, hystérique, feuillette violemment les grimoires à la recherche d'une quelconque solution.

"Y'a rien! Y'a rien nulle part! Kaev on va mouriiir!
- Panique pas.
- Tu trouves qu'il y a des raisons de garder son calme toi? On va être fractionnés en petits tas de rien du tout, et tu veux que je ne panique pas?
- Relaxe-toi, je te dis... "

Et, ni une ni deux, je la saisis par les épaules et la masse doucement (2). Au bout de quelques minutes, elle finit par comprendre que mon but premier n'est pas de réduire ses omoplates en miettes, mais bel et bien de la détendre, et elle commence à relâcher ses muscles surtendus.

"Tu masses pas mal pour une grosse brute.
- Merci de ce royal compliment, maîtresse...
- Tu es obligé d'adopter ce ton ironique quand tu m'appelles maîtresse?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Bon... Donc, on fait quoi? ...eh t'arrêtes pas, continue de me masser comme ça!
- Non, c'est bon, tu es détendue là.
- Allez-euh Kaev, masse-moi!
- Nan.
- Ordre direct!
- Esclavagiste.
- Voilà, c'est mieux... Aaaah... Euh... Alors, pourquoi je dois rester calme?
- Parce qu'on a encore un peu de temps devant nous. Entre quelques mois et un an, a dit le bouquin.
- Et alors?
- Alors entretemps on a encore l'occasion de rechercher d'autres Anathoïs, et vu le pouvoir qu'on a sur ce monde, avec une douzaine d'autres comme nous, chacun ayant suffisemment de puissance magique, on aurait peut-être une chance de nous renvoyer directement chez nous.
- Super! Ils sont où, les autres Anathoïs?
- Le livre dit que l'Ere commence à peine, et qu'en début d'ère, les pouvoirs des Anathoïs étaient très faibles. Il va falloir attendre que le temps passe encore un peu, pour réunir des Anathoïs habiles capables de nous aider.
- Ah. Comment on fait?
- Je sais pas, on les invite à prendre l'apéro, ils restent pour dîner et finalement on se rappelle pour l'Apocalypse?
- Vraiment?
- Oh mon dieu, tu es d'une naïveté... Il faut rencontrer ces Anathoïs, les inviter dans notre alliance, les côtoyer, combattre à leurs côtés, tous ces trucs idiots mais qui rendent les amitiés plus solennelles... Et à la fin, on leur demande de nous aider à nous éjecter de ce monde de malades.
- Et on leur donne quoi en échange?
- J'en sais rien moi... Disons, l'insigne honneur de notre divine compagnie?
- La tête de l'honneur...
- Je te rappelle charitablement que mes mains sont de part et d'autre de ton cou, et qu'un faux mouvement aurait vite faire de te briser la nuque par un regrettable accident...
- Arrête immédiatement de me masser.
- Victoire. "

Je m'éloigne d'elle et m'étire. Elle a l'air un poil plus rassuré par mes paroles, mais je me demande combien de temps ça tiendra... Elle a les nerfs à peu près aussi solides qu'un hippopotame de cristal, faudrait pas qu'un quelconque psychopathe entre dans l'alliance...

En même temps, vu le nom, ça m'a l'air plutôt mal parti... Tant mieux, on s'amusera plus.

"Je vais aller créer quelques autres bâtiments, puis j'irai donner des ordres à mon royaume... Si tu as besoin de moi, demande à un barbare de me trouver... "

Et, laissant ma maîtresse parmi un gigantesque amas de parchemins et d'incunables, je pars en sifflotant vers les jardins. Je me demande si une coupole serait d'un bel effet sur une tour baroque...

______________
(1) Je ne veux même pas chercher à savoir où vous avez pu imaginer que j'allais mettre ces chaussettes.
(2) TRES doucement, en fait. Doucement seulement, ça veut dire qu'elle finit paraplégique.

Je m’extrais difficilement de l’amas poussière qui caractérise tout bonne bibliothèque qui se respecte.
Quoique je doute qu’une bibliothèque respecte quoique ça soit…à part les livres…et encore…les étagères peut être ? Enfin bref.

Je me retrouve dans le couloir à suivre les flèches dorés « salle des trônes ».

Une invention de Kaev pour satisfaire son coté mégalomane.

Le dite salle est grande. Elle résonne. Elle a un tapis rouge, un grand trône à coté d’un pot de chambre. (1) ,des vitraux super hauts sur les murs qui donnent une lumiére glauque qui fais apparaître la poussière qui vole. (2)
Elle sent la poule moisie… La salle pas la poussière.
Et bien sur (3) elle (4) est fermé par de grandes portes en bois qui grincent gardées par les gardes les plus incompétents qui soient : des narcoleptique invétérés.

J’entre dans la salle d’un pas normal (5).
Me pose lamentablement sur le trône (6) en me détruisant le coude sur le repose bras.

« Maîtresse adulée ?
-ouais ? Heu…je veux dire…oui mon brâve ? (7)
-permettez moi de vous introduire…
-rien du tout !!! non mais dites donc !!!
-…Sir Samuel.
-Oh. Heu…alors d’accord. Faites le entrer. »

Je regarde l’endimancher 1 faire entrer l’endimancher 2.

«Ô déesse ultime ! Reine des étoiles du nord ! ( 8 ) Sauveuse de…
-oui, je sais tout ça vous pouvez abréger.
-C’est avant tout pour m’incliner devant vous et votre infinie bonté que je suis là…
-Je n’en doute pas… et après c’est pour quoi ?
-Ô gloire ! grande et votre intuition c’est…
-Je vais te casser un genou. (9)
-…c’est pour ça que je vais faire vite. Je viens mettre mon épée à votre service !
-c’est bien.
-Mais…je n’ai hélas pas d’épée, j’ai abandonné la mienne…après…enfin…pour cela il me faut une épée.
*clac poc*
- une grosse.
*clac bong*
- en acier pas en bois…
*clac cling*
- magique.
*clac zoong*
- bonus plus 5 en charisme.
*clac cheesetink*
- avec des rubis ?
- abuse pas.
- ô grande est votre mansuétude !
- certes.
- ô grande est votre abnégation !
- ça n’a rien à voir la dedans !
- je sais, mais je trouvais que ça faisait bien comme mot.
- certes. Continu.
- c’est tout.
- ah. Alors va et que…ma grandeur guide tes pas. Que ton bras…
- heu… dispense votre gloire ?
- c’est pas mal oui. Tu as des trucs a faire dans les prochains mois ?
- …non.
- alors je te fais grâce d’une mission !
- chouette ! Tuer un dragon ? Massacrer des sorcières ? Anéantir les salamandres !
- oh…non. Pas touche aux salamandres. C’est pour ton bien. Tu vas t’en aller quérir des Anathoïs qui se joindrons à la delirium team !
- d’accord ! je peux tuer en y allant ?
- heu…oui mais pas trop alors.
- je serais digne de cette quête madame !
- alors va !... oh au fait c'est quoi ton petit nom?
- william! ô...
-magicienne supréme.
- ...ô magicienne supréme!adulée.

Et hop le mec sort en courrant.
Je jubile.
J’ai réussis à faire faire quelque chose à quelqu’un !!!!
et j'ai un champion!!!

(1) humour kaevien en se qui concerne ma capacité à diriger.
(2) vous me suivez ?
(3) faut suivre les clichés.
(4) toujours la salle…
(5) non pas un pas décidé, ni mou…juste un pas. A mort les clichés.
(6) le grand.
(7) l’accent c’est pour faire l’accent mais ça marche moyen je vous l’accorde.
(8 ) pourquoi que du nord …je vous le demande.
(9) simple menace vu le gabarit du mec.

Je sors de la cuisine, tentant vainement de retirer ce bout de viande de mes crocs. Ca m'apprendra à être trop impatient et à manger les steaks crus, tiens... Ah, ça m'agace d'avoir un truc dans les dents...

Allons bon... qui est l'andouille qui m'a foutu des portes devant une pièce? En plus c'est une salle importante, c'est celle avec mon fauteuil et tout... Bon, il est temps de corriger l'architecture du lieu afin de le rendre plus habitable...

Je transforme d'un geste les deux battants en un tas de copeaux épars et savoure le fait d'entrer dans un endroit important sans avoir besoin de pousser de lourds bouts de bois. Un type avec une épée me fonce dessus, décale légèrement sa route et continue à courir...

Sauf qu'il pédale dans la semoule, étant donné que je l'ai chopé par le col. Il met bien cinq secondes avant de comprendre que ses pieds ne touchent plus le sol, puis tourne un regard enflammé vers moi.

"Lâche-moi immédiatement, vil démon, ou je t'embroche sur l'heure pour la gloire d'Enki la Perle du Nord! "

Qu'est-ce que c'est encore que ce délire? Je me tourne vers Enki, qui se fait toute petite sur le trône.

"C'est à toi?
- Euh... oui. Tu peux le lâcher?
- Pourquoi il a une épée?
- Il me l'a demandée... Il l'a mise à mon service, il est cool...
- Je vois. Dis-moi, machin...
- Samuel.
- Machin. Il est sympa ton cure-dents... Tu me le prêtes? J'ai un bout de viande de ce midi qui veut pas sortir...
- Jamais, bête immonde! Jamais je ne mettrais ma lame, symbole de ma dévotion envers la divine Enki, entre les pattes griffues d'un démon malfaisant, qui...
- Ai-je oublié de préciser qu'un refus entraînerait une mort lente et douloureuse?
- Oh... euh... tenez.
- Ah bravo, bonjour la dévotion!
- Au moins il reste en vie, sois heureuse. Merci machin. "

J'éjecte le morceau de viande récalcitrant et rend l'arme au petit chevalier, avant de le reposer au sol.

"Allez, va t'amuser avec ton nouveau jouet... Et te coupe pas! Tu viendras pas pleurer après! "

Le chevalier file vitesse grand V vers l'aventure. Ah ces jeunes...

Je me rapproche d'Enki et m'arrête devant elle, en la dévisageant pensivement.

"Quoi encore?
- Non rien... je me demandais...
- Quoi?
- Je me demandais quel serait le moyen le plus violent et efficace pour te virer de MON trône et te rappeler que tu n'as pas à poser tes charmantes fesses dessus.
- Tu trouves mes fesses charmantes?
- Rêve pas, c'est une façon de parler.
- N'empêche que tu les as regardées.
- Problème de convergence oculaire, mes yeux vont toujours là où je veux pas. (1)
- On dit ça...
- Arrête de sourire.
- Mouahaha.
- Et descend de ce trône ou je t'arrache...
- Les fesses?
- Me donne pas d'idée va...
- Ok, je descends... Mais t'abuses, quand même! T'étais obligé de me refiler un pot de chambre?
- Si ça te plaît pas tu peux le changer.
- Merci.
- Y' a un modèle jaune citron avec une maison dessus, ou un bleu en faïence qui...
- Tsss... "

Elle secoue la tête et transforme son trône en un trône. (2) Un truc plein de coussin et de paillettes, du dernier hideux, puis s'avachit dessus.

"Tu sais, tu m'as donné une idée... Toi, là, dis-je à l'un des endormis de la porte, va me chercher un barbare. Un gros. "

Le garde court dans les couloirs, dérape (3), s'emplafonne une statue de moi, puis s'engouffre dans le quartier des gardes.

Deux minutes plus tard, une sorte de... mastodonte, un truc aussi poilu, grand, lourd, fort et puant qu'un ours des cavernes, et sûrement à l'intellect aussi développé, se présente devant moi.

"Shaalgardt pour te servir, ô Kaev, grand lézard du chaos, notre dieu à tous, mille fois sanctifié soit son très saint nom et que ses écailles reluisent à jamais.
- T'as vu comme je les ai bien dressés?
- Les miens m'appellent étoile du Nord...
- Pas mal aussi. Mais... pourquoi que du Nord?
- Tais-toi.
- Donc, je disais... Shaalgardt, toi qui est un grand guerrier, fidèle, fort, viril, tout ça... Que dirais-tu d'aller convertir les infidèles en mon saint nom?
- D'accord, répond simplement le barbare. Je peux leur taper dessus?
- Oui, c'est le but d'une évangélisation... Taper sur les gens jusqu'à ce qu'ils signent. Tu vas aller porter la bonne parole et annoncer que la Delirium Team recrute... Donne-moi ta hache, que je la bénisse.
- Tiens, puissant Kaev.
- Merci. "

Et je transforme la hache rudimentaire en pierre et bois en un monstrueux outil de destruction en acier trempé gravé de runes magiques qui empêchent les blessures de cicatriser, des barbelures, des pointes, une chaîne pour la porter dans le dos et une fonction parapluie. Je tend l'arme à mon champion, qui sautille de joie comme un gamin, et file sans demander son reste tester son nouvel outil sacré de missionnaire religieux sur le crâne de quelques infidèles.

"Il faut toujours que tu en fasses trop... Il faut absolument que tu fasses mieux que moi, hein?
- Bien sur. J'ai une réputation à tenir, tu sais...
- Tssss... "

(1) Authentique en HRP aussi. D'ailleurs, ils vont surtout là où Enki veut pas... En particulier vers une jupe anecdotique dont elle me rebat les oreilles depuis un certain temps...
(2) Dans un langage soutenu c'est le même mot.
(3) C'est pas moi qui ait décidé des parquets cirés...

N’empêche que c’est moi qui ais eu l’idée !
Bon l’épée +5 en charisme c’est sur, il va pas aller loin avec…mais bon.

*clac*
Et un repose pied un !

« Tu as dis à ton barbare que s’il rencontre Wil il lui foute pas un coup de hache ?
-non.
- bravo.
- ça lui fera les pieds.
- ça lui démontera la tête plutôt.
- aussi, oui.»

*clac*
Et deux repose pied…
« Il n’est pas plus beau que le miens ! Na ! »
*clac*
« C’est quoi ces horreurs ?
-des têtes de mort.
-C’est censé être de la décoration ?
-Ça dépend pour qui. »
Ce petit jeu ne fais que commencer je le sens.

« Tiens j’ai pensé à un truc...
-oh ? ça arrive ça ?
-tssss…bref… on pourrait investir dans une fontaine, tu sais comme l’elfe dans son bois ! Comme ça on verrait on est mon champion et ta…brute.
-Ouais.
-Dés que ça viens pas de toi c’est pas bien c’est ça ?
-Non…c’est: dés que ça viens de toi ça va pas.
-Nyanyanya. »

*clac*
« C’est quoi les trucs autour ?
-des pâquerettes.
-c’est affreusement ...toi.
-je prends ça bien.
-tu ne devrais pas. »

Je soupire et me penche sur la super fontaine made in Enki avec toutes les options intégrées.
S’il fait mieux que ça…je….je…je fais rien. Je prends pas de risques.

Initialisation en cours. Veuillez patienter.

« C’est un peu long.
-ça te donne une occase de râler. »

Bonjour Enki !.... salut kaev.

« Je l’aime bien cette fontaine ! Oh regarde le voila ! »
Je regarde William qui zigzag à travers la foret.

« Il est cool.
-c’est un point de vu. A moi !
-la casse pas !
-pour qui tu me prends ?
-pour toi.
-Merci.
-Ca n’était pas un compliment.
-Ça dépend pour qui. Ah ! le voila. »

Je me penche pour regarder le barbare abattre les arbres qui lui barrent la route.
C’est bien un disciple de Kaev ça.
Je jette un coup d’œil vers lui. Il jubile, limite les larmes aux yeux devant ce spectacle.

« Tu vas le demander en mariage ?
-quoi ?
-non je demande parce que tu le dévores des yeux là…
-Enki.
-Un peu comme le nain dans la forêt.(1) Interdictiondemetoucherc’estunordredirect !!! »
Sa tête se tord, il grogne et soupire :
« Enki.
-Oui ?
-Cours. »

Je le regarde…
Je sais, je sais, je vais sans doute me prendre une porte dans peu de temps. Mais ça valait le coup.

(1) http://rpfantasy.forumactif.com/ftopic163.La-Terre-des-Mille-Lieues.htm l’histoire au kaev craque sur le nain. Tu râles bouchon ? génial !

Elle apprend vite… Elle bondit vers la porte et glisse sur le bois ciré, avec une agilité surprenante compte tenu de son gabarit (et de sa capacité à la limite du légendaire de se casser la gueule sur n’importe quel substrat). Je la poursuis, bien sur, après avoir pris soin de mettre la fontaine de surveillance en mode veille (1).

Nous cavalons donc gaiement dans les couloirs glissants, ce qui est une façon de parler car nous devons bien nous prendre dans nos dérapages plus ou moins contrôlés une douzaine de meubles, murs ou statues chacun, elle tentant d’esquiver mes boules de feu et de récupérer assez de souffle pour me donner un contrordre direct, moi faisant voler indistinctement les serviteurs barbares et nobles qui encombrent mon passage. Nous sommes bientôt imités par nos serviteurs, qui ont l’air de trouver très marrant de se rétamer la gueule à intervalle régulier.

« Faudrait leur faire mettre… des patins… les femmes de ménage… vont râler…
- Garde ton souffle. »

*clac*
Ma maîtresse fait apparaître des patins sous les pieds de nos fidèles, qui ont l’air de trouver ça encore plus rigolo. Ca glisse encore plus.

« Tu trouves pas… que le plancher… on dirait de la glace ?
- Si. Arrête de parler, je te rattrape…
- Je voulais juste… te faire remarquer… que je viens de réinventer le patin à glace…
- Enki ?
- Oui ?
- Cours encore plus vite. »

Après une dizaine de minutes de course dans les couloirs du palais, je finis, bien sur, par mettre le grappin sur ma maîtresse, qui ahane tandis que je la soulève du sol.

« Kaev… pas toucher… ordre direct…
- D’accord. »

Et de la balancer contre un mur. Un craquement écœurant que je connais fort bien retentit, et les mots qui l’accompagnent toujours résonnent :

« Du b’a engore gassé le dez ! D’abuses ! »

Petite nature va… Elle devrait avoir l’habitude maintenant en plus, ça doit être la quatrième fois que je lui éclate les naseaux…

« Claque des doigts.
- Hein ?
- Claque des doigts. Tu es une déesse, tu te souviens ? Tu as ce pouvoir… Et surtout, bouge-toi de le faire, avant que tes adorateurs ne te voient en sang. Une déesse qui saigne du nez c’est pas sérieux. Et puis d’ici que tes crétins de nobles ne me déclarent la guerre pour avoir osé toucher leur précieuse déesse…
- Du bériderais gue je les laisse faire !
- Dis pas n’importe quoi, après tu n’aurais plus d’adorateurs du tout. Ou alors il faudra te tourner vers la nécromancie.
- Pas faux.
- Tu vois, je pense à ton bien…
- Abuse pas.
- Claque des doigts.
- Vi. »

*Clac*
Le flot de sang se tarit, le nez reprend sa forme normale (2) et Enki me foudroie du regard.

« T’es vraiment le pire compagnon que j’aie jamais eu…
- Ah, tu as eu beaucoup de compagnons avant ?
- Ben… euh… c’est pas la question !
- Mouahahaha.
- Et je suis sur que tu as laissé la fontaine connectée !
- Je l’ai mise en veille.
- Et tu as fermé la connexion au réseau mystique de vision ?
- Gné ? Euh… non.
- Rhaaa ! J’ai pas activé le Mur de Feu (3), je vais avoir un têtard (4), c’est sur ! C’est malin ! »

Et de se diriger, hors d’elle, vers la salle des trônes. Ca sent la vieille excuse pour esquiver ma compagnie… (5)

___________________
(1) Après ça consomme plein d’énergie et on doit changer l’eau, y’a des nénuphars qui brouillent la vision.
(2) Si tant est qu’on puisse considérer la forme nasale d’Enki comme normale… tu râles ma chérie ? Tant mieux.
(3) Système de protection des fontaines, qui enflamme un cercle autour pour empêcher toute intrusion non voulue.
(4) C’est comme les virus, mais pour les fontaines.
(5) Elle en a plein des excuses comme ça. HRP aussi.

J’arrive essoufflée devant feue les portes de la salle des trônes.
Kaev à l’art de casser les clichés (1).
J’enjambe les copeaux de bois et me dirige vers la fontaine.

Il m’a fait courir le bougre mais c’était marrant …Sauf pour mon nez.
C’est bien la première fois que je m’éclate autant avec Kaev.
Je devrais peut-être m’inquiéter.

Je me penche sur la fontaine.
« demarrer.
*brrrrrrrrrrrrr poc*
Détection têtards.
*zzzzzzzcrrrrrrzzzzzzz* (2)
Vous avez potentiellement trois avenirs contaminés… voulez vous les supprimer ?
Non laisse tomber on verra bien.
Ok.
Active mur de feu.
*frouf* »

Elle est quand même belle cette salle, c’est dingue ce qu’on peut faire avec de la magie.
Je suis bien là ! Faut éviter de penser qu’on va mourir dans d’atroces souffrances c’est tout…
Ahh…
Je regarde vers les hautes fenêtres, le soleil couchant disperse alentour ses doux rayons rapelant au commun des mortels que…
« ENKI ! »
… que Kaev est un chieur.
« ENKI HEU !
-oui ?
-JE SAIS QUE C’EST TOI !
-quoi ?
-HEIN ?
-Tu dis quoi ?
-QUOI ?
-De quoi tu parles ?
-DE QUOI ?
Y’a comme un écho.
-T’es où ?
-ENKI ! »
Bon sang le dialogue de sourds.

Je me lève et me dirige d’un pas traînant vers le couloir.
« T’arrête pas de crier je vais te localiser…
-JE TE HAIS !
-Je sais.
-RHHHHHHHHHAAAAAAA ! »
A droite… trallalala.
« ENKI MAGNE TOI ! »
A gauche…
« J’AURAIS DU TE LAISSER CHEZ TON PERE !
-je te le fait pas dire… d’un autre coté tu as pas eu le choix. »

Un peu grande cette baraque quand même.
Je descend l’escalier de...je sais pas où il descend d’ailleurs.
J’arrive derrière Kaev qui beugle tel le possédé moyen.

« Te voila !
-certes.
-Quand même !
-Soit. Je te serais gré d’arrêter de me hurler dessus alors que j’ai la condescendance de venir te chercher car tu es même pas foutu capable de suivre des flèches !
-Tu as changé la couleur !
-J’ai autre chose à faire ! tu cherchais quoi ?
-La cave !
-C’est les flèches rouge ça… »

Je me retourne pour regarder la flèche qui orne le mur de ces deux pieds de haut et qui est d’un rose fluo difficilement imaginable.
« Ouais… tu confonds le rouge et le rose en fait.(3) »

Je jette un vague coup d’œil à la pièce. Une pièce étrange. Pas de ma superbe création ça c’est sur.

(1) pareil HRP …faut le voir s’attaquer à Lancelot.
(2) c’est pas réaliste comme bruit ?
(3) basé sur une histoire réelle. Vas y râle !

-On est où là?
- Honnêtement je ne suis pas sur que tu aies envie de le savoir...
- Dis-le moi quand même.
- Je te suggère d'oublier cette pièce, sinon tu vas encore te mettre en colère.
- Dis-moi!
- OK... C'est... disons... ma salle de jeux.
- Oh... Tu as des jeux étranges... C'est normal qu'il y ait des pinces et des marteaux dans ta salle de jeux? Tu fais du bricolage en fait? Ca c'est cool, parce qu'en fait, y'a mon volet qui grince un peu, et...
- Non, ce n'est pas pour faire du bricolage.
- Oh. Et ça, c'est quoi?
- Quoi donc?
- Ben tous ces outils... C'est des couteaux? On dirait le matériel de dissection de mon ancienne école de magie... Tu t'intéresses à la biologie?
- ...on peut dire ça.
- Et les crochets aux murs, c'est pour pendre des tableaux? Ils sont un peu gros tu sais...
- Laisse-les comme ça.
- Il fait chaud ici... pourquoi il y a tant de braseros avec des tisons dedans? Tu prépares un sauna en fait, c'est ça? C'est une surprise pour mon anniversaire?
- Rêve pas... Encore que, ça me plaîrait bien te t'avoir à ma disposition une heure dans cette salle...
- Et les Elfes, là, ils servent à quoi? Pourquoi ils sont attachés? Et pourquoi les grands types en cagoule leur tapent dessus? Et... mais...
- Attention les yeux, voilà l'éclair de génie...
- Mais c'est une salle de torture!!Kaev! Tu as créé une salle de torture dans MON palais!
- Notre palais. Et je n'ai pas râlé en découvrant ta salle de bain avec des essences, des perles, des bougies et toutes ces saloperies, alors tu ne touches pas à ma divine création tu seras gentille.
- Mais... Mais tu tortures des gens!
- C'est le principe même de la torture. Tu devrais sortir de cette salle, la suite ne va pas te plaire. C'est le moment où l'on insère ces crochets barbelés, là, dans le...
- Je sors.
- Sage décision. "

Je referme la porte derrière nous, tandis qu'elle tente de reprendre son souffle. Avant qu'elle ne puisse commencer à mettre en marche ses rares neurones de protectrice des gentils Elfes de boisjoli, je la prends par la main et l'emmène vers la cave.

"Pourquoi tu veux aller à la cave?
- Pour te faire une surprise.
- J'ai pas confiance.
- M'étonne pas. Mais pour une fois ça va te plaire.
- Tu as installé une salle de sacrifice de salamandres dans la cave?
- Non, désolé de te décevoir.
- Je m'y attendais de toutes façons. "

Je suis les flèches rouges, qui ressemblent par ailleurs à s'y méprendre aux flèches roses , et finis par atterrir devant la porte de la cave, que je contemple avec ravissement. Enki me dévisage.

"Tu es capable de rester devant une porte sans avoir envie de la démolir? C'est ça ta surprise?
- Non. Regarde. "

Je tourne la poignée, et dévoile aux yeux globuleux de ma maîtresse une gigantesque collection de bouteilles d'hydromel, notre cave particulière.

"WAAAA! Kaev c'est super! C'est la première fois que ça me fait plaisir que tu me montres un nouveau truc!
- C'est pas aussi marrant que tu peux croire. Enfin, par pour toi. Moi je vais bien m'amuser... Tiens, essaye d'ouvrir la porte, toi... "

Je referme le panneau de bois sèchement, puis laisse Enki manipuler la poignée. Elle ouvre la porte sans problème notable, mais son sourire triomphant se fige sur son visage. Car sur les étagères ne se trouve qu'une unique bouteille d'hydromel.

"Mais... Il y en avait plein il y a dix secondes!
- Porte à reconnaissance magique, ricané-je en tapotant le panneau de bois. Indestructible, incorruptible, et qui ne te permet de consommer qu'une seule bouteille par semaine, pour éviter de passer pour une buse devant tes adorateurs dès que tu avales un dé à coudre d'alcool.
- C'est mesquin!
- Certes, mais c'est pour ton bien. "

D'un pas décidé, elle va se saisir de sa bouteille et, vexée, me passe devant sans lever les yeux sur moi. Elle va sûrement aller se venger sur sa bouteille solitaire. J'exulte.

Je me dirige d'un pas nonchalant vers la salle des trônes, quand un barbare se plante devant moi et s'incline.

"Tu veux quoi?
- Ô suprême Kaev, grand maître de...
- Je suis pas d'humeur, accouche.
- Euh... Les premières candidatures sont arrivées, puissant Kaev. La divine Enki, loué soit son très saint nom, est déjà en train de les examiner...
- Quoi?
- Elle examine les...
- Non ça j'ai compris, c'est étonnant qu'elle bosse mais j'ai compris... Avant, tu as dit quoi?
- Euh... Oh... euh... les candidatures sont arrivées...
- Entre les deux.
- Euh... Regrettable lapsus, j'ai voulu dire la plaie purulente, l'aiguille au bout du pied de notre saint maître, que mille fois soit vomi son nom maudit, la pathétique Enki...
- Mieux. Je ne te crâmerai pas pour l'éternité dans les tourments de l'agonie.
- Merci puissant Kaev.
- Seulement jusqu'à la fin de l'ère. Brûle. "

*FRSSSSHHHHH*
AAAAAAAAAAaaaaaaaaaaAAAAAAAAaaaaaaaHHHHHHHHH!!

Je saisis ma nouvelle lampe de bureau par le bras, lui intègre une fonction silencieuse (1) et l'emmène dans la salle du trône. La nuit tombe, j'ai besoin de lumière pour étudier ces nouvelles demandes...

__________
(1) Je lui calcine la langue et les cordes vocales.

Une salle de torture, une cave d’hydromel… non mais comme il abuse !
Manque plus que la salle close.
J’ai un doute. Oh par tous les dieux j’espère qu’il n’a pas fait ça…
Remarquez avec les goûts qu’il a en matière de fille… (1)

Je me dirige d’un pas traînant vers ma chambre.
Je sens que je vais encore noyer ma détresse dans les limbes de l’alcool.
Je passe ce qui sert de « pas de porte »(2) pour me jeter sur le lit qui sous le poids laisse échapper un couinement digne de la souris psychopathe.

Eh c’est marrant !

On n’avait pas le droit de faire ça quand j’étais gosse ! Soit disant que ç’est dangereux, que ça abîme le lit, que ça fait des bruits étranges et que le voisin vont encore râler.
*chtonk couiiiiiic* (4)
Je vois pas pourquoi. Les parents interdissent toujours des trucs super.

Je pose la bouteille sur le bureau et prend une missive de Wil fraîchement arriver ce matin par un pigeon borgne claudiquant. (5)
Je resaute sur le lit en manquant de me rétamer le nez contre le parquet.
*chonk couiiiiic*
« Voyons ça…Moi Sir William Samuel chevalier champion de….blablabla…nyanya… la missive de …blabla…ah voila !
Slt DS j’sui 1 éro j’voudré fer parti 2 la DT kar j’suis 5glé et ke g pa dami … »
Houlà… Je ne sais pas où Wil à été le chercher celui là, mais faut que je pense à lui dire de ne pas aller si loin, je suis nulle en langue. (6)
*chtonk couiiic*
Bon on tente une deuxième...je dis ça d’un autre coté y’en a que deux…alors.
« Jeux suie à ta noix ai jeux voue adret se mes plue cinq serres sale ut à Sion jeux vous de raie fer part y deux veaux …. »
*chtonk couiiiiic*
…
Je capte rien !
Faudra que je demande à Kaev il a sans doute apprit à comprendre les formes particulière de langage.
*chtonk couiiiiiic*

« ENKIIIIIII ! »
« ouaip ? »
« On t’a jamais dit que c’était dangereux de sauter sur le lit ?! »
« Si ! On m’a dit aussi d’éviter des fréquenter les salamandres névrosés ! Mais l’éducation c’est fait pour être contesté ! »
…
non?

(1) je sais, je sais…tu vas me clouer au mur pour cette remarque.
(2) j’avoue c’est un sale jeu de mot… si vous avez des suggestion il vous reste le MP. (3)
(3) ceci n’est pas une tentative désespérée de me faire des potes.
(4) oui, je fais super bien le lit qui couine.
(5) …et pourquoi pas ?
(6) le premier qui à l’esprit tordu pour voir un double sens à cette phrase je lui casse un genou.

Mais c'est pas vrai, je vais quand même pas devoir jouer le rôle de son père non?

Remarque je fais son éducation, je représente l'autorité, je la tape et je suis plus grand qu'elle... C'est quand même bien parti. Si ça se trouve je vais finir par en faire quelqu'un de potable (1).

"Enki-o-shaolante! Ca suffit ce cirque, descend immédiatement de ce lit avant de te blesser!
- Tu parles comme mon père! Et m'appelle pas par mon prénom je t'ai dit, j'aime pas ça!
- Ca suffit cette impertinence, jeune fille! Tu vas apprendre à ne pas me répondre!
- Non mais ça va pas non? Pour qui tu te prends?
- ENKI-O-SHAOLANTE MAY'ESA! OBEIS! "

Enki, propulsée dans les airs par un nouveau bond sur son lit qui grince d'une manière inquiétante, blanchit soudain en plein vol, son visage se fane et atterit lourdement sur le matelas maltraité.

Et c'est évidemment le moment que choisit le meuble éprouvé pour s'effondrer sous ce dernier choc.

*CRAAAAAAC*

"Aïeuh! Ca fait mal! Et mon lit est tout cassé!
- Ca y est, tu as compris pourquoi c'est dangereux, maintenant? grommelai-je en réparant le lit d'un claquement de doigts.
- Euh... ouais. Mais c'est marrant!
- Si tu continues j'intègre un régulateur de gravité au-dessus de ton lit.
- C'est quoi?
- Un sortilège qui te forcera à rester collée à son matelas dès que tu toucheras ce lit.
- T'abuses. Et d'abord, comment tu connais mon nom de famille? Je te l'ai jamais dit.
- J'ai regardé ta carte d'étudiant.
- Quoi? Mais c'est une intrusion dans ma vie privée! C'est dégueulasse! C'est...
- Tu te calmes, jeune fille. C'est pour ton bien.
- Tu violes mon intimité!
- Pas fou non??
- Non... Pas dans ce sens là. (2) Tu vas chercher des trucs que je suis la seule à savoir!
- Ah, ok... Ouais, si tu le dis.
- T'es vraiment...
- Ah au fait, elle est pas mal ta photo sur ta carte... Ca me rappelle un peu le chien de ton oncle...
- Rhaaaa!! Dégage de ma chambre!
- Parle mieux ou je t'en mets une!
- C'est ça, tout de suite la violence! C'est l'arme des faibles!
- Tu me trouves faible?
- Euh... A la réflexion... Mais même!
- Arrête de dire n'importe quoi. Bon, tu as fait tes devoirs?
- ...ouais. C'est des nazes, je comprends rien à ce qu'ils racontent.
- M'étonne pas. Moi j'ai aussi quelques résultats, je t'en parlerai à table, le dîner est près.
- 'Pas faim.
- Tu viens manger.
- 'Pas faim j'ai dit.
- Je sais pertinement ce que tu as dit, jeune fille. Mais tant que tu vivras sous MON toit, tu feras ce que je dis!
- Ok! Alors je vais vivre à la fabrique de chaussettes!
- C'est ça, et je donnerai l'ordre aux plantes carnivores qui l'entourent de plus t'en laisser sortir, tu seras heureuse comme ça.
- T'es méchant! De toutes façons personne ne m'aimeuh! Personne ne me comprend!
- C'est exactement ça. "

Elle me regarde avec des yeux mouillés, puis fait volte-face et s'enfuit dans les couloirs. Je me demande si j'ai pas été un poil trop sec... Je soupire et pars à sa recherche. Je suis sur qu'elle s'est encore planquée au pire endroit...

Après une petite demie-heures de recherches, je la retrouve pelotonnée contre la porte de la cave, sa bouteille d'hydromel vide entre les mains. Elle lève des yeux noirs vers moi (3) et se détourne.

"Allez, fais pas la tête.
- ...
- Tu as gagné, le repas est froid.
- M'en fous d'abord.
- Tu diras ça à ton cuisinier, il t'a fait un gros tas de légumes bien verdâtres pour toi toute seule... Il va être déçu.
- J'en ai marre, tu sais... "

Attention, séquence émotion. Je réprime mes frissons et prie silencieusement pour qu'aucun de nos fidèles croyants ne me voit faire ça. Je m'approche doucement, m'assois à côté d'elle, puis, après avoir pris une bonne inspiration, la prend par l'épaule et l'attire contre moi. Elle résiste. Je l'invite d'une pression à se laisser aller, et enfin, elle se laisse faire (4).

_________
(1) Dans le genre sadique, mesquin, méchant, charmant et diaboliquement intelligent. Je sais, y'a du boulot. Beaucoup de boulot. Surtout pour le dernier. Et l'avant-dernier, aussi. *gros soupir*
(2) Je suis sur que je suis pas le seul à avoir pensé ça.
(3) Remarque je suis pas sur de la couleur, y'a pas mal d'eau devant...
(4) Ou alors je lui ai tellement bousillé la clavicule qu'elle n'a plus le choix...

Je dois dire que je suis pas super rassurer…ça commence comme ça et après….on sait tous où ça nous même. (1)
Vais avoir un bleu demain matin pour sur!

Je pose la tête sur son épaule en restant sur mes gardes on sais jamais…
« Kaeveuhhhhh ! »
Oui, je sais j’ai des gardes pourri…

Il me défonce l’épaule en me la tapotant…mais ça partait d’une bonne intention.
Je regarde d’un air sombre la bouteille vide.
« Kaev ? »
- Ouais. »
- Peut avoir encore une autre ? »
- Non »
Fallais essayer.
D’un autre coté arracher quelque chose avec des larmes à kaev c’est peine perdu autant demander à un troll de faire la vaisselle.
Je renifle bruyamment.
Dire que derrière cette foutu porte il y a de quoi noyer ma peine pendant les douze siècles à venir… c’est vraiment injuste.

« t’sais j’ai lu les lettres de r’commandation d’Wil…
-et alors ?
-j’ai rien pigé.
-Ça ne m’étonne pas.
-Méheu !!!
-Je veux dire…ça m’étonne pas...y’a beaucoup de dialectes ici.
-Ouais… bien rattrapé.
-Je sais. J’ai eu une lettre aussi.
-Ah ouais ?
-Un nécromancien qui joue avec des os. »

Ça s’annonce bien, une salamandre névrosée, un nécromancien pas mieux, moi…encore quoi un lapin démoniaque ?

« Tu as pas vu un lapin qui traîne dans le coin par hasard ?
-quoi ?
-étant donnée que tu cultives des carottes …
-ah non je ne l’ai pas vu. » (2)

Y’a des jours comme ça.
Allez Enki ! Ma poule faut que tu bouges là, c’est une question de survie.
Ça fait dix minutes et tu as encore le nez intact.
Je me base par rapport au nez parque que l’épaule y’a plus rien à en tirer là.

Je me relève d’un bond. J’attends que le décor me rejoigne et commence à faire quelque pas dans le couloir en tenant fermement le mur par la taille…
Je lève les yeux.
« Je me disait aussi…le mur a pas de taille.
-de quoi tu parles ?
-non rien.
-Allez hop je te raccompagne.
-NON ! non ! mon nez et moi on y tiens pas… vais y aller toute seule.
-Tsssss. Comme si à chaque fois je te frappais.
-Oui c’est ‘xactement ça.
-Fais pas l’idiote viens. »

Je regarde le décor bouger autour de moi.

« Au fait tu sais pourquoi j’ai plein d’lampadaire dans ma chambre ?
-oui.
-Ah c’est cool.
-Je ne te le fais pas dire. »

(1) à l’hôpital bande de pervers c’est de Kaev dont on parle !
(2) si c’est pas une belle introduction de nos deux alcoolites ça…

Enki titube puis s'effondre, hilare, contre le mur. Je lève une fois de plus les yeux au ciel (1), puis la ramasse par le col et la jette tel le sac de tubercules moyen sur mon épaule. Elle glousse et pousse des petits cris ravis à intervalles réguliers. Pourvu que personne ne nous voit, je sens venir le schisme immédiat et les guerre sainte contre la fausse déesse qui est morte de rire quand elle a une bouteille dans le buffet et observe a l'envers les dalles défiler devant ses yeux glauques...

"Kaev y'a un truuuuc bizarre qui m'passe devant les zzzzyeux...
- Ah.
- N'dirait un grooooos serpent rouge. Qui bouge. Et qui se tirtoille... tiortaille... trito... qui bouge.
- C'est ma queue.
- Waaaa ta copine doit bien s'amuser...
- L'autre queue.
- Oh.
- Mon dieu. "

J'accélère le mouvement et emprunte le couloir qui mène vers sa chambre.

"Eh, Kaev, t'sais quoi?
- Non.
- T'sais quoi?
- Non.
- T'sais qwaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!
- Oui Enki.
- J'le savais. "

Et elle se marre encore. Mais comment je fais pour la supporter, moi?

En fait, je crois qu'une bouteille par semaine c'est encore trop. Beaucoup trop. Il va falloir réfléchir à ça...

Après une mission commando réussie qui me permet de passer en toute discrétion (2), je réussis enfin à atteindre mon objectif, à savoir le lit d'Enki. Je la dépose sur le matelas, elle étouffe un gloussement puis ouvre les yeux en grand et observe avec insistance le plafond, comme si elle y voyait des signes que nous autres, pauvres mortels, sommes incapables d'apercevoir de nos yeux impurs...

Au cas où, je fais apparaître une bassine au pied du lit de ma maîtresse et me dirige vers la porte...

"Kaev... "

Et merdeuh. Je me retourne, et pose mes yeux sur le petit bout de femme qui est sensée me servir d'invocatrice. Je crois qu'elle m'attendrirait, parfois, si j'étais humain et que j'avais un coeur. Mais là, comme d'hab, elle m'énerve.

Toute expression de joie ou d'hilarité s'est effacée de son visage, et ses yeux globuleux, fixés sur le plafond, débordent de larmes. Je reconnais les signes: alcool triste.

Tout à vos postes, alerte rouge, préparez la retraite...

"Kaev... Pourquoi tu m'aimes pas?
- Dis pas n'importe quoi.
- Tu m'aimes alors?
- Rêve pas. Mais je te déteste pas non plus (3).
- Je suis nuuuuuuulleuh! J'en ai marre! Personne ne m'aime, je sers à rien!!
- C'est un fait, mais c'est pas ça qui va remonter ton moral.
- J'veux mouriiiiiir!
- Je serais ravi de t'exaucer, mais je crois que ta vision est un peu trop embrumée par l'alcool et on risquerait de me faire des ennuis au syndicat...
- J'veux mouriiiiiiir!
- Tais-toi, tu vas réveiller les voisins!
- M'en fous! "

Et de pleurer de plus belle. C'est définitif, une bouteille par mois c'est amplement suffisant. Je m'approche et lui tapote maladroitement la main, histoire de dire. Et là, c'est le drame. Elle se jette à mon cou et se met à sangloter sur mon épaule. C'est très embarassant, je prie pour que demain matin elle ait oublié tout ça...

Après quelques minutes, pendant lesquelles je reste raide comme un piquet, les pleurs se tarissent et, après un regard cotonneux mêlant vaguement étonnement, gratitude et répulsion, Enki s'effondre en arrière et entreprend immédiatement de cuver son alcool.

Je crois que je vais aller faire un tour à la cave et avaler assez d'hydromel pour oublier définitivement ce passage traumatisant de mon existence...

________
(1) C'est un réflexe que j'ai pris, comme si j'espérais qu'un gros rocher aller soudain jaillir deux mètres au-dessus d'elle et l'écrabouiller une bonne fois pour toute...
(2) Traduction: j'ai assommé les gardes. Oui, mes propres gardes, et alors?
(3) Un pieux mensonge n'a jamais fait de mal à personne...

La pluie frappe les carreaux… tel l’elfe frappant le nain moyen (1). Avec ardeur.

J’ouvre les yeux et tente une mise au point sur le plafond laiteux.

Il y a des jours comme ça où dés les premiers instants on le sais : ça va être une sale journée.
Heureusement, ça peut difficilement être pire qu’hier.
Quoique, en y réfléchissant…Kaev à des ressources insoupçonnables en ce qui concerne le pourrissage de journée. Ne vendons pas la peau du troll avant de l’avoir tué…

Je me relève doucement.
Attends que mon cerveau adopte lui aussi la position assise et entame courageusement cette journée pourrie.

« Déesse ! Vos œufs pochés un peu baveux agrémen… »
Je regarde d’un œil morne le serviteur en train de m’expliquer les tenant et les aboutissants d’un petit déjeuné copieux et bien équilibré. Il l’ignore encore mais il ne va pas tarder à l’apprendre: les dieux aussi peuvent être malades.
D’ailleurs à cet instant précis je donne ses lettres de noblesses à l’expression " avoir l’estomac en vrac ".
Je lui plaque la main sur la bouche.
« Trois mots : Café. Serré. Exécution. »
Il s’incline et s’en va trottinant dans le couloir.

J’amorce le mouvement de marche.
« Marche ou crève… hum…le choix est difficile »

Après avoir déambulé dans les couloirs tel le macchabée moyen je parviens à l’usine de chaussettes, déserte à cette heure, l’endroit rêvé pour profiter du calm…
*poc*
…calvaire d’avoir invoquer une salamandre.
*poc*

Je fais le tour de l’établi pour retrouver votre salamandre favorite (2) étalée par terre telle la crème anti-ride sur le visage de Jeanne Morot.
*poc*
« DEBOUT ! Le soleil se lève !!! » (3)
« Pleut. »
« C’est pas faux. »
« rrrr »
« C’est quoi que tu tiens ? »
« grrrrr »
« Oui je sais. »
Il consent à se mettre assis dans un râle d’agonie.
Déjà une salamandre debout c’est étrange mais imaginez assise les pattes tendues avec les mains sur les genoux…
« Alors c’est quoi ? »
« d’chaussettes. »
Il me les balance, je les observe sous toutes les coutures. C'est-à-dire une fois.
« Y’a pas de bouts. C’est des chaussettes sans bouts ? »
« ‘xact. Pour mettre au bras. »
Logique implacable. J’essaie. Et ! C’est pas mal ! Rayée en plus les…
« Faut trouver un nom mieux que ça… »
« Que quoi ? »
« Que "chaussettes sans bouts ! " »
« D’accords. »
« Alors ça sera…heu… "chauset "»
« C’est nul comme jeu de mot. »
« Ok d’accords…alors… " chaussettesansboutspasfinies " »
« …t’as raison c’est mieux ».
« Je peux les garder ? »
« ‘ouais de toute façon je porte pas de rose. »
« C’est pas rose c’est rouge et noir »
« Rose et noir »
« Rouge »
« Rose »
« Tu es de quelle couleur ? »
« Rouge avec des … »
Je colle les chaussettesansboutpasfinies sur lui.
« Soit elle sont rouge soit tu es rose. »
« D’accords elles sont rouges tu as raison. »
Oh. The choc.
« Tu peux répéter ? »
« Sûrement pas. »
« Je me disais aussi ». (4)

(1) pardon aux nains pour cet affreux jeu de mots.
(2) je parle pour vous…moi….râle pas !!!
(3) et oui il y a des gens assez sadique pour appliquer ce genre de réveil à 8h02,et je ne me sens pas visé.
(4) ça c’est fait…
(5)merci à Gwalin pour sa patience...hum...et à Deys pour...son mp^^

Je déteste être réveillé aux aurores. En particulier par elle. Après il fait froid, on se rend compte qu'on a les pieds gelés, les yeux collés, que le chat t'a foutu des poils partout sur le museau (1) et que t'es tellement énervé de t'être réveillé qu'une fois que tu as décollé la tête de l'oreiller (6) tu n'arrives plus à retrouver LA position confortable.

Je lui jette un regard assassin, dont elle se fout par ailleurs royalement puisqu'elle est en train de contempler ses nouvelles... euh... chaussettesansbout. Je crois qu'on pourrait se creuser plus pour leur trouver un nom plus aguicheur.

Donc maintenant, en plus d'avoir une robe informe pourpre déteinte trop grande pour elle, votre magicienne adorée (8 ) a des chaussettes ros... rouges et noires (7) aux bras.

Si un styliste nous lit, pardon pour l'injure au bon goût.

"Attends, ça donne pas trop comme ça...
- Qu'est-ce que tu... Eh!!
- Oups... Pas solide.
- Kaev je te hais. "

Et pourtant j'ai essayé d'être sympa pour une fois. J'ai tiré d'un coup sec l'une des manches flottantes de la robe afin de pouvoir dévoiler les bras maigrelets de mon invocatrice, pour montrer davantage les manchons rayés qui les lui recouvrent. Parce que ça donne mieux avec des manches courtes, je trouve.

Mais manque de bol, l'étoffe est à peu près aussi solide que le crâne d'un Elfe sous un marteau runique ancestral + 12 d'un guerrier Nain... Et le tissu se déchire lamentablement, séparant en deux le vêtement. Sur Enki on retrouve le haut de la robe, le bras gauche et un vague pan de tissu qui lui tombe sur la jambe droite, et dans ma main on a le bras droit et la quasi-totalité du bas de la robe.

Par chance, Enki a assez de pudeur pour ne pas sortir sans sous-vêtements, merci aux Puissances. Et c'est donc en retenant ce qui reste de sa robe sur sa poitrine inexistante et... le reste de sa personne, qu'elle me lance un regard volontiers meurtrier et court se réfugier derrière un tas de chaussettes.

"Je suis sur que tu l'as fait exprès!
- Ah oui carrément, je rêvais de revoir tes petites fesses dodues...
- C'est vrai?
- Ca va pas non? Bien sur que j'ai pas fait exprès! Je suis peut-être une brute, mais je suis un homme de goût.
- Charmant.
- Pas d'insulte. (9)
- Tu peux aller me chercher une robe dans ma penderie?
- Tu as d'autres robes toi?
- Euh... Maintenant que tu le dis, je crois que c'était la seule que j'avais.
- C'est bien ce que je me disais... Mouahaha, la tête de tes adorateurs quand tu vas revenir en petit culotte faire la messe...
- C'est pas drôle!
- Ca dépend pour qui.
- Tu crois que la machine pour chaussettes peut fabriquer des robes?
- Sans doute. Elle crée bien des manches... Il suffit de modifier leur réglage mystico-magique en y insérant des ondes génératrices de spécification arcanique des étoffes, et...
- Euh... je suis un peu barbouillée ce matin, je ne sais pas si... Euh... Tu veux bien le faire?
- T'as pas pigé un mot de ce que je viens de raconter, pas vrai?
- Euh... non.
- Ahaha... (10) "

Je claque dans mes doigts, et les machines s'animent.

"Tu veux quelle couleur?
- Un truc qui déteint pas, déjà. (11)
- Sage décision. "

(1) Car un chat est sadique: s'il ne parvient pas à te réveiller à coup de ronronnements moissonneuse-battesques, il fait en sorte de te foutre sa queue touffue sous le nez pour te le chatouiller, afin que tu t'occupes enfin de lui. (2)
(2) Ma manière de m'occuper d'un chat qui me réveille c'est l'éjecter en-dehors du lit. (3)
(3) Quand le lit est à mezzanine, c'est vachement plus marrant. (4)
(4) Sadique, oui je sais. (5)
(5) Vous en avez marre des notes à répétition? Moi aussi.
(6) Ici un tas de chaussettes.
(7) Car je suis un homme moderne et honnête: je reconnais mes torts.
(8 ) Ne vous leurrez pas, je suis aussi capable de l'adorer. Par exemple, quand elle dort ou quand je lui ai cassé le nez, je l'adore. Mais là elle vient de me réveiller, donc non.
(9) J'explique car cette vanne est déjà ressortie plusieurs fois au cours de notre périple... Charmant est le prince de Shrek 2, en qui Enki, dans son infinie myopie, cherche à me trouver une ressemblance. Voilà, vous savez tout. Vous pouvez rigoler, à présent.
(10) En fait moi non plus, c'est juste que j'adore ridiculiser Enki.
(11) Car lorsque feue la robe d'Enki était mouillée, elle avait la désagréable tendance à déteindre et à dévoiler à tout le monde le fait qu'elle est une véritable rousse, si vous me permettez l'image...
(12) c'est un peu le bordel toutes ces notes non?

Après une première tentative infructueuse mettant en scène une robe mauve, un gilet rouge à manches verte et un Kaev mort de rire...
…Après une seconde tentative lamentable résultant d’un mélange entre un short à froufrous jaune, un peignoir de bain kaki et un Kaev au bord de la crise d’asthme…
…nous arrivons à la troisième tentative tout aussi pitoyable que les précédentes ou Kaev associe une jupe courte (1) argenté à un gilet écossais à pois en se tenant les côtes...

Non, vraiment.

« Tu peux refaire exactement la même que j’avais avant ? Ça sera plus simple. »
-c’est pas original.
- je m’assoie sur l’originalité si ça doit se concrétiser par un gilet écossais à pois.
- c’est toi qui vois.
- je ne te le fais pas dire.
- remarque non là c’est moi qui vois.
- Oh lala.évites tes blagues vaseuses. »
Il se gausse tout seul et me tend un robe toute pareil que la première à deux trois détails.
« - sans les cœurs.
-c’est pourtant bien ton style…
-sans commentaire.
-Tssss .
-Sans les dentelles, sans les pois, sans l’aiguille que tu as du laisser traîner dans le col...
- Et comment tu as su ? »
Je soupire.
« - j’ai bien peur de commencer à te connaître.
-ah.
-Tu l’as dit. Tant que tu y es change la couleur…
-Depuis quand tu aimes plus le mauve ?
-Depuis que ça déteint. »
C’est ça qu’il se marre...

Or donc, après moult détour dans l’univers de la mode douteuse, Kaev arrive à un compromis pas trop crade : une robe noire sans manches pour pouvoir mettre les chaussettes (2) à la place.
Je me contorsionne et arrive à enfiler la dite robe avant de m’approcher de lui un sourire narquois au lèvres.
« Faut que tu m’aide...ce sont les même attaches que sur l’autre. »
Je le regarde blêmir, je jubile, il soupire, je me retourne, il retient son souffle et commence la pénible tache. (3)

Après une dizaines de minutes (4), trois jurons, quatre insultes, sept râlages, une menace. Je me retourne pour le voir afficher un léger sourire sur les appelonsçadeslevres du mec qui vient de finir une dure journée de labeur.

Laissons le croire.
Je me dirige vers la porte. Mon estomac à fini par arrêter de vouloir sortir prendre l’air pour retourner à ses casseroles.
Je mangerais bien une poire bellecunégonde. (5)

(1) mais alors TRES courte.
(2) ceux qui se demande « c’est quoi cette histoire de chaussettes au bras » sont priés de suivre et de lire les derniers posts.
(3) ah ! Le bonheur de voir un homme galérer devant des attaches de sous-tif…
(4) note comme je suis cool …
(5) on est dans un rp médiéval oui ou non ?

J'ai mal aux doigts.

Car non seulement ces saloperies sont une injure au bon sens (1) et à l'esthétique (2), mais en plus elles sont petites et dures, et impliquent donc une contraction des muscles digitaux supérieure à une tache normale (3).

Je regarde d'un oeil morne Enki qui s'éloigne, joliment moulée dans sa robe noire qui parvient à faire oublier qu'elle n'a aucune forme, et soupire. Je balaye du regard les différents ensembles créés pour recouvrir la pudeur contestable de ma maîtresse (4) et ricane en me remémorant chaque essayage.

La jupe à volants et le pull en mailles vert émeraude, j'ai bien aimé... Le pantalon moulant et le débardeur rose-pétasse, c'était bien rigolo aussi, mais elle n'a pas aimé que j'essaie de lui mettre des créoles... (5)
Enfin, le prix spécial revient à l'espèce de rideau informe et noirâtre qui aurait pu servir de robe de nécromancienne invocatrice des ténèbres du chaos de la mort à une gamine à fond dans un trip gothique... Plein de chaînes, de piques, de voiles et tout et tout... Mais Enki n'a pas adhéré, soit-disant que c'était trop serré. Tout ça parce que le bustier était taille 13 ans... (6)

Je me relève, fait disparaître dans une gerbe de flammes le tas de loques et me dirige à mon tour dans la cuisine. Enki est attablée devant un petit déjeuner copieux qu'elle contemple d'un air peu enchanté. Je saisis un bout de brioche et la confiture, m'attable en face d'elle et commence à manger. Elle me jette un regard sombre.

"Qu'est-ce qui t'arrive? Tu manges pas?
- Nan.
- Pourquoi?
- Tu crois qu'on rentrera à la maison un jour?

Oulà... Question délicate.

- Que je le pense ou pas, ça changera quelque chose?
- Euh... non, mais...
- Alors ce qui ne sert à rien n'a pas à être énoncé...
- Et c'est toi qui parle...
- ...lorsque l'on parle de sujets grave, finis-je en fronçant les sourcils.
- Tu sais je sais qu'on a pas l'air d'être très unis, comme famille, avec mon père qui me crie dessus et tout, mais...
- Mais tu as envie de les retrouver. Pigé.
- Vi.
- Tu sais que c'est pas non plus en contemplant ton omelette dans le blanc des oeufs (7) que tu vas améliorer notre position.
- Et puis y'a personne qui vient dans l'alliance, c'est nul...
- Oh, on a reçu quelques demandes, mais la plupart viennent d'analphabêtes qui utilisent un langage que j'ai du mal à déchiffrer...
- Et alors?
- Alors je les ai éjectés.
- Quoi? Mais tu es fou! C'est des Anathoïs, ils peuvent ajouter leur énergie à la nôtre, même si on ne les comprend pas!
- Tu vivrais avec un tas de gens dans ta maison, à qui tu ne parles pas parce que tu ne comprends rien à ce qu'ils racontent, pour leur demander au bout de quelques mois de mettre à ta disposition leurs ultimes pouvoirs magiques pour qu'on puisse se barrer de ce monde tandis qu'ils y restent pour agoniser tranquillement sous une pluie de feu?
- Euh... non.
- Bon alors? Et puis j'en ai quand même trouvé un... Un nécromancien du nom de Dakryk, un peu allumé côté cerveau, mais si on lui construit un petit cimetière ou un caveau, un truc comme ça, ça peut être sympa...
- Un nécromancien? C'est pas les mages qui relèvent les cadavres et veulent dominer le monde?
- Si fait. Mais lui a l'air plutôt sénile, ça devrait être plus facile de l'empêcher de lancer ses cadavres à la tête de n'importe qui...
- Mouais...
- Allez, mange, ça va refroidir... "

(1) Il est illogique, voire sadique, de placer dans le dos ces attaches, car sans un sérieux entraînement, même les filles ont du mal à se les attacher et les détacher, au début.
(2) Sincèrement, vous trouvez ça joli de voir un vilain bout de plastique fermer un joli soutien-gorge? Si oui permettez-moi de vous dire que vous avez un goût de chiottes.
(3) Comme tout simplement déchirer le soutif récalcitrant.
(4) Quand on est pudique on ne demande pas à un mec, en particulier que l'on apprécie pas, d'attacher sa robe dans le dos. Sauf si on est parfaitement sadique. Et comme je connais un peu Enki, l'hypothèse est somme toute recevable...
(5) Mesdemoiselles qui vous habillez chez Jenyfer, ceci est pour vous.
(6) Oui, même pour elle c'est un peu juste...
(7) Admirez le jeu de mots!

» Y'a eu apocalypse ou bien ? ^^