V. L'histoire sans faim

(Suite de: https://marshmallow.actifforum.com/viewtopic.forum?p=278#278 )

[Forum: Les Bas Quartiers]

"J'ai faim. "

Ca c'est tout Enki. Rien que pour me contrarier et foutre en l'air le titre à la spiritualité extraordinnaire que j'ai mis des jours à trouver et à avoir la force d'écrire sans m'écrouler de rire, tellement c'est drôle... Grmf.

"Mange ta main.
- Tu peux pas changer de réplique? Je peux pas manger la tienne, pour une fois?
- Si tu veux. Je te l'ouvre?
- Berk, ça va pas non? Je disais ça comme ça... "

Bon, c'est mal parti pour lui faire gober mon sang...

"N'empêche que j'ai faim. "

Elle m'énerve. Remarque, pas plus que d'habitude, je devrais survivre.

Je frotte négligemment mes mains pleines de suie l'une contre l'autre. Le fourreur a appris à ses dépends qu'arnaquer une Salamandre n'est pas bon pour la santé...

Figurez-vous que ce minable commerçant, avec un toupet inqualifiable, a voulu me faire payer son travail... j'aurais tout entendu. Après l'avoir convaincu, de gentleman à gentleman (1), qu'il n'était pas très malin de me contrarier, il finit par m'avouer que ma commande avait été confiée à des professionnels de la fourrure, dans les Bas Quartiers, et qu'il attendait leur livraison pour le lendemain. Vu que je n'ai pas que ça à faire, je suis donc parti moi-même chercher mes fourrures là-bas, non mais sans blague. Avec Enki, s'entend. Comme si j'allais la perdre: la dernière fois que c'est arrivé elle a paniqué vingt minutes en tournant en rond dans les rayonnages de la bibliothèque, avant de me hurler dessus que je l'avais abandonnée, alors que j'étais à deux pas.

Les femmes...

Ainsi donc, après une demie-douzaines de visites aléatoires dans certains quartiers forts sympathiques de la cité, nous ayant permis de voir les splendeurs architecturales qui la composaient (2), nous finîmes par aboutir sur ces fameuses avenues. Il y avait peu de commerces ouverts, guerre oblige, néanmoins grâce aux indications du fourreur, nous trouvâmes aisément la boutique où reposaient mes commandes.

"Promets-moi que cette fois tu ne brûleras rien.
- Allons donc, tu me prends pour un sauvage?
- ...tu vas te fâcher si je réponds franchement?
- Oui.
- Alors non. Mais tu es... un peu vif, disons.
- Meuh non.
- *soupir* Un jour on m'élèvera des statues... "à la fille la plus patiente du monde". Non. "DES mondes".
- Heureusement que tu es patiente, tu risques d'attendre longtemps encore avant de voir ça.
- Méchant.
- Certes.
- Si tu étais à ma place, tu saurais que tu devrais faire un effort!
- Si j'étais à ta place... je serais idiot. Non merci.
- Va te faire...
- Reste polie.
- hrfgrmumf. "

_________________
(1) Même si l'un des gentleman en question appuyait ses arguments de destructions diverses et enflammées des possessions matérielles et corporelles de l'autre...
(2) Enki préférait dire qu'on s'était paumés. C'est mesquin, pas vrai?

Quel...mais alors quel…rhaaaaaa !
…
« Tu t’amene ? »
« Non. »
« Ah tu boudes ? »
« Non. »
« Alors ? »
« Je t’attend dehors… ça sent la poule moisie là-dedans. »
« Petite nature. »
« Tu sais ce qu’elle te dis la petite nature ? »
« Ah oui tiens je suis curieux de l’entendre »
« tssssss »
« Je me disais aussi. »

Je le regarde rentrer…
On est perdu a travers les plans et monsieur fait un détour monstrueux a travers les rues d’une ville en guerre pour aller chercher des moufles pour sa plante disparut…

Je crois que je rêve en fait…
C’est sûrement ça.*
En fait Jack va venir me réveiller d’un instant à l’autre en voulant des gâteaux miel/ pêche /chocolat…**
Non ?
Si …j’en suis sure faut juste un peu de concentration…
…
Remarquez j’ai jamais eu beaucoup de concentration…
…
J’ai vu ça une fois dans un théâtre ! Je crois qu’il faut se mettre une gifle !
Alors heu…ok…

« Tu veux que je t’aide ? »
« Hein ? ...non ça va aller… »
S’il m’aide je suis quasiment sure de me réveiller….dans 4 heures…avec un mal de tête et trois dents en moins.

« Tu es sure ? »
« Oui »
« Dommage. »
« Sadique ! »***
« Oui. »

je recule d'un pas.

« j'ai pas entendu de bruit...tu as rien detruit? rien tué?»
« tu veux pas savoir.»

...
...
je me disais aussi.



* il suffit d’y croire…
**c’est super bon !
***Hrp aussi…d’ailleur plus hrp que Rp en fait….c’est tout dire

Sympa ce fourreur... Un peu timoré mais l'un dans l'autre, c'est un bon bougre... Et il n'a même pas eu la malséance de me demander de payer ses oeuvres. Remarquez, je tenais un peu sa fille par les cheveux avec mes griffes à moins de dix centimètres de sa gorge, ça l'a peut-être influencé... Mais il ne faut pas voir le mal partout non plus.

Enfin bref, me voilà ressorti avec mon ballot de fourrures sous le bras, à subir les questions vexantes d'une magicienne qui me reproche de tout brûler alors qu'elle ne sait même pas allumer une allumette. Si ça se trouve, elle jalouse mon immense talent...

La fumée commence à sortir de la boutique, et les voisins viennent donner un coup de main pour étouffer l'incendie naissant... Il est temps de partir.

"Kaev...
- Me regarde pas comme ça.
- Tu connais le sens du mot "civilisé"?
- Oui.
- Et... t'as jamais songé à devenir civilisé?
- Pourquoi faire?
- Pour éviter de brûler l'échoppe d'un brave commerçant qui tente actuellement de sauver ses enfants des flammes, par exemple. Et me faire honte alors que je suis sensée être ton invocatrice, entre autres... Arrête de te marrer!
- Brhum, pardon... Tu l'as dit, il a des enfants, donc il le mérite. Si toute l'espèce humaine devenait brutalement stérile, ça fait longtemps qu'on aurait gagné, nous autres Elémentaires...
- Gagné quoi?
- La grande bataille du chaos, tiens.
- La quoi?
- C'est un classement, où on compte la proportion à répandre le chaos chez chaque espèce. Les humains sont largement en tête, bien devant nous. Pourtant, avec le nombre d'éruptions, inondations, tornades, séismes et autres qu'on provoque, on aurait pu croire qu'on était en premier... Ben même pas, les humains gagnent encore haut la main.
- Et... C'est quoi le rapport avec la boutique en feu du fourreur?
- Je suis une créature du chaos, un incendie, c'est chaotique, alors je participe à l'augmentation de notre score dans la grande bataille du chaos. Et c'est aussi pour dire que quand les Elémentaires mettent le feu, les humains feront de toute façon bien pire, vu leurs performances... Guerres, famines, génocides, massacres, religion, etc... Toutes ces amusantes idées, c'est de eux... Nous on reste sagement à la destruction massive. Après tu m'étonnes qu'ils gagnent...
- Kaev...
- Quoi?
- J'ai envie de vomir. Tu es vraiment... malsain!
- Je te signale que c'est ton espèce qui est en tête du championnat.
- Je te déteste... j'ai pas assez d'ennuis comme ça, il faut que tu me rajoutes la conscience de mon espèce!
- Bienvenue dans le monde réel...
- J'l'aime pas le monde réel.
- Moi non plus, n'empêche qu'on est dessus... Allez, au boulot, tu as autant envie que moi de partir d'ici, alors allons chercher les objets... "

Et, sous le regard passablement abattu d'Enki, je me dirige d'un pas guilleret vers l'une des maisons bourgeoises qui parsèment l'avenue. Je suis vache quand même... Mais après tout c'est elle qui m'a invoqué, non mais sans blague...

Je vais lui faire manger ses dents... juste pour rétablir un peu plus le déséquilibre.

Je le regarde franchir d’un pas allègre le seuil de la première maison un peu cossue.
Comme prévu cette entrée fracassante et suivit de cris, de hurlements et de tout le chapelet d’insultes connu d’un gamin de 6 ans auquel on pique une bille.

Je devrais peut être faire quelque chose, style aller voir pourquoi Kaev est encore pas ressorti...et pourquoi la maison est pas encore en flammes.
Peut-être…ouais allez action.

Je me dirige donc d’un pas nonchalant vers la maison.
*ding dong*
« pourquoi tu sonnes ? La porte est ouverte. »
« C’est pour faire style…et elle est pas ouverte la porte elle est complètement défoncée. »
« Elle était devant moi. »
« C’était son rôle…Pourquoi tu tiens le gamin comme ça ? »
« Il veut pas lâcher la bille »
« …et …pourquoi tu en prends pas une autre ? Y’en a plein par terre. »
« Je veux celle la. Elle est belle. »
« Forcement ».
« Tête d’œuf ! C’est une bille de 10 ! Truie violette ! »
« Il va bien finir par lâcher »
« Ah six pieds du sol je suis pas sure qu’il en ai envie. »
« Bouffon ! Manzeur de …de… »
« De gamin qui zozote. »
« aaaaaaahh ! »

Ok ok je m’en mêle.
Je prend le gamin par les pieds et commence à tirer dessus.
« Lâche non des culs ! »
« Espèce de fiente de dragon ! »
« Si tu lâche cette bille je te donne un chewing-gum. »
« …à quoi ? »
« À la fraise. »
« J’en veux deux. »
« Ok. »
« Trois ! »
« Abuse pas. J’ai plein de frangines je sais comment ça marche. »
« D’ac ! »
Je le repose et sort deux chewing-gums.
Il me regarde d’un air suspicieux. Ah les gosses…
« Ouvre la bouche …Vala…on dit quoi ? »
« Merfi ! »
Il lâche la bille et se vautre lamentablement sur le sol.
« Kaev… »
« Quoi ? »
Je relève le gamin.
« Va moucher ton nez…et file dans ta chambre. »
« vi. »

Kaev me regarde et secoue la tête.
« Tu peux pas t’en empêcher hein ? »
« De quoi ? »
« D’être gentille. »
« T’es carrément méchant à nous deux on équilibre. »
« La belle affaire. »
« Je te le fais pas dire… »

Donc, une bille. Ca, c'est fait. Une belle, en plus, avec des veinures en métal dedans. J'adore les billes, c'est petit, ça prend pas de place, c'est silencieux, ça roule quand on les pousse et en général c'est esthétique. Comme quoi, malgré tout ce qu'elle peut dire, je ne prends jamais Enki pour une bille.

La petite sphère nous servira donc à retenir les énergies mystiques lors du rituel... Passons au reste.

Je passe devant la famille terrifiée, qui tente vainement de comprendre pourquoi une Salamandre incendie leurs rideaux avant de partir, après avoir réduit une porte en cendres et traumatisé leur gosse pour lui voler une bille.

"On va pas chercher les autres objets?
- Ben si.
- Mais pourquoi tu sors alors?
- On va les chercher dans d'autres maisons.
- Pourquoi? Y'a une cuisine ici, et...
- Parce que c'est plus rigolo... On va pas crâmer qu'une seule barraque quand même?
- T'es vraiment...
- Je sais.
- Et tu vas répéter le même scénario dans chaque maison?
- Oui. Sauf que je vais être plus gentil.
- Oh...Qu'est-ce qui nous vaudra cette mansuétude?
- Les autres objets je ne les prendrais pas à des gosses. Donc je serai plus détendu.
- Les psy doivent faire fortune avec toi.
- C'est pas tes affaires. "

Je défonce négligemment la porte de la maison vers laquelle nos pas nous ont menés, qui m'entrave la route avec une mesquinerie peu commune frôlant la cuistrerie, comme toutes les portes qui à mon avis ont décidé lors de leur dernier congrès mondial de me faire chier jusqu'à la fin de mes jours.

"Les marchands de portes aussi.
- Hein?
- Oh rien... On cherche quoi?
- Un entonnoir.
- Et c'est pour quoi faire?
- Tu veux pas savoir.
- Si, je...
- Je te dis que non.
- Mais enfin, je suis pas...
- Si.
- ...
- Allez, en avant.
- Tu crâmes rien, c'est un ordre direct!
- Pô drôle. "

Et c'est donc en labourant consciencieusement de mes griffes effilées les murs, les meubles, les tableaux et le majordome (1) que je pénètre dans la demeure, à le recherche de la cuisine.

"Monsieur, veuillez vous conduire en gentleman et sortir immédiatement de cette maison, dans laquelle vous n'avez pas été expressement convié! "

L'archétype du bourgeois se tient devant moi, à darder ses yeux aristocratiques flamboyant de colère sur nous deux.

"A qui y cause?
- A toi j'crois.
- Je peux le tuer?
- J'ai dit non.
- Alleeeeez!
- Non. N'insiste pas.
- T'es pas cool.
- Ce qu'il faut pas entendre... Et puis pour une fois que c'est moi (2).
- Grmf. Z'avez une cuisine?
- Ca ne vous regarde pas.
- Ben si un peu quand même, parce que sinon je vais devenir désagréable, et donc avoir très envie de vous casser les rotules. Et quelques côtes aussi, histoire de dire.
- Oh... euh... au fond d-du couloir... A droite. M'sieur.
- Pas résistants ces bourgeois... Moi qui me faisait un plaisir de le torturer...
- Kaev, non.
- Je suis pas ton chien!
- Dommage. Au moins un chien ça obéit.
- Tsssss... "

_______________________
(1) C'est salissant un majordome avec les boyaux à l'air, savez-vous?
(2) Je tiens à préciser que la situation n'est pas du tout pareil en HRP... Au contraire, c'est plutôt elle qui... euh... bref.

Allez youkaidi…tous à la cuisine.
Pourvu qu’elle soit pas remplie de gueniches en tablier blanc, souliers blancs et robe noire.*

C’est un vrai labyrinthe cette baraque…y’a des pièces partout…
« Et des portes et des portes… »
« Quoi ?? »
« Hein ? Mais rien ! Pourquoi tu hurles ? »
« J’ai eu peur… »
« tsssssssssss »

Or donc après maintes tours et retours et détours nous arrivâmes** enfin à la dites cuisine
« Vous voici my lord ! … »
« Comment vous êtes arrivé là avant nous ? »
« …on se le demande. »
« Enki. »
« J’ai rien dit. »

Je le laisse éclaircir le mystère avec les explications fort détaillées du maître des lieux sur les mille et une façons de se retrouver dans la cuisine sans passer ni par les latrines ni par le garage.
Marrante cette cuisine… on se croirait dans un palais des glaces. Pauvre Kaev. ***

« bonjour**** »
« D’où elle sors ? »
« Du placard à balai»
Étrangement cette gueniche n’est pas habillée comme on pourrait s’y attendre...plutot du genre robe en promo et godasses depareillée.
« vous pouvez disposer Cendrillon.»
« oh! pas cool comment il lui parle!»
« Enki. Cuillère. »
« oh l'abus! Me parle pas sur ce ton non plus! »
« S’il te plait »
« C’est déjà mieux ! on est pas des boniches!»
«ben si.»
«oh.hum…qu’est ce que je disais…ah oui !on voudrait une cuillère et un entonnoir. »
« Tout de suite ».
Elle me tend l’entonnoir et va chercher une cuillère.

Je m’approche de Kaev qui à force de persuasion…***** a convaincu le proprio de nous montrer la sortie.
«tu as bien fait de demander ta route...je voulais pas passer encore à travers les latrines j'aime pas deranger les gens. »
« c'est pourtant ce que tu fais à longueur de journée avec moi...»
« c'est avec toi c'est pas pareil. Un traitement de faveur en fait.»
«la tête de la faveur.»
« tu aimes les shamallows? »
« Vous voyez ! C’était tout simple de trouver la sortie…permettez moi de vous demandez de ne jamais remettre les pieds dans ma demeure. »
« Ça sera pas possible de toute façon. »
« Kaev ! »




* oui je sais j’ai oublié de cité le truc blanc ridicule qu’elles ont dans les cheveux…mais ça rentrait pas dans ma phrase…et je fais ce que je veux !
** ça le fait hein ?
***je vous laisse le soin de comprendre.
****oui je sais c'est un peu pauvre mais le cse***** est intervenu...
*****conseil pour la cesnure Enkienne.
****** il a fait ça soft…il lui a juste griller les sourcils…et les poils du nez.

Elle est vraiment pas marrante. On se trouve au milieu de plein de maisons bourgeoises, et elle refuse qu'un anarchiste contestataire chaotique et irascible se passe les nerfs sur les gravures et les dorures...

Ca doit être une capitaliste cette fille... Et que je protège les bons petits riches... Mais quand il s'agit de traumatiser une pauvre vieille pour lui piquer des brioches et du nutella (1), là y'a pas de problème... Gosse de riche, va.

Donc frustré dans mes élans révolutionnaires prolétariens (2), je dois me contenter de crâmer le paillasson pour me relaxer. Le propriétaire de la barraque saute à pieds joints dessus pour l'éteindre, mais finalement c'est lui qui prend feu, ça me console un peu.

Je résume. La bille, la cuillère, l'entonnoir, on a. La boussole aussi. Manque la bouteille, avant de récupérer le sang. Bon, pour l'alcool, on va trouver la maison la plus bourgeoise du quartier, quand même, le genre qui importe son whisky des autres plans pour se faire mousser auprès des voisins.

"Dis, l'entonnoir est plutôt sale... Et t'as vu comme la fille et le proprio étaient rouges quand elle me l'a donné? Et qu'est-ce qu'elle faisait dans le placard, cette fille?Et... "

Là, je m'arrête, et je passe lentement la main sur mes yeux fatigués. Car elle me fatigue.

"Enki... Tu sais, je crois qu'il y a quelques trucs que tu dois apprendre dans la vie. Euh... Comment dire... Tu te souviens du banc des amoureux, sur Salinia?
- Ah ouais carrément!
- T'es pas obligée de sautiller sur place.
- Pardon.
- Bon. Euh... Non en fait on va en discuter devant un bon repas, je crois. Ca vaudra mieux, tu auras la bouche pleine plus souvent.
- Ca veut dire quoi ça?
- Ca veut dire que tu m'interrompras moins, donc j'aurais moins envie de te calciner la tête. C'est une sorte d'assurance vie. Et puis tu m'as dit que tu as faim... Et puis comme l'entonnoir c'est pour toi, c'est peut-être mieux de le faire laver, avant...
- HEIN? Comment ça pour moi?
- Tu verras. Pose pas de questions dont tu veux pas connaître les réponses.
- Je...
- Crois-moi pour une fois. (3)
- Ok, ça va, je te crois, je dis plus rien." (4)

Brave fille.

Nous nous dirigeons donc vers la maison la plus cossue du lot, avec statues dans les jardins, fontaines, colonnes, balustrades et autres trucs qui sont censés donner un cachet à la demeure. Tiens...

Ben ça alors...

C'est pas banal.

"Tu comptes dévisager cette grille pendant longtemps?
- Enki... regarde! On voit à travers cette porte!
- C'est le principe d'une grille.
- Ca sert à quoi?
- A empêcher qu'on rentre tout en permettant de voir à l'intérieur.
- Mais c'est sournois!
- Euh... Si tu le dis.
- On nous fait miroiter un intérieur, sans nous laisser l'atteindre... C'est le comble de la fourberie!
- Et c'est moi qui a encore à apprendre...
- Oui. On y va?
- Avis aux dieux: je deviens athée dès que je rentre à la maison, et ce sera bien fait pour vos poires!
- Arrête de dire n'importe quoi et avance. "

Comme d'habitude, je défonce la grille du pied et pénètre dans le jardin, puis j'incendie la porte qui me nargue, et fait irruption au milieu... Ah, génial!

"Mais c'est un mariage!
- Un banquet de mariage. C'est bien, la bouffe est déjà prête, y'a plus qu'à se servir.
- Enfin chéri tu vas les laisser faire??
- Tu as raison mon amour... Hep, vous là! Laissez cette pièce montée tranquille!
- Tu crois que c'est à moi qu'il parle?
- Tu es le seul lézard qui s'empiffre de gâteau à la crème dans son champ de vision, je pense...
- Pas faux.
- Et vous, ne touchez pas à cette salade! Je vais vous...
- Euh... Je vous conseille de ne pas me menacer, il est assez impulsif quand on s'attaque à moi... Je suppose parce qu'il préfère être le seul à pouvoir me faire mal... Euh... Enfin voilà, désolé pour le désordre, tous nos voeux de bonheur... Et bon appétit... Euh...
- Bon, tu manges? On doit parler. "

Elle pousse un soupir et s'empare d'une assiette de salade pendant que je finis le gâteau.

"Bon alors... Euh... l'entonnoir ça sert pour certaines pratiques... Euh... et les bonnes on les cache dans le placard quand... euh... On n'a pas envie de se faire surprendre par sa conjointe régulière... quand on fait des choses avec la bonne... euh... comme les amoureux du banc là...
- J'ai rien compris. Il a pas le droit de faire ça? Ils avaient l'air de bien s'amuser sur le banc pourtant...
- Oui mais y'a un concept... Ca s'appelle la fidélité je crois. Il n'a le droit de faire... ça... qu'avec la femme qu'il a épousée. Comme lui, là, ne pourra plus jamais regarder une autre femme que celle qui a l'air d'une meringue à côté de lui... D'ailleurs tu es sur d'avoir bien réfléchi, garçon? Non je dis ça parce que la demoiselle d'honneur, celle avec les gros seins, là, elle te regarde pas mal depuis tout à l'heure... Tu veux vraiment rester avec elle tout ta vie?
- Euh... je... en fait...
- Goujat! "

Et elle lui retourne une mandale telle que j'en grimace presque de douleur pour lui. Je crois qu'on a fait de l'animation dans ce mariage...
_________________________
(1) Voir épisodes précédents. En fait c'est moi qui l'ait traumatisée, la vieille, mais Enki n'était pas contre, c'est elle qui me l'avait demandé même. Enfin, peut-être pas de lui faire faire un arrêt cardiaque, comme c'est arrivé, mais même...
(2) Ca veut dire que je peux rien casser, c'est pas cool.
(3) Ca me fait beaucoup penser à des situations HRP...
(4) Là moins. patapé ma chérie...

J’assimile. Pas vite je vous l’accorde mais l’important c’est que dans un laps de temps plus ou moins long je vais comprendre.

Là ce que je comprends c’est que Kaev à changer la donne vu que la nana en blanc est maintenant remplacée par la nana en rose.

« Ça a l’air sympa comme jeu ! Voudrais bien essayer ! »
« Rêve pas. »
« Pourquoi ? »
« Parce que je pense pas que quelqu’un soit assez dingue pour tenter ça avec toi. »
Ouais…la je crois que j’ai comprit.
« Remarque a priori personne est assez dingue non plus pour faire ça avec toi… »
« Mange si tu tiens à ta tête. »
Touché.

Le mariage continue donc…le plupart des invités picolent comme des trous pendant que d’autre gribouille les menus pour changer le nom de la mariée.
« Pas facile de changer Antigone en Gwendoline… »
« Tu as des activités passionnante Enki »
« tsss. On fait quoi après ? »
« Mange bois je t’explique après »
« Tu vas me jouer un sale tour. »
« Je vais tenter de me débarrasser de toi en te ramenant chez ton père. Appel ça comme tu veux. »
« Un sale tour. »

« y’a un l’zar dans l’mariage ! un…gros l’zard ‘vec une….heu…je sais pas…t’es qui ? »
« Enki-o-Shaolante »
« ‘nkiosahante..saho...chao...'nki... Bien…j’chui enchanté…chui..heu…qui j’chui ?..ah oui r’bert. »
« salut r’bert. »
« t’viens dans ma chambre ? »
« Hein ? Pourquoi faire ?… »
« Tu vas nulle part. Et toi tu vas voir ailleurs ! »
« Pas la peine d’s’nerver ! »
Je regarde R’bert zigzaguer jusqu'à la prochaine table. »
« Tu l’as fait fuir. »
« C’est pour ton bien. »
« N’empêche que lui il était assez dingue pour venir me voir. »
« Assez saoul surtout. »
Ce n’est pas faux.

Je regarde le marié qui s’approche.
« Je voulais vous remercier… c’est grâce à vous que j’ai échappée à Antigone pour me retrouver dans les doux bras de Gwen… »
« La peste ou le choléras … »
« Quoi ? »
« Je dit c’était un bon choix. »
« Oui…et nous allons vivre des jours merveilleux. Merci »
« Bien du plaisir.»
Le marié s’éloigne en trottinant.
« Tu as rendu quelqu’un heureux. »
Il me regarde et me sert un verre.
« Tu as encore pleins de choses à apprendre. »

Je lève une ou deux fois mon verre à la santé du nouveau couple, qui semble-t-il n'a pas bien compris le sens de mon intervention... Je voulais le faire méditer sur la cruauté du mariage, du fait de n'avoir qu'une seule paire de fesses(1) à regarder pour le reste de ses jours, et de la possibilité qu'il avait de ne pas renoncer tout de suite à la liberté... Au lieu de ça il a préféré tout simplement changer de partenaire. Bon, s'il est heureux comme ça, tant mieux, mais je vois déjà la mégère que va devenir la pétillante demoiselle d'honneur qui frétille à son côté... Pauvre garçon.

Enki, bien entendu, est aux anges. Dès qu'il y a une connerie romantico-gluante couleur rose bonbon dans les parages (ce qui, contrairement à l'épisode du banc, ne peut l'éduquer sur les choses de la vie, mais passons...), mademoiselle a les yeux et la truffe humides et renifle bruyamment quand monsieur embrasse madame pour la quatorzième fois, tout comme les treize fois précédentes, d'ailleurs. Aux anges, je vous dit. Le genre qui doit pleurer de bonheur devant les films avec Hugh Grant. Vomitif.

"Tu sais que tu as l'air parfaitement stupide?
- Ca t'arracherait le museau d'être gentil avec moi une fois dans ta vie?
- J'en sais rien, je devrais sans doute essayer... Mais comme je tiens à mon museau plus qu'à une relation amicale avec toi, je ne prendrai pas le risque.
- M'aurait étonné.
- Tu es obligée de couiner quand il l'embrasse?
- Tu peux pas comprendre, c'est si beau!
- Quoi? Les fausses fleurs, l'air béat et crétin des mariés, les potins des familles qui se détestent déjà, les pleurs de la mariée répudiée ou les macula de vomi de R'bert et des autres losers de la salle?
- Tu as autant de romantisme qu'un pot de géranium.
- Certes. Bon, on s'en va? J'ai la bouteille, on va pouvoir commencer le rituel... "

Et je me lève.

Grave erreur. Quand on fait deux mètres, qu'on est rouge et qu'on est une Salamandre, bref quand on ne passe pas franchement inaperçu, on fait gaffe pour s'esquiver d'une noce. Et j'ai oublié cet enseignement élémentaire... Alors que je prends conscience de mon erreur, ce que je redoute se produit, bien entendu.

"Eh, mon ami! Fais-nous un discours! fait le marié virant sur le bleu, au bord de l'asphyxie tant la mariée semble effectuer tous ses processus de respiration dans sa bouche.
- Un toast, un toast, braillent les autres membres de la noce, y compris Enki qui ricane perfidement.
- Euh... Vous y tenez vraiment?
- OUAAAIIIS! hurlent ces poivrots.
- Bon... Alors je lève mon v... ma bouteille à la santé des jeunes mariés. Puissent-ils mourir dans d'atroces souffrances d'ici trois ans, avant que la routine ne s'installe.
- ...
- On dit que le mariage, c'est une femme de plus et un homme de moins... C'est faux: le mariage, c'est deux humains de moins. Avis aux amateurs de génocide de masse: voici l'arme ultime pour transformer des amoureux libres et idéalistes en veaux engoncés dans leur rassurant quotidien...
- ...
- Quoique, le problème posé dans ce système d'élimination en masse de la volonté de vivre humaine est la probable naissance d'un quelconque rebut de gamètes, qui auront esquivé avec fourberie le stérilet de madame... Dites-moi, vous comptez bien avoir des gosses? Ne répondez pas, j'ai ma réponse en contemplant votre sourire niais et réjoui... Je vous souhaite bien du plaisir, pour faire rentrer votre progéniture dans le moule percé qui vous a mené jusque devant cet autel.
- ...
- Je vous souhaite donc bien du plaisir, et j'espère sincèrement que d'ici que vous ayiez envie de vous égorger l'un l'autre, le divorce aura été inventé dans ce monde. Comme moi et Enki (le truc roux, là) ne seront plus là pour voir avec vous la suite de vos aventures, je vous souhaite des bonnes disputes, de bonnes crises de la trentaine, quarantainte et cinquantaine, si jamais vous tenez jusque là sans préférer le suicide au domicile conjugal ; une bonne ménopause pour madame, une bonne infection de la prostate ou du côlon pour monsieur, une bonne descente aux enfers niveau financier avec l'éducation des gosses, une bonne convalescence lorsque vous serez devenus des impotents boudés par vos enfants, et un bel enterrement, où tout le monde fera hypocritement semblant de vous regretter, en se réjouissant secrètement de passer le reste de son existence sans voir vos têtes.
- ...
- Bonne vie, profitez de votre nuit de noces, c'est le seul moment qui vaille le coup dans toute cette histoire. Adieu, et pardon de vous avoir poussés dans cette galère. "

Et je quitte la fête, Enki à ma suite.

"C'était... ignoble!
- Je sais. Mais je les avais prévenus.
- C'était trop dur à supporter d'avoir été une bonne chose dans la vie de quelqu'un?
- Si tu le dis...
- T'es vraiment la pire chose qui me soit jamais arrivé!
- T'en fais pas, je te promets que je ne ferai pas de discours à ton mariage...
- D'avance, merci.
- Je t'aurais tuée avant, je crois... Ou alors on aura fini par se séparer. Et de toutes façons, quel abruti aurait envie d'épouser une potiche dans ton genre?
- Charmant. Tu devrais tenter une carrière de poète.
- J'ai essayé. Mais on m'a viré quand j'ai crâmé un critique littéraire.
- Tu me désespères.
- C'est réciproque. "

C'est fou comme les dialogues avec Enki ne font pas avancer l'histoire, pas vrai?

(1) Et c'est pas la taille qui compte.

La mort serait peut être une délivrance.
D’un autre côté vu l’humour douteux des dieux je dois avoir une chance sur un million (1) de me retrouver dans l’eau de là (2) en compagnie de Kaev.
Je ne préfère pas tenter le coup.
Après tout en vie je peux encore essayer de trouver le mot de révocation ou mieux le perdre dans un plan …

« Sopalin ! »
« Non…c’est toujours pas ça. »

C’est pas grave je ne m’avoue pas vaincue. (3) même si j’ai l’air ridicule.(4)

« Tu as un drôle de sourire. »
« mwa ? »
« Oui. Un sourire un peu…glauque. Voire sadique. »
« Tu as pas du voir beaucoup de salamandre sourire. »
« Certes. Je te l’accorde. D’ailleurs d’habitude tu ne souris jamais. Ça devient flippant. »

Je me demande si lui faire remarquer était une bonne idée.
En plus de sourire il jubile maintenant.
Il a une idée derrière sa caboche j’en jurerai.
Un geste suspect vers moi et je prends la tangente.
J’ai l’habitude je faisait ça en TE (5) de magie aléatoire. C’est comme ça que j’ai évité le sort de saute moutons (6) un jour…remarquez c’est comme aussi ça que je me prenait ceux qui ne m’étaient pas destinés.
C’est comme courir sous la pluie. On se dit que ça va plus vite donc on est moins mouillé mais en fait on se prend les gouttes qu’on ne se serait pas prises si on s’était contenté de marcher.

« Tu réfléchis là ? »
« Oui pourquoi ? »
« Tu grimaces »
« Charmant. »
« Horrible je dirais moi …mais bon chacun sa vérité » (7)

J’hausse un sourcil. Puis les épaules.

Après avoir tournés quatre fois à gauche Kaev s’arrête enfin.
A priori il a l’air content de là ou il est.
A priori il ne s’est pas perdu…comme quoi les dieux ont un sens de l’humour conventionnel parfois.

« On s’arrête la ? »
« Oui. »

Je regarde (8 ).
Donc en fait nous sommes dans un cul de sac avec des poubelles sur le mur gauche surmonté par un greffier orange et noir qui semble rechercher vainement de quoi grailler dans un sac poubelle.
A notre droite on remarque un splendide mur de briques rouge…à vu d’œil je dirait qu’il y en a trois mille empilées de manière a former un mur bien pratique pour quiconque ne cherche pas à l’escalader.


« J’aime pas trop quand tu me regarde comme ça. »
ça s'annonce mal.
« mwa ? »
« Kaev …c’est un ordre direct je murf murf murf !!!!! »







(1) comme chacun sait une chance sur un million se réalise neuf fois sur dix.
(2) paradis supposé des mages. On suppose personne en ai jamais revenu…sans doute mort noyé.
(3) même pas hrp. Enfin ça dépend des fois.
(4) toujours hrp. Enfin ça dépend des fois.
(5) travaux encadrés…appellation abusive si vous voulez mon avis étant donné qu’aucun prof n’acceptait de rentrer dans la salle de cours…sauf sous la menace de suppression de ces vacances.
(6) oui c’est exactement ce à quoi vous pensez.
(7) made in kaev hrp.
(8 ) vous comprenez bien que ce n’est qu’une vile excuse pour décrire le paysage succinctement afin que notre noble salamandre ne vienne pas râler … c’était bien ta soirée ?

Ouf... Alors là je l'ai échappé belle. Il aurait plus manqué qu'elle m'ordonne de ne pas la toucher et c'était définitivement mort pour rentrer à la maison.

La main fermement plaquée sur la bouche d'Enki, elle-même plaquée contre mon torse pour que je puisse avoir une main libre, je fouille son sac pour récupérer les outils nécessaires, puis vide d'un trait la bouteille d'alcool au fond de mon gosier. Ca fait du bien.

Ma vision se trouble légèrement mais il me reste assez de lucidité pour m'entailler le bras d'un coup de griffe. Je laisse se déverser le sang le long de ma peau jusqu'à la bouteille vide que je tiens au bout de la main. Enki, horrifiée, gigote de plus en plus. Elle tente la manoeuvre désespérée, à laquelle j'aurais du me préparer: elle insinue sa langue entre ses lèvres et en appliques quelques coups bien gluants sur ma paume. L'effet est parfaitement répugnant, on a l'impression d'avoir une limace entre les doigts.

Chochotte peut-être, n'empêche que c'est dégueu, alors je la lâche.

"C'est dégueulasse ce que tu fais!
- N'empêche que ça marche!Et maintenant je t'ordonne de glup grmf mmmmmh!
- Avale pas, c'est un entonnoir.
- Xrgmf!
- Je sais, moi aussi.
- Mmf.
- Ah tiens on a oublié de le laver... Essaie de ne pas penser à l'endroit où il était inséré avant ta gorge...
- Muh? MMMMRGHFPGF!!
- Arrête de bouger. "

La bouteille est à moitié pleine de mon sang, un épais liquide noirâtre. J'applique un pan de la robe d'Enki contre ma blessure pour l'éponger. Elle a pas l'air heureuse, encore.

"Tu préfères que je meures exsangue sur le pavé?
- Mh.
- Je suis content de pas avoir eu ta réponse, en fait. Arrête de bouger je t'ai dit, et avale.
- MMMMMHUFF! "

Je crache un bon coup dans la bouteille sous les yeux exorbités d'Enki, verse le mélange dans l'entonnoir et touille avec la cuillère pour le fluidifier. Ma maîtresse avale les larmes aux yeux la préparation. J'ai un peu la tête qui tourne. Entre l'alcool et la perte de sang...

Une fois l'entonnoir vidé, je relâche Enki, suffocante. Je vois des mouches dorées...

"T'es un grand malade!! Pourquoi t'as fait ça? Tu... Euh... Kaev? Ca va pas? T'es tout pâle... Kaev... Que...
- Mf. "

Noir.

Procédons par ordre.
1. reagir.
2. vomir
3. réveiller Kaev afin d’exécuter la phase quatre.
4. le châtier.
5. le châtier jusqu'à ce que mort s’en suive.

Phase 1.
Ouille.

Phase 2.
J’ai jamais vomi de ma vie.
En plus ce n’était pas trop infect, étrangement on aurais dit…du soja (1) .
Tiens, il m’en reste sur la manche. Hum…ouais genre yaourt au soja (2)

Phase 3.
« Oh ! Un bébé elfe !!! »
« hufr ? »

Phase 4.
« Je te déteste ! Espèce de psychopathe ! J’aurais du laisser les deux guignols t’embarquer ! Mécréant ! »
Et sur ce je me défoule en le cognant avec ma godasse. (3) j’aurais bien fais ça avec le pied mais je suppose que je vais encore en avoir besoin.

Phase 5.
« Espèce de… »
« ‘nki ? »
« Oui ? »
« argh. »
« Bon retour à la réalité ! »
« aaaargh. »
« Ton agonie sera longue et douloureuse en ma compagnie. »





(1) chacun ses goûts…
(2) un peu périmé je vous l’accorde.
(3) oui je sais c’est pas vraiment une forme de torture mais il faut imaginer l’odeur qui s’en dégage.

Imaginez l'horreur: vous émergez d'un coma, et la première chose que vous voyez c'est le visage larmoyant de la personne que vous aimez à peu près autant que les épinards quand vous étiez petit (1)... Ca fait pas du bien.

"Argh.
- Tu l'as déjà dit ça.
- J'veux mourir.
- Quand tu veux. Refais-moi le coup du transfert de mana et je te jure que je te foudroie sur place.
- Tué par toi, ça va pas non? J'ai ma fierté.
- Je te hais.
- J'avais cru comprendre. Mais c'était pour ton bien.
- Ah, me faire boire de force un mélange ignoble de ton sang et de ta bave c'est sensé être bénéfique?
- C'est pour le rituel, tu dois avoir du sang de créature du chaos en toi pour y survivre.
- Et tu pouvais pas me le demander?
- Tu aurais accepté?
- ...non.
- Bon alors.
- N'empêche que je te hais.
- Ca ne change pas beaucoup mon quotidien.
- Relève-toi.
- Oui maîtresse.
- J'adore ces mots.
- C'était ironique, j'étais déjà en train de me lever.
- Même. "

Je m'époussette et soigne d'un geste ma blessure, qui cicatrise immédiatement dans un grésillement.

"Tu sais soigner?
- Oui.
- Avec le nombre de fois où tu m'as cassé le nez, tu n'as jamais pensé à me guérir avec ta magie?
- Non.
- J'ai du supporter de sentir la poule moisie, alors qu'en claquant des doigts tu m'aurais recollé le tarin! Mais t'es vraiment...
- Ce mode de soin de fonctionne que sur les créatures ayant le sang chaud.
- Je suis une humaine, j'ai le sang chaud.
- Combien?
- Hein? Euh... Entre 36 et 37 je crois.
- Ca c'est du sang froid. Je parle du VRAI sang chaud. Le mien chiffre à 87 degrés, et ça a un peu brûlé quand je me suis soigné. Crois-moi, tu n'aurais pas voulu que je te guérisse.
- J'en ai marre. "

Je laisse ma maîtresse à mon désarroi et dépose la bille à mes pieds, à côté de la boussole. Je ferme les yeux et lève les mains, et...

"Pourquoi tu fais ça?
- Hein? Euh... Ca fait plus classe non?
- Tu sais, j'ai loupé huit fois mes exams de magie appliquée, et je peux te dire que ça m'impressionne pas. Pas plus que ça n'impressionnait mes profs, d'ailleurs. Fermer les yeux et lever les bras ça faisait jamais léviter les théières.
- Bon, ça va... "

Je prends une posture plus conventionnelle, les bras croisés, et psalmodie les premières incantations. La bille commence à rougeoyer, l'aiguille de la boussole s'affole... Enki frissonne.

"Tu es sur de...
- ...ealwei nuncae synaeli rhona têt...
- Kaev... Euh...
- ...tikaundo znex earin...
- Tu penses pas que...
- Theli... mais rhaa tais-toi tu vas tout faire foirer!
- Mais je... Euh... Oh oh...
- Quoi encore?
- Je crois que t'aurais pas du t'arrêter de parler en fait... La bille devient verte...
- Oh non...
- Ben... si...
- ENKI JE VAIS TE TUER!! JE VAIS... "

ZOUIIIIIIIIIZZZZZZZZZZ

(1) Remarque HRP j'adore les épinards... On s'en fout, je sais, mais je précise quand même.



(La suite sur Bahagon: http://www.bahagon.com/forumagon/viewtopic.php?t=101

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