Les dieux doivent bien rigoler...

Je tape sans conviction dans ma tartine de Nutelbip (1).

« - fa fait un fotal de combien fout ça ? (2)
- A vu d’œil ?... 40 000 calories.
- je parlais de l’alliance. (3)
- ah. 4 alors.
- Avec le lapin ?
- avec le lapin. »

Ca veut dire qu’il ne l’a pas encore zigouillé.

« - ça va suffire ?
- A faire un Cap’s ? De toute façon tu vas perdre. Tu fais toujours exprès de perdre.
- Je parlais de repartir.
- Ah. Faudrait que d’autres illuminés se présentent pour être sur. »

Ca veut dire que pour le moment, on est mal.

Je contemple les volutes de fumée de mon chocolat chaud.
Je lève les yeux vers Kaev. Il a le regard serein du mec qui sait que de toute façon ça ne peut pas être pire.
« Tu as le regard serein du mec qui sait que ça peut pas être pire.
- certes. Quoique ça pourrait être pire, on pourrait encore atterrir dans un autre plan et je serais obligé de te supporter.
- certes. On pourrait aussi rester là et finir en petit bout de rien collés l’un à l’autre. »

*boarf*(4)

Il me regarde.
« Impossible.
-d’après les livres si.
- Ça serait vraiment un manque de chance de finir…
Il fait un vague geste des mains.
- encastrés ?
- oui !
- certes. Ça serait sacrément pas de pot. D’ailleurs les chances…heu…les risques que ça arrive sont minimes.
- mais réelles...
- Je ne te le fais pas dire. »

Il lève le nez et joue avec son couteau en le pointant vers moi.
Ça veut dire qu’il réfléchit.

« Tu crois que...étant donné le manque de chance chronique…
- ah coup sur. Promet moi de te laver les dents avec de finir en miette. »

Il se lève brusquement, me regarde, grimace, prend sa tartine et prend la tangente.

Ca veut dire qu’il va essayer de trouver une solution.(5)

Je reprends ma tartine.
C’est trop facile.






(1) c’est pareil que ce à quoi vous pensez mais avec de la censure dedans.
(2) mode dialogue nutelbip : On.
(3) mode dialogue nutelbip : Off.
(4) si quelqu’un a une meilleure onomatopée pour le recrachage de tartine de confiture ---> MP.
(5) ah les joies de l’inférence.

Et voilà, devinez qui doit encore se taper tout le boulot? On a un nécromancien qui débarque dans pas bien long, un lapin démoniaque qui cherche des carottes dans les couloirs, et qui c'est qui va s'en occuper? Moi. Et en plus cette nouille a réussi à me coller l'appréhension... Voir un fragment de mon âme collé à la sienne... Sinistre fin.

Et toi qui nous lit, lecteur attentif, ne néglige pas le pouvoir de la malchance. Car la guigne nous poursuit avec l'insistance mesquine d'un chewing gum sous une semelle depuis que nous nous sommes rencontrés, et c'est pas du pipeau.

Je me tourne vers la cuisine et jette un oeil vers elle. Elle me rend un sourire collé à la pâte à tartiner, les dents brunes et les lèvres visqueuses. Non, une déveine pareille, c'est pas du pipeau...

Je me dirige vers la bibliothèque en ruminant de sombres pensées, quand soudain je prend conscience d'un fait. J'ai l'étrange sensation qu'elle s'est servie de moi pour me faire faire le boulot à sa place, pendant qu'elle glande...

Remarque au vu de sa tendance à provoquer catastrophes sur catastrophes, vaut mieux que je gère les trucs importants... Mais je déteste me faire manipuler.

J'oriente donc subtilement mon trajet vers les écuries, choisis un cheval ailé qui semble assez solide (1) et l'enfourche. Il est temps d'aller visiter mon royaume. Après tout j'en suis le dieu, c'est des choses qui se font, d'aller de temps en temps passer le bonjour aux fidèles croyants...

Je m'envole vers le Nord glacé et, étant donné que la partie de mon cortex dédiée au sens de l'orientation rivalise en taille avec celle de la pitié et de la gentillesse avec Enki, je me retrouve après trois heures de vol (2) au bord de la plage à l'extrême Sud de Thessalie.

Histoire de me passer les nerfs je tape le cheval volant. Qui meurt subitement, sous le prétexte fallacieux qu'un de mes coups lui a arraché la tête. Et donc je tombe.

Reste zen, Kaev, le sol n'est qu'à cent mètres de distance, tout va bien.

Je claque des doigts, et un énorme scarabée luisant et bourdonnant apparaît sous moi. J'atterris dessus avec agilité (3) puis le saisis par les antennes et l'oriente vers le Nord.

Après avoir visité des coins de Thessalie qui n'avaient rien à faire sur un itinéraire Sud-Nord, je parviens enfin à mon royaume, après une dizaine d'heures de trajet seulement.

Je me pose sur un gros rocher qui surplombe la petite ville que je dirige maintenant. On me reconnait, m'adule, m'admire, m'acclame, enfin tous ces trucs sympa qu'on apprécie quand on rend visite à des gens.

"Glorieux Kaev, prince de...
- Juste prince?
- Pardon... roi du monde, Dieu sur terre, puissant parmi les puissants, sois le bienvenu dans ton humble royaume. Puissent tes pas bénir les...
- Bon, abrège. Vous en êtes où?
- Euh... Nous avons suivi vos ordres, les bâtiments se construisent et les armées s'assemblent...
- Bien. Quand vous aurez cinq minutes vous irez attaquer les Elfes les plus proches, vous serez gentils.
- Bien, puissant Kaev.
- Bon, c'est pas tout ça, c'est gentil chez vous, mais je dois y aller.
- Déjà? Vous ne voulez pas visiter vite fait vos possessions? Et vous prendrez bien un petit hydromel, pour la route?
- C'est pas très raisonnable, mais bon... Allez, une bouteille ou deux, pour faire bonne mesure... "

Je bois à la santé du royaume, et à la mienne tant qu'à faire, baptise deux-trois nourissons, inaugure une caserne et flambe quelques hérétiques pour assoir mon image, puis rentre sagement à la maison, avec quelques bouteilles pour la route.

Après seulement six heures de trajet, j'arrive enfin au palais de la Delirium Team. Il fait nuit, on doit approcher les premières heures du matin. Je gare mon scarabée sous un arbre, m'approche sur la pointe des pieds, ouvre la porte qui me semble grincer atrocement, et me dirige vers ma chambre.

Avant que j'aie pu entrer à l'intérieur, la lumière s'allume et la voix d'Enki retentit.

"Où t'étais?
- Euh...
- Tu es allé boire avec tes amis! Ne mens pas, tu sens l'hydromel à plein nez!
- Et alors?
- Alors?? Alors j'étais morte d'inquiétude, je croyais que tu étais mort, ou pire, que tu m'avais laissée tomber! Je t'ai cherché partout! Tu étais pas sensé ne pas pouvoir t'éloigner de moi de plus de quelques mètres??
- Tiens c'est pas faux ça...
- Tu pourrais au moins penser un peu à moi!!
- Tu peux te pousser de mon lit? J'ai sommeil...
- C'est ça, va dormir! Ca ne se passera pas comme ça! "

Et elle sort en trombe. Il y aurait une porte elle l'aurait claquée.
J'ai l'impression d'être revenu à la période sombre de ma vie, à l'époque où j'avais une femme à la maison... Funeste journée...
_______________
(1) Même s'il est rose avec des étoiles brillantes dans la crinière. Devinez qui a créé cette merveille...?
(2) Car un cheval volant va nettement plus vite qu'une troupe armée qui va attaquer un royaume en battant la cambrousse.
(3) c'est-à-dire que j'ai le souffle coupé pendant seulement dix minutes.

Bon sang cette fois j’ai vraiment crue qu’il m’avait lâché. (1)

Je regagne ma chambre du pas leste qui me caractérise et me jette sur le lit de la manière la plus gracieuse qui soit (2). Le matelas me répond par un grincement des plus vexant.
Encore un couinement comme ça et il va finir dans de sales draps (3) c’est moi qui vous le dit.

Je m’enfoui dans les oreillers à la recherche du sommeil.
Il a dû avoir peur des plumes parce que je le trouve pas.
Je me retourne…

N’empêche je me demande jusqu’ou Kaev est allé… le coup de " je peux pas décarrer loin de mon invocatrice " je suis sure que c’est du flan…
Tiens ça me donne une idée.

Je saute de mon lit enfile mon écharpe et détale dans les couloirs jusqu'à la porte d’entrée.
« On va voir si c’est vraiment du flan !
- plait il maîtresse ?
- j’ai besoin d’un cheval!
- Heu … nous n’en avons plus de disponible.
- comment ça ?
- il semblerai que… le grand Kaev… est…décapité Prune.
- oh ! Alors là… il a intérêt à m’en refaire un.
- il reste une citrouille Madame.
- ça fait pas un peu cliché ?
- certes. Mais efficace… si vous revenez avant minuit, ce qui vous laisse du temps.
- soit. Allons y pour la citrouille alors. »

Je m’assoie dans la cucurbitacée. Bon, ça sent la soupe, mais c’est pas inconfortable.
« Où la grande Enki souhaite elle se rendre ?
- heu…loin !
- vers le sud ?
- heu… c’est dangereux le sud ?
- non… enfin ça dépend jusqu’ou on va…les gens sont étranges et parlent fort…
- ah. Allons vers l’Ouest alors.
- sage décision.
- c’est parti !
- les mots Mâdame ?
- les mots ? Heu… fouette cocher ?
- merci madame. » (4)

La citrouille s’en va à font les …les…je suppose que ce sont des roues…
Je me marre, on va bien voir jusqu’où on peut se séparer…
« Ça fait combien de kilomètres là ?
- ça se compte plutôt en mètres là Madame.
- ah. »

Je crois que j’ai retrouvé le sommeil, en fait il était dans la citrouille.
Je m’endors donc chaotiquement à travers deux nids de poules (5)… pour me réveiller quelques heures plus tard…par un cri étrange qui viens de derrière.

« Vous pouvez arrêter…le…l’engin.
- nous avons quelqu’un au fesses Mâdame »

Il a pas l’air rassuré. Je sors du légume et fais quelques pas dehors en regardant derrière.
C’était peut être pas une si bonne idée que ça de partir seule…sans arme…sans guerriers…dans une citrouille…en pleine nuit… dans une contrée désertique… seule…argh…je…

« EEEEEEEEEEEEEEEEENKiiiiiiiiiiiiiiii ! (6)
- ah voilà Kaev ! C’était pas du flan ! »

Je regarde le cocher avec un sourire radieux puis me retourne vers la créature rouge qui cours comme un fou à travers la lande.

Je sens que je vais me marrer.






(1) HRP j’ai l’habitude…
(2) oh ça va… c’est moi qui écris !
(3) oui je sais c’est un peu abusé pour arriver à un jeu de mot aussi pourri.
(4) foutus clichés.
(5) foutus gallinacés.
(6) j’ai bien retenue la leçon on double que les voyelles pour faire crier quelqu’un. (7)
(7) que je n’en vois pas un sourire de travers ok ?

Je vais l'exterminer.

Laissez-moi vous raconter la nuit fabuleuse que je viens de passer, que vous compreniez bien mon état de nerfs.

J'étais donc tranquillement en train de chercher le sommeil, et coup de bol je l'avais trouvé rapidement. Comme d'hab, après tout j'avais bu. Bref.

Et quelle ne fut pas ma surprise (1) de me sentir brutalement tiré de mon lit par une force invisible, alors que les quatre heures du mat sonnaient à peine. J'ai eu beau résister, je me suis senti irrémédiablement poussé vers la fenêtre (2), sans pouvoir faire demi-tour. Le temps que j'émerge et j'étais propulsé à l'extérieur du château. Du troisième étage, parfaitement. Et j'ai atterri dans... Non, je préfère ne pas en parler (3). Bref, j'ai finalement réalisé que c'était le champ de convergence d'Enki qui me ramenait vers elle. Et comme je m'éloignais de plus en plus du palais, la conclusion s'imposait: cette saleté avait joué la fille de l'air (4).

Et comme elle avait l'air d'avancer assez rapidement, j'étais poussé tout aussi rapidement. Ce qui était donc fort désagréable, vous en conviendrez.

J'ai donc sifflé mon scarabée et ai suivi la trace d'un... d'un je-sais-pas quoi qui dégageait malgré tout une forte odeur de soupe. A ce moment, je me souviens avoir espéré qu'elle n'ait pas emprunté le chaudron des cuisines pour l'ensorceler.

Après quelques heures de trajet, pendant lesquelles, détail amusant, mon insecte géant mourut d'épuisement, j'ai fini par en avoir marre et lancer un sortilège assez amusant qui augmente ma vitesse de déplacement. Un sort de rapidité. Un peu comme les bottes du même nom, que nombre d'aventuriers de toutes contrées apprécient.

Et donc j'ai fini par retrouver ma magicienne, assise sur une citrouille roulante montrant les premiers signes d'épuisement de sortilège.

Ainsi, ahanant (5), je me retrouve au milieu de nulle part à dévisager ma maîtresse, goguenarde. Mais croyez moi elle va pas le rester longtemps.

"Tu sais... que j'ai... envie de te tuer?
- Vi.
- Tu sais... que je ne peux... pas le faire?
- Vi.
- Tu sais... que je peux... faire bien pire?
- Euh... Sans doute...
- Tu devrais surveiller la fraîcheur de tes citrouilles...
- Pourquoi?
*clac*
- AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!!
- Vengeance. "

Car des centaines d'araignées de toutes tailles (6) viennent de sortir de la courge orangée, accompagnées avec une certaine galanterie par pléthore de gros vers blanchâtres qui se tortillent allègrement sous les fesses d'Enki (7). Je jubile. (8 )


(1) C'est moi qui raconte, si mes tournures de phrases sont vieillottes ça ne regarde que moi.
(2) J'ai eu du bol, ça aurait pu être le mur.
(3) N'insistez pas.
(4) Et dans ce cas je plains l'air...
(5) Car le sort de rapidité ne supprime pas la fatigue...
(6) Mais surtout des grosses, quand même, avec plein de pattes velues.
(7) S'il y en a qui croient que HRP je suis obsédé par les fesses d'Enki, eh bien je dis à ceux-ci... qu'ils n'ont pas totalement tort...
(8 ) En outre je lui laisse le soin de poursuivre l'histoire. Mouahahaha...

Et me voila partie pour faire deux trois tours de citrouille en courant et en gigotant des mains afin de me débarrasser de ces saloperies de trucs à patte (1) suivit par mon humble serviteur qui, allez savoir pourquoi, me suis dans mon arachnifugage (2) en pensant sans doute que je m’adonne à quelque rituel sacré. (3)

« Je te hais copieusement !
- moi de même ! »

Je me plante devant lui suivit de prés par Nicolas (4).

« C’est de ta faute aussi ! Si tu décarrais pas comme ça à t…c’est quoi que tu as aux pieds ?
- des chaussettes.
- depuis quand tu portes des chaussettes ?
- depuis que j’en fabrique à ma taille.
- mais je ne t’ai jamais vu avec !
- C’est normal. »

Je le regarde puis regarde Nicolas qui se marre en douce…
« Tu dors avec des chaussettes !
- mais heu …n’importe quoi !
- …et c’est quoi que tu planques derrière ton dos ?
- Rien !
- montre !
- Enki ! Ne m’oblige pas à te taper.
- comme si tu te forçais d’habitude.
- certes non mais…
- c’est un bonnet de nuit Madame ! »

Kaev se retourne vers Nicolas et l’assomme d’un revers de la main avant d’opérer un demi- tour pour me regarder droit dans les yeux.
« Tu disais ?
- Je crois que tu viens d’assommer Nicolas.
- c’est possible oui. Mais avant tu disais ? »
C’est le moment de la jouer soft.
« Que …je saurais quoi t’offrir à ton anniversaire maintenant. »

Rattrapage bidon qui en vaut un autre me direz vous et qui me rapporte un grognement dans les règles.
Je devrais toucher une prime de risque pour me coltiner une salamandre tel que lui.
Ou avoir la retraite à 155 ans.

Je ramasse mon sac en tachant de faire disparaître de ma tête la vision du pure atrocité qu’on du voir les serviteurs de la délirium à 4 heures du mat’.
Je vais encore devoir distribuer des jours de récup.

« On fait quoi maintenant ?
- c’est toi la maîtresse. C’était quoi la suite de ton plan ?
- On rentre, je voulais juste voir si tu ne me prenais pas pour une bille avec cette histoire de distance.
- rassurée ?
- rassurée je sais pas si c’est le mot…avec le regard que tu me jette préférerai m’éloigner un peu mais bon.
- c’est légitime je suis à deux doigt de te flamber.
- mais tu le feras pas.
- ah non ?
- non parce que c’est un ordre direct…me touche pas, me crame pas, ne m’assomme pas…heu…
- autre chose ?
- laisse moi réfléchir.
- réfléchis bien ».

C’est étrange je le sens mal.
Je sens que quoique je dise il va trouver la faille…
tant pis...

« Tu as des pompons à ton bonnet ? »






(1) c’est un fait. Une créature ayant 8 pattes c’est pas naturel…ou du moins si ça l’est mais c’est super flippant.
(2) y’a un copyright sur ce terme.
(3) remarquez c’est assez ridicule pour le devenir.
(4) le cocher pour ceux qui se demande…les autres vous pouvez vous rendormir…

Je le savais bien que j'aurais du me débarasser de ces trucs... Mais que voulez-vous, j'ai les extrêmités sensibles (1).

Je jette un regard noir-pas-content-je-suis-méchant-m'embête-pas à ma maîtresse, puis regarde autour de moi. Ca ressemble à un paysage désertique. Avec du rien du tout devant, derrière, à gauche et à droite. Bref, on est bien perdus, on n'a plus de moyen de transport et j'ai les nerfs.

"Tu sais par où on est arrivés?
- Euh... Non, je dormais. Et toi, tu te souviens pas d'où on... Mouahaha, non oublie, j'ai rien dit.
- Tu serais presque vexante.
- Certes.
- Bon, on fait comment pour rentrer?
- Je sais pas, c'est toi l'archimage niveau bloqué qui lance des sorts du chaos de la mort, qui flambe tout, qui tourne et qui fait des bulles... (2)
- Sauf qu'on est perdus, et malgré mon grand sens de l'orientation je doute de réussir à retrouver le chemin... Arrête de rire!
- Mouahaha... Hum... Ben on peut demander à Nicolas de nous ramener? il doit savoir par où on est venus.
- Sauf qu'il est assomé là.
- Certes, mais on peut le réveiller.
- S'il rigole encore je lui éclate sa tête. "

Je saisis le corps du serviteur et lui applique deux gifles bien senties. Il ouvre les yeux, me regarde bizarrement, crache cinq dents et se tourne vers Enki.

"Voui, végnérée maîcrèche?
- Euh... Tu pourrais nous indiquer le chemin de...
*SHBUNK*
- Mais t'es dingue! Il a rien dit!
- Je l'ai vu jeter un oeil vers mes pieds.
- En même temps tu le tiens à l'envers c'est un peu normal.
- Ah oui tiens, pas faux.
- Réveille-le. "

Je retourne le larron, lui colle deux baffes supplémentaires, Nicolas crache quatre dents en plus, essaie de faire le point sur ma tête et me sourit de toutes ses dents (3). Il me regarde, regarde Enki, glousse stupidement et se frappe la tête contre son poing fermé.

"Ah bravo, tu l'as rendu idiot!
- Il l'était déjà, il te vénérait.
- T'abuses.
- Gnihihihihi...
- Il me bave dessus.
- Bien fait.
- Tu crois qu'il peut encore nous guider?
- J'en doute un peu...
- Eh, machin!
- Nicolas.
- Ouais, machin... Tu sais par où on est venus?
- Gnihihihihi...
- Je crois qu'il va s'oublier.
- Bravo, tu peux être fier de toi.
- Bof, d'habitude je fais mieux.
- C'est-à-dire?
- En quatre baffes je leur arrache la tête. Là j'ai été cool.
- Je vois ça... "

Je propulse soudain le serviteur à la tête d'Enki, qui comme vous vous en doutez émet un vilain craquement et une plainte indignée.

"Du b'as engore...
- Cassé le nez, oui je sais.
- Je sabais gue du drouverai la faille...
- Merci de ta confiance, maîtresse.
- Z'édait bas un gomplibent. "

________________
(1) Pour les jeux de mots scabreux vous repasserez.
(2) Et c'est même pas une expression...
(3) A savoir plus beaucoup.

Me revoilà avec le nez démoli.
J’aurais dû l’assurer avant de partir.
A mon avis il a un problème avec les nez. C’est peut être parce qu’il en a pas, il est jaloux et il veut que tout le monde soit comme lui …avec un énorme truc tout plat percé de deux trous ridicules pour appendice nasal.
Ça serait beau tiens.

« berrie boi bon nez !
- c’est qui Berry ?
- Kaeb ! Zoigne boi bon nez z’est un orbre birect.
- un jour…un jour…ça marchera plus le coup de l’ordre direct.
- certes. ze zour là ze zerai loin be toi !
- arrête je sens que je vais pleurer de joie rien qu’à l’idée. »

*clac*
Il me regarde avec son sourire narquois.
Je tâte, ça va tout est en place.
Je me demande si à force ça va faire disparaître les taches de rousseur.

« Merci qui ?
- merci les dieux pour qu’un jour ils m’épargnent ta présence.
- très drôle. C’est pas la reconnaissance qui t’étouffe.
- oh pardon. Merci de m’avoir fracasser le nez et d’avoir assommer Nicolas.
- gnihihi ! Ha ha.
- tu râles mais il est encore vivant.
Je regarde consternée le bougre en train d’essayer de se gratter l’oreille avec le pied.
- je me demande si c’est une bonne chose.
- Je ne suis pas rancunier. Si tu veux je l’achève.
- grand seigneur que tu es.
- je sais.
- c’était ironique.
- je sais. »

Dilemme. Occire ou ne pas occire telle est la question.

« On peut encore le ramener.
- hors de question. Il va finir idiot du village.
- et alors ?
- alors on en a déjà un.
- qui ça ?
- toi.
- hum…je ne sais pas ce qui me retient de te casser un genou.
- la certitude que ma vengeance sera terrible. »

Je déteste quand il a raison. (1)

« Alors ?
- alors ça »

*Clac*

« Oh par tout les dieux !
- le problème est réglé.
- tu l’as changé en bonnet de nuit.
- certes.
- et...tu vas le mettre ?
- ça va pas non ?
- ah…finalement tu as une once de générosité.
- je t’ai déjà dis que tu as un humour pitoyable ?
- oui, deux fois par jour. »

Je ramasse donc Nicolas le bonnet de nuit et le range dans mon sac.
« Et maintenant vers l’Est !
- Incroyable. Tu oses me faire croire que tu sais ou nous sommes.
- oui, je suis partie vers l’Ouest donc il faut partir vers l’Est.
- c’est pas logique.
-c’est logique tout ceux qui ont un sens de l’orientation. (2)
-c’est bien ce que je dis. »

En avant toute droit vers le soleil levant. En espérant que ce foutu astre suive le même chemin dans tout les plans…sinon on est mal.




(1) tout pareil Hrp.
(2) Tout le monde à l’exception de Kaev RP et HRP.

Et voilà, encore marcher.

Je déteste marcher. Surtout quand on ne sait pas où on va, ni même pourquoi on y va.

Et encore moins quand c'est Enki qui ouvre la marche.

Parce qu'Enki est mégalomane. Quel rapport, me diront certaines âmes fortes? A ceux-ci je suggèrerais d'abord de se mêler de leurs affaires au lieu de couper la narration aux honnêtes lézards, et ensuite que si on ajoute ce fait à celui qu'Enki est petite et moi grand, que tout à fait logiquement j'ai de grandes jambes et de ce fait Enki de petites, tout s'éclaire, n'est-ce pas?

Non? J'avais oublié que vous n'aviez pas, comme moi, un cerveau à quatre hémisphères (1). En clair, cela signifie que je marche vite derrière Enki qui avance lentement, et que, orgueil hippopotamesque (2) oblige, je n'ai pas le droit de la dépasser.

Pas besoin d'avoir fait math sup pour comprendre qu'il y aura rapidement un problème de distance.

"Arrête de me coller.
- Je fais ce que je peux. Tu marches trop lentement.
- C'est pas vrai, je vais aussi vite que je peux!
- Tu lambines.
- Tu veux pas que je courre non plus?
- Pour que tu t'arrêtes dans vingt mètres, à bout de souffle, rouge, suante et au bord de l'apoplexie? (3) Non merci, faudra que je te porte sinon...
- Remarque tu peux me porter sans que je sois fatiguée, non?
- Je te jure que si en plus d'avoir oublier mon mot de révocation tu te sers de moi comme porteur, j'invoque un démon majeur du treizième siècle dans la salle de bain pendant que tu te douches.
- J'ai jamais connu ce mot de révocation, d'abord. Et puis tu ferais pas ça...
- Tu veux parier?
- Non, je perds toujours quand tu dis ça (4).
- Bon, tu avances?
- Ca va-euh! De toutes façons on n'est pas pressés...
- Pas faux. (5) "

Je pile, regarde autour de moi, repère un arbre rachitique qui dispense une ombre tout aussi anémique que son propriétaire, et m'affale en-dessous, ravi.

"Tu fais quoi là?
- Ben je prends mon temps. Continue tout droit, dans une heure tu as fait la distance que je parcours en dix minutes, et je t'aurais rejointe.
- T'abuses. Tu vas pas me laisser toute seule au milieu de nulle part?
- Ben si.
- Et si on m'attaque?
- Au milieu de nulle part? Et puis je te rappelle que tu es une formidable sorcière aux pouvoirs inégalés...
- La flatterie ne marchera pas. Et puis de toutes façons tu vas te perdre.
- Ben non, il suffit de suivre une ligne droite.
- C'est exactement ce que je dis.
- Tsssss... Allez, avance, je te rejoins dans une heure.
- Promis?
- Promis.
- Tu le jures?
- Sur ta tête.
- ...
- OK, sur celle de Shaalgardt.
- Vendu. "

Et me voilà donc, seul au milieu de nulle part. Je profite de l'air frais et sec, du silence... Je somnole... Je pense à Enki qui trottine sur la route vers l'Est... Ou alors, c'est l'Ouest? Ou bien...

Je me relève. Je regarde autour de moi, et ne trouve bien entendu aucun point de repère. Et ce n'est pas en regardant le soleil que je vais m'y retrouver...

Je cours dans tous les sens pendant une bonne demie-heure, avant de me souvenir d'un fait marquant depuis que je suis arrivé sur ce monde: je suis un dieu. Et un dieu qui se perd, ça le fait pas.

La solution était pourtant évidente: un claquement de doigts, et c'est la téléportation directe vers la Delirium Team. Ce qui me console, c'est que j'y ai pensé avant Enki. La preuve: si elle y avait pensé, elle serait venu me le dire, pour qu'on parte ensemble...

...et c'est toute la différence entre elle et moi.

*clac*

____________________
(1) Que l'on devrait donc appeler des quadrisphères, me diront les mêmes fortes têtes, que je traiterais cette fois-ci de chieurs de première, et qui seraient bien aimables de me laisser raconter mes histoires à ma manière, non mais sans blague!
(2) Les éléphants sont en voie de disparition, on évite de les employer pour tout et n'importe quoi.
(3) HRP... Je ne dirai rien, je tiens à mes genoux.
(4) HRP aussi.
(5) Tout pour ne pas dire "tu as raison", "c'est vrai" ou toute autre expression blessante pour mon ego...

Ça fait bien une heure que je crapahute à travers la lande.

Je me retourne, pas de salamandre névrosée casseuse de nez en vue...
Si ça se trouve il s’est fait attaquer par un gobelin borgne armée d’une pioche…ou par une fouine psychotique. pire ! Il a mangé des champignons pas frais ! Ou alors il a rencontré un mage noir qui l’a transformé en poule d’eau !
…Ou alors moins drôle il a trouvé une façon de rentrer plus vite.

Vais chanter comme ça s’il est pas loin il entendra et il saura dans quel direction aller ! (1)

« C'est un p'tit oiseau qui prit sa volée !
C'est un p'tit oiseau qui prit sa volée !
qui prit sa à la volette !
qui prit sa à la volette !
qui prit saaaa voooléééée !
Il prit sa volée sur un oranger !
Il prit sa volée sur un oranger !
sur un o à la volette !
sur un o à la volette !
sur un ooorangeeeer !
La branche était sèche l'oiseau est…oh oh oh. »(2)
Le fourbe. Il n’a pas osé quand même ?

*clac*

« Marrant mais je savais que tu allais atterrir là.
- tu as osé !
- oui. Je n’allais pas crapahuter dans la lande pendant des heures.
- tu aurais pu me prévenir.
- non ça n’aurait pas été drôle.
- et tu avais promis sur la tête de Shaalgardt…
- …de te rejoindre dans un heure. C’est exactement ce que j’ai fait en venant voir dans le placard. »

Je le regarde. Y’a des jours où j’aimerais être une salamandre rien que pour pouvoir lui arracher les yeux.
Bien sur l’envie passe vite quant on voit tout les inconvénients de se trimballer une queue aussi grande. (3)

« Tu as la tête d’un expérience ratée de Dakryk ce matin.
- je te rassure tu as cette tête en permanence toi.
- tsss. Tu es déplaisant.
- Arrête tu vas me faire rougir. »

Je soupire, emjambe le dernier balai qui me sépare de l’absence de porte et me dirige vers la salle des bains.

« Tu fais quoi ?
- vais prendre un bain avec plein de mousse ! Et toi ?
- je voulais retourner dormir mais après l’image que je viens d’imaginer je risque de cauchemarder.
- ne rajoute rien tu vas être désagréable. »

Je le laisse à ses réflexion malsaines et jubile à l’idée des heures que je vais passer dans l’eau bouillante remplit de bulle…
Je compte bien profiter de la civilisation avant de finir dans un autre plan coursée par des chèvres ou pire…ici fusionnée à Kaev.
Je vais ressortir du bain que quand j’aurais les doigts fripés !

J’entre dans la pièce.
« Igor ?
- gni hi ?
- tout va bien ?
- vivivi. »
Les cheveux en pagaye, les yeux globuleux du mec qui vient de passer une nuit blanche, la bouche ouverte avec la bave sur le côté… le pauvre. Il a tout les symptôme.

« Vous avez croisez Kaev ce matin ? (4)
- VIvivi ! AAAAAAAAAAAAAaah
- je comprends.
- aaah !
- vous devriez partir quelque temps histoire de vous remettre…disons… trois quatre siècles.
- cinq !
- d’accord.»
Et le voila qui détale , heureusement le bain et prêt…
Ahaha.

« Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m'as l'ame ravie
D'un souris gracieux,
Viens tot me secourir
Ou me faudra mourir….
- Tant mieux ! »

La salle de bains serait telle juste en dessous de la chambre de Kaev ?
Oh heureux hasard…montons le son…

« Pourquoi fuis tu, mignarde,
Si je suis pres de toi
- devine !
- Quand tes yeux je regarde
Je me perds dedans moi,
- reste y !
- Tes beautes et ta grace
Et tes divins propos
- je sais.
-Ont echauffe la glace
Qui me gelait les os,
Et ont rempli mon coeur
D'une amoureuse ardeur.
- ahaha, elle est bien bonne celle là.
- Approche donc ma belle,
Approche toi mon bien,
- rêve!
-Ne me sois plus rebelle
Puisque mon coeur est tien,
Pour mon mal appaiser
Donne moi un baiser
- au secours. »

Je jubile.





(1) exactement à l’opposer de la source du chant pour le salut de ses esgourdes.
(2) Géant vert ! Oui je sais.
(3) je parle pas de…mais de l’autre.
(4) vous pensiez à quoi ?

Il fallait vraiment un épisode musical?

Enki beugle avec application quelques autres chefs d'oeuvres musicaux, que je commente avec amertume pendant que, vainement, je me tourne et me retourne sur mon lit en essayant de faire abstraction. Mais ma chambre est à peu près aussi imperméable au son qu'Enki l'est à l'alcool... Pas du tout.

"Dans les prisons de Naaanteuh y'avait un prisonnier,
Y'avait un prisonnier-éééé!
- Rien à foutre.
- Que personne ne vint vouère (1), que la fille du geolier
Sauf la fille du geolier-éééé!
- Tu vas me faire pleurer.
- ...Va lui porter à boire
A boire et à manger!
- Brave fille.
- ...On dit par toute la ville
Que demain vous mourrez!
- Ah ouais ça doit vachement lui remonter le moral au prisonnier...
- ...Las! Si demain je meurs
Déliez moi les pieds!
- Laisse-moi deviner... Cette conne l'a fait?
- ...Toutes les cloches de Nanteuh
Se mirent à sonner!
- Là faut qu'on m'explique le rapport...
- ...La fillette était jeune
Elle se mit à pleurer!
- Ca me rappelle quelqu'un...
- La ferme!
- C'est dans la chanson ça?
- Tssss...
Le prisonnier alerte
Dans la Loire a sauté!
- Avec les pieds détachés on peut tout faire...
- Vivent les filles de Nantes
Et tous les prisonniers!
- Ouais on dit ça, mais t'as pas vu la dérouillée qu'a du lui coller son paternel, après ça...
- Trois mois après la fille
Portait gros tablier!
- Ahahahaha!
- C'est ainsi qu'sont les hommes
Quand ils sont déliés!!
- Pas faux du tout... Pas si mal ta chanson, finalement!
- Merci! Une autre?
- Nan!
- Allez, une ptite dernière. "

Et, sans tenir compte de mon hurlement de rage, elle reprend de sa voix de poussin écrasé (2).

"Allez les gars réveillez-vous...
- 'Sont pas endormis les gars, là... Ils aimeraient bien d'ailleurs.
- ...il va falloir en mettre un coup...
- Je veux même pas savoir où.
- Allez les gars réveillez-vous on va au bout du mondeuh!!
- Mais quelle sadique! Tu réveilles les pauvres garçons qui dorment paisiblement pour les emmener dans des coins dont ils n'ont rien à cirer, et avec toi en plus?? (3) "

Ce faisant, je tambourine contre le sol histoire d'appuyer mon propos. Mais comme j'ai construit ma chambre avant qu'Enki décide de foutre sa salle de bain en dessous, ni moi ni elle ne nous sommes rendus compte d'un fait marquant: il n'y a pratiquement pas de plancher. Le fait que les chansons traversent si bien aurait du nous mettre la puce à l'oreille, mais bon...

Toujours est-il qu'après deux coups de pieds excédés contre le sol de ma chambre, j'ai entendu un grand craquement, j'ai vaguement eu l'impression que le sol descendait, et en quelques secondes j'ai atteri dans une gerbe d'éclaboussures au dernier endroit au monde dans lequel j'aurais voulu tomber (4): le bain d'Enki.

Je me relève en suffoquant, m'ébroue et essuie la mousse qui m'obstrue la vue.

J'aurais du m'abstenir de cette dernière action.

Enki me regarde, bouche bée, tentant vainement de dissimuler sa pudeur avec les restes de mousse qui flottent encore à la surface de son bain.

Je sens que je n'ai pas fini d'entendre parler de ça...




_______________________
(1) Je déteste quand elle prend un accent. Déjà qu'à l'origine... Tu râles ma chérie? tant mieux...
(2) Et ceci n'est pas une figure de style: HRP c'est vraiment ça... mouahahahaha!
(3) Et je sais de quoi je parle... HRP pareil.
(4) Après les toilettes, s'entend, merci à ceux qui suivent…

Respire Enki respire…
Tu as vu pire. Le coup où tu t’es retrouvé dans les toilettes avec lui, et le coup du placard à balai, de la taverne, de la rivière…
Mais c’est vrai elle est quand même pas mal celle là, elle rentre bien dans le top trois des situations horribles à oublier d’urgence.

*clac*

Je m’emballe dans ma serviette, sors de la baignoire presque sans glisser et me plante devant ma créature. (1)
« Une réflexion en rapport avec ma couleur de cheveux et je m’arrange pour te faire manger des shamallows le restant de tes jours.
- c’est tentant mais j’ai déjà tout dit sur le sujet.
- bien…oh et un mots sur cet épisode …
- épouvantable.
-…épouvantable et je te casse...eh ! N’abuse pas.
- je n’abuse pas. Il va me falloir trois tonneaux d’hydromel pour oublier l’horreur.
- je suppose que tu parles de l’horreur d’avoir faillis prendre un bain.
- entre autre. Disons que les élémentaire ne font pas bon ménage avec l’eau.
- excuse foireuse qui en vaut une autre pour continuer de sentir le bouc. Et si tu veux mon avis les élémentaires ne font bon ménage avec rien.
- m’oblige pas à te taper tu risquerai de perdre ta serviette et ce serais traumatisant pour nous deux.
- pas faux. Tu vois on est d’accord des fois.
- je suis toujours d’accord avec toi… quand tu te tais. Mouhahaha. »

Oh le coup bas. C’est fourbe. Oser me dire ça alors que j’ai raison tout le temps. (2)
Tel le macchabée moyen les bras m’en tombe.
Je le regarde partir en cogitant ferme pour trouver une repartie cinglante.

«Heu… Je te hais !
Je sais c’est un peu pauvre, mais la muse de l’inspiration doit avoir rendu les armes pour se pochtronner à la taverne du coin.
- moi de même! » Me crie t’il depuis les tréfonds du couloir avec sa voix d’eunuque égaré. (3)

Encore une journée qui commence bien.

Je soupire et me lance dans l’exploration minutieuse de mon environnement à la recherche de mes vêtements disséminer parmi les restes de plancher.
Après dix minutes de recherche intensive d’une de mes chaussettes à bras je sors enfin de feue la salle des bains pour me diriger d’un pas fatigué (de la fille qui sait que la journée ne fait que commencer) vers la fontaine magique.

Apres quelques errances par les cuisines pour trouver des bâtonnets de légumes je m’avachit sur le trône et allume la fontaine d’un coup de pied bien placé.
« Démarrage en cours veuillez patienter …
Salut Enki.
- salut aussi.
Ce matin nous vous proposons : le barbare s’amuse. Ou comment le larbin de Kaev massacre tout se qui bouge à travers la plaine.
- mouais. Mais encore ?
le mot magique Enki.
- pardon, Zap.
Qui veut de l’or : émission pour nain, avec des nains, en nain sous titré.
- Zap.
Les aventures de William : dans l’épisode d’aujourd’hui Wil découvre qu’il ne faut pas manger n’importe quels champignons sous peine de voir des yacks grimper aux arbres.
- y’a vraiment rien c’est lamentable. Va pour Wil. »

Et comme des millions d’autres êtres à travers les univers un samedi matin, je mets mon cerveau en veille ouvre un peu la bouche et prend un air ahuri propice pour ingurgiter des conneries sans nom.

C’est sur je vais être super productive aujourd’hui.






(1) pas mal la formulation non ?
(2) surtout Hrp.
(3) ça c’est fait. Vile vengeance me direz vous…eh bien certes. D’ailleurs sondage : vous préférez avoir une voix de « poussin écrasé » ou « d’eunuque égaré » ? Vous pouvez envoyer vos réponses par mp à Kaev...comme ça en prime on pourri sa boite.

Je veux mourir.

Et là c'est sincère. Quand on a vu ce que j'ai vu... Et en live, en plus... Vous pouvez pas vous imaginer le traumatisme.

Non, sérieusement, voir ça, ça ôte le goût de tout, il ne reste plus qu'à mourir. Rapidement et de manière indolore, de préférence.

Je sais, il y en a qui croient que j'exagère. Mais croyez-moi, quand on a vu ça, on souhaite être aveugle...

Quelle image horrible, hideuse, terrifiante...

Il va me falloir en avaler, des litres d'hydromel, pour oublier ça. (1)

Je me dirige sombrement vers la cave, réduits en cendres les quelques serviteurs qui manquent de courtoisie au point de commettre la grave erreur de rester sur mon passage, et pousse la porte de la bienfaisante pièce. Je décapite une bouteille et la vide prestemment dans mon gosier, rendu rèche et sec par l'intense déglutition, réflexe provoqué par vous-savez-quoi (2).

Ca fait du bien.

J'en décime une douzaine d'autres, histoire d'avoir les yeux assez troubles pour ne plus voir, lorsque l'image honnie se forme dans mon esprit embrumé, qu'une vague tâche rose et orange, certes assez menaçante mais plus clairement définie.

Pour parachever le travail, je finis ma rangée de bouteilles, puis sors en titubant de la cave (3) et me dirige vers la salle du trône.

Mon sens de l'orientation étant encore moins élaboré quand mon sang contient de l'alcool, je mets une bonne demie-heure à atteindre mon but, pourtant à peine situé à quelques mètres de la cave.

Je pénètre dans la salle, aperçoit une tâche noire et orange sur un fauteil, hausse les épaules, m'assieds sur l'autre et fixe mon regard sur un truc blanc qui brille, devant moi.

"Gn'est quoi?
- Tu as bu?
- Voui. Quoi gn'est le kruc qui brille?
- La fontaine magique.
- Quoi gn'est le kruc qui vomit?
- C'est Wil.
- Pourkwaaaa?
- Il a mangé des champignons Disney.
- Disney?
- Ceux qui sont rouges avec des points blancs.
- Ah voui.
- C'était si traumatisant que ça, tout à l'heure?
- Quoi gna?
- L'événement dont nous ne parlerons pas clairement sous peine de graves représailles, mais qui a entraîné l'ingurgitation de plus d'hydromel qu'il ne l'aurait fallu par tes soins.
- Oh... AAAAAAAAHH!!
- Crie pas!
- Aaaah...
- Oui bon d'accord, oublie.
- Voui, j'essaie. "

______________
(1) Là, j'ouvre une parenthèse pour préciser à Enki que je ne parle que RP, et qu'il n'y a aucune notion de HRP là-dedans. Loin de moi l'idée de bouder la vision de la nudité de son corps de rêves...
(2) Non, il ne s'agit pas d'un mage noir, mais de poils roux.
(3) Tout en ayant assez de présence d'esprit pour refermer correctement la salle... Manquerait plus qu'Enki vienne se servir dans MES réserves.

Il pousse un peu je trouve.

Je sais bien que je ne suis pas Madeline la belle (1) mais quand même...d’ailleurs sous un certain éclairage je ne suis pas sans attraits ! Et dans la salle des bains y’a quasiment pas de lumière.
Non vraiment il abuse.
Il fait le dégoûté mais moi au moins je suis pas galbé comme une mouette. (2)

« Bâtonnet de légume ?
- ‘quoi faire ?
- d’ac-cord.
- ‘quoi il court partout?
- il a des problèmes intestinaux je crois.
- c’est à déféquer.
- c’est bien résumé oui.
- Zap.
Le barbare s’amuse. Ou comment le larbin de Kaev massacre tout …
- Ouais !
- oh non. ZAP.
Qui veut de l’or…
-Zap.
Le barb…
- zap!
Les avent…
- laisse Shaalgardt !
- mais c’est nul !
- zap. C’est moins nul que Wil. »

C’est pas faux d’un autre côté. Mais je ne vais pas le laisser gagner si facilement.(3)

« C’est pas bientôt fini non ?
- désolée.
- pas moi.
-zap.
-zap.
-Zap !
-zap ! Et si tu ouvres encore la bouche je te promets que plus jamais tu verras une bouteille d’hydromel.
- d’accord. »

La menace est trop grande.
Nous voila donc en train de mater Shaalgardt qui galope à travers les plaines dans l’espoir de faire la peau à un misérable écureuil qui passait par là.

« Mouais. Tu lui as dit quoi avant de partir? De chercher du monde pour la DT ou de liquider du monde pour la DT ?
- tsssssss.
- il va pas le tuer quand même !.....hein ?
- t'vas te taire oui ? »

Il est désagréable tout de même je fais que poser une question.

« AAAAAAhh ! (4) Attention l’écureuil ! A droite ! Plus vite !!! Cours !!
- Enki ! T' veux pas la fermer ?
- mais c’est horrible !
- non c’est beau.
- mais on pas faire quelque chose ?
- moi non mais toi si.
- quoi ?
- te taire pour que j'regarde. »

Je ne suis pas vexé, je ne suis pas vexé…
« C’est vexant.
-bien. »

Je déteste cette journée, et Kaev, et Shaalgardt, et ce stupide écureuil même pas foutu d’éviter un barbare de 300 livres.

« Faut qu’on s’abonne à plus de chaînes.
- pas faux. »





(1) miss monde dans mon plan d’origine… ben oui les conneries sont universelles.
(2) Hrp…ok je me tais.
(3) après il prend de mauvaises habitudes…
(4) des heures de travail avec mon prof personnel pour en arriver à ce résultat d’épouvante.

Ca commence à redescendre.

Déjà, eh oui. C'est ça le problème d'avoir un système circulatoire de planaire: l'alcool se dissout vachement plus vite.

Je contemple avec béatitude les péripéties de Shaalgardt qui, après avoir dépecé son écureuil, se lance à la poursuite d'une mésange bleue, sous les regards horrifiés d'Enki, que j'évite à présent de regarder pour éviter de retrouver l'image terrifiante que j'ai, sans succès, cherché à noyer dans l'hydromel.

"Mais décolle!! DECOLLE!! Pourquoi elle décolle pas? Elle est idiote ou quoi? Elle a des ailes, et lui non!
- Tu vas te taire?
- Mais...
- Encore une réflexion et je donne l'ordre à un chaman d'aller enchanter la cave pour que tu n'aies plus droit qu'à un demi-verre par mois.
- ... "

Shaalgardt décapite le volatile (qui en effet ne semble pas posséder un cortex surdéveloppé) et repart gaiement à l'aventure.

Bon, on va pas buller toute la journée devant ces conneries, on a du boulot.

Je me lève et me dirige vers les jardins, histoire de respirer un peu d'air frais.

Je traverse mes parterres de plantes carnivores, qui me mordillent affectueusement la queue (1) au passage, et me rend au belvédère enchanté de marbre blanc, avec du lierre piqueté de fleurs roses grimpantsur les colonnes, et un saule pleureur devant, qui jette son ombre douce sur un petit lac irisé sur lequel nage un cygne traumatisé (2). Ce chef d'oeuvre de niaiserie sucrée est bien entendu signé Enki, vous vous en doutez.

"Excusez-moi, monsieur, mais votre château se trouve exactement à l'emplacement de mes terres. "

Allons bon, qui c'est celui-là?
Un type en armure, le genre chevalier du bien en cape blanche, la tête à claques assortie, se tient fièrement devant moi, un sourire de pub pour dentifrice imprimé sur son visage illuminé.

"T'es qui toi?
- Je suis l'Anathoï de ces terres.
- Ah. Et alors?
- Alors votre demeure, cette... Delirium truc, se trouve sur mes terres. Vous êtes, vous et votre compagne, déjà en possession d'un royaume chacun... Votre occupation de ces terres est illégale, et je souhaite me les approprier.
- Que dalle.
- Je suis l'Anathoï de ces terres! Vous devez me...
- La ferme. Tu vas effrayer mes plantes.
- Je n'ai que faire de cette déplorable verdure, bête immonde! "

Et voilà ce déplaisant personnage qui décapite sans l'ombre d'un remord l'une de mes plantes! Je le saisis par le col et lui applique de vigoureux coups de poings sur le sommet de crâne. Ivre de rage, je le... Euh... Ouais, en fait, pour éviter la censure, vaut mieux que vous sachiez pas ce que je lui fais. Toujours est-il qu'après quelques minutes d'aimables discussions diplomatiques avec ce gentleman, il ne reste de l'Anathoï officiel de ces terres que quelques bouts de viande épars et suintant.

*crac*
*crac* (3)

"Vous avez encore violé les lois d'un monde du réseau planaire intergalactique.
- Veuillez nous suivre sans nous opposer de résistance. "

Allons bon. Les deux fâcheux qui m'avaient arrêté dans le plan précédent reviennent m'embêter. Déjà qu'ils sont responsables de la disparition de Poutchou... (4)

"ENKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!! "

________________
(1) Je calcine le premier qui tente un trait d'humour.
(2) Essayez de vivre parmi des plantes carnivores, vous verrez si vous gardez votre psyché intacte.
(3) Craquotte, oui je sais...
(4) Ma première plante carnivore, pour ceux qui suivent pas (honte sur eux).

« Ouais?
-ENKII !
- j’y suis pour rien arrange toi avec Manorok !
- MAGNE TOI ! »

Rhaaaa la la. Mais pourquoi il beugle comme un possédé?
Je me lève et me dirige d’un pas nonchalant vers le jardin.

« Je te préviens que si c’est pour râler après les…encore eux ?
- oui. »

Je m’approche du petit groupe et jette un regard noir à Kaev.
Ca a sur lui autant d’effet qu’une pression de déodorant sous l’aisselle d’un troll mais bon.

Je suppose que c’est la qu’il faut que je me colle à une description succincte mais néanmoins nécessaire pour les gens en panne de muse.
Or donc, les deux suicidaires nous font face avec toute la confiance qu’affichent généralement les subalternes qui reçoivent l’ordre d’aller en terrain ennemis pour arrêter une salamandre psychotique.
Kaev me regarde avec des gros yeux dans l’attente que moi la Grande Enki je le délivre des griffes de ces abominables tyrans ! (1)
Quant à moi je me dresse fièrement devant…

« Enki-o-shaolante Maye’sa ? Mage de niveau…
- ouais ouais c’est bon c’est moi. Qu’est ce qu’il a encore fait ? Ecoutez…si c’est pour les plantes carnivores…
- non pas pour ça.
- oh. Pour l’hydromel alors?
- non plus.
- les nez cassés !
- nan.
- Je sais ! Les escapades nocturne à perpette les oies!
- Vous arrivez à en placer une des fois ?
- Ca m’arrive oui.
- Rassurant… Non en fait il a violé…
- Oh mes dieux !
- Enki.
- …Les lois AT403, ST95B alinéa 4, PQ231,…
- Hum, ça me parle pas beaucoup là.
- En bref il a en plus de tout le reste tuer un Anathoï.
- Un seul ? Vous plaisantez ? Rien que la semaine dernière…
- Enki.
- je veux dire...heu…oui et alors ?
- C’est interdit !
- pourquoi ?
- mais parce que !
- hum. Vous allez faire quoi ?
- on le reprend et on vous en met une autre à la place.
- des clous !
- mais …vous ne voulez pas le changez ?
- c’est tentant...
- ENKI. »

Je le regarde…hahaha on va se marrer.
« Je peux lui parler un moment ?
- faites donc…mais pas longtemps ! »

Je m’éloigne donc avec Kaev qui affiche la mine de la salamandre qui a tout comprit d’avance.

« Le stock d’hydromel oui d’accord.
- ouais ! Attends dis le en entier sinon demain tu vas me faire un coup tordu.
- je te laisse accès au stock d’hydromel.
- et je ne serais pas limitée.
- mais tu sais si je fais ça c’est pour ton bien !.... ok sans limite.
- top la ! »





(1) c’est moi qui raconteuh !

Je connais des nobles qui sont pas prêts d'oublier le spectacle navrant que leur divine maîtresse va leur offrir ce soir... Je crois que la murge que va se prendre Enki (1) est en mesure de faire considérer la conception de la divinité à pas mal de croyants...

Et dire que je laisse l'accès illimité aux caves à Enki... Oh, pas que ça me gène vraiment, je ne perds pas grand chose, au contraire: deux ou trois bouteilles en moins par semaine, et j'ai la paix tous les matins: elle sera en train de cuver, au lieu d'aller regarder le soleil se lever...

Ce qui m'ennuie c'est la cirrhose du foie qu'elle va finir par choper, et surtout le fait que les nobles en auront peut-être marre de voir leur déesse se pochtronner à l'alcool barbare tous les soirs...

Je soupire et retourne vers les deux magiciens en noir. Je tente une brève description des spécimens, que les lamentables étrons d'écrevisse qui n'ont pas tout lu depuis le début ne soient pas trop largués.

En plus de leurs faciès à peu près aussi chaleureux que l'iceberg moyen, les deux agents du FBI (2), une homme grand et ténébreux et une femme moyenne et ténébreuse, portent des robes de mage noires et sont armés de M16 (3), et doivent posséder à eux deux à peu près autant d'humour qu'une brebis morte... Enki, ravie, se plante devant les deux sinistres, les mains sur les hanches, dans une attitude conquérante.

"Je le garde!
- Mais... nous devons l'emmener! Il a violé les règles de...
- M'en fous. J'en veux pas d'autre.
- Pourquoi? Il vous a causé des tonnes d'ennuis, et...
- Je ne le nie pas, n'empêche que je le garde. Vous n'allez pas me faire rater la plus belle affaire de ma vie, je vous le garantis... "

La femme esquisse un sourire, qui me fait craindre pour son lifting... Si elle tire encore un peu, ça va craquer... Elle retrouve son impassibilité et déclare sur un ton monocorde:

"C'est admirable l'affection que vous avez développé pour ce criminel. Me voilà toute émue...
- Hein?
- C'est vrai, ajoute son collègue sur le même ton atone, je suis moi aussi empli d'émotion devant ce spectacle d'amour et de compassion.
- De qui ils parlent?
- Bien, mademoiselle May'esa, nous ne vous dérangerons plus. Puissiez-vous couler des jours heureux avec celui que vous avez choisi...
- De quoi??
- La vérité est ailleurs", conclut la femme avec un demi-sourire mystérieux que j'ai envie de lui faire ravaler à coups de boules de feu.

Et les deux guignols s'éclipsent brutalement avec une musique lugubre. Je déteste ce genre d'épisode, où les gens glaciaux se montrent plus sympathiques qu'on aurait pu s'y attendre...

Enki se tourne vers moi, effarée. Elle a l'air aussi traumatisée que quand j'ai atterri dans son bain.

"Oh par tous les dieux je vais mourir de honte... Ils croient que... je... toi et moi...
- Ne prononce pas ces mots, je crois que je vais vomir... "

__________
(1) Au moins... oh, une bonne bouteille et demie!
(2) Fédération de Balisage Interstellaire.
(3) Magicstaff à 16 runes. Suivez!

Je le regarde longuement.
Etrange il semble faire de même.

« Ark!
- beurk. »

Hum, au moins on est d’accords sur ce point.

Bon sang mais comment on peut croire une chose pareille ? On devrait faire une étude sur les voyages interplans je suis sur que ça a des effets secondaires, style…ça te ramollie le cerveau. (1)

« Vais aller me coucher parce qu’en fait y’a des chances que je sois en train de rêver.
- de cauchemarder.
- oui. De cauchemarder.
- c’est pas faux. Vais faire pareil avec un peu de chance l’épisode de la salle de bain sera un simple cauchemar.
- certes !...d’un autre côté ça voudrais dire que je rêve de toi.
- que l’on cauchemarde de nous.
- oui. On cauchemarde. C’est sûrement ça. »

C’est donc d’un pas de zombie que je me hisse jusqu'à ma chambre laissant Kaev prendre un mauvais embranchement qui le conduira sans doute à des lieues de sa chambre.

« Rhaaaaaaaaa ! »

Qu’est ce que je disais. (2)

J'arrive à ma chambre et après deux ou trois couinements de mon lit (3) pour me souhaiter la bienvenue, je m’étale tel le nain moyen sous le pas du troll et je m’enfouie la tête dans les oreillers dans l’espoir d’oublier ce début de journée plus que pourri.

« L’affection développée pour ce criminel….je t’en foutrai moi. Si je la revois je la mords. Mais avant je lui casse les genoux….remarque avec l’autre naze et son M16 c’est pas gagné…ou alors avec les belettes…non !la prochaine fois je dis à Kaev de les brûler au 128éme degrés ! Ouais ! Facile.»

Je me retourne.
C’est difficile de se réveiller. Presque autant que s'endormir.

Le côté positif dans l’histoire c’est que j’ai récupéré l’accès à la réserve de main de maîtresse (4)… et que j’ai sauvé Kaev !...hum…à la réflexion ça rentre pas dans le côté positif.
Remarquez il va peut être se calmer après ça…
Je rêve encore.
hum, mais si je rêve…je peux aller faire un tour à la cave! Comme ça j’en profite et demain je me réveille et j’ai pas mal à la tête ! (5)

C’est donc d’un bond que je sors du lit et que je m’en vais d’un pas guilleret vers la cave.

Mias soyons raisonnable, juste une bouteille, pas question d’épuiser les stocks trop vite.
Surtout si on doit rester ici, en plus maintenant que j’ai sauvé Kaev va me falloir du courage.
J’ai sauvé Kaev.
Enki a encore sauvé Kaev.
Eh ! Ça rend pas mal !
Je vais profiter pour le dire tant que je ne le regrette pas…

J’ouvre doucement la porte et contemple avec admiration les étagères pleines de bouteilles qui s’offrent à moi.

Le rêve quoi.



(1) non j’ai pas fait tant de voyages que ça !
(2) je sais c’est moi qui raconte alors c’est facile.
(3) Si j’entends une réflexion sur mon poids je balance les belettes.
(4) normale quoi.
(5) ça va vous me suivez ?

Quelle journée pitoyable...

Je me fais tirer du lit à quatre heures du mat par un enchantement idiot qui me force à courser une citrouille à roues, je prends un bain avec Enki et je me fais prendre pour l'amant de ma maîtresse (1) par les deux personnages que je hais le plus au monde après la maîtresse en question..

Et en plus j'ai oublié de les torturer pour qu'ils me ramènent Poutchou.

J'aimerais bien aller boire pour oublier cette déchéance, mais comme en sus j'ai perdu le contrôle des caves, Enki doit déjà être en train de se soûler pour oublier, elle aussi...

Je pousse un soupir à fendre l'âme et me dirige vers ma chambre. Par le bon chemin, cette fois-ci. Je prie pour que ma mère n'apprenne jamais cet épisode lamentable...

Bon, que je me fasse arrêter, elle s'en fout, elle a l'habitude d'avoir des flics à sa porte depuis mes deux siècles, quand j'ai piqué pour la première fois des braises hallucinogènes, dans le plan du feu... Alala, quand j'y repense, c'était le bon vieux temps... La raclée que m'avait foutue mon père... Tout ça parce que j'en avais pas pris assez pour lui. Ah, nostalgie...

Non, le truc c'est que si ma mère rencontre ces deux ahuris au bal de la police (2), et que ces nazes lui racontent qu'ils m'ont vu en compagnie d'une humaine rousse, et que je suis avec elle parce que... êrk... rien que d'y penser... Bref, si ma mère apprend ça, je suis bon pour la voir débarquer dans la seconde pour organiser les fiançailles, le mariage, et au passage pour me fracasser le museau de ne pas lui avoir dit que j'avais une petite amie... Je l'entends déjà...

"Kaev, espèce de chenapan! Tu as honte de nous, que tu ne nous présentes même pas ta ptite fiancée! Ah la la, et dire que je me suis saignée aux quatre veines pour toi... Quelle ingratitude! "

Ouais... Je l'entends même vachement bien là... Trop bien. Ne me dites pas que...

Si.

Oh mon dieu. C'était aujourd'hui le bal de la police? Ou alors l'agent du FBI a du finir par être pote avec ma mère et l'a appelée direct pour lui raconter les derniers potins...

Oh mon dieu.

Maman est là. Engoncée dans sa robe à fleur, une demie-douzaine de valises à ses pieds, le regard embué. Oh mon dieu.

Elle se rue sur moi et me serre avec puissance dans ses bras larges. Ma maman, c'est une force de la nature. Elle est à peine plus petite que moi, mais au moins six fois plus épaisse.

"Maman?
- Eh oui, jeune voyou, si ce n'est pas moi qui viens te voir, on ne se verrait jamais! Alors, qu'est-ce que j'apprends?? Tu vas te marier à la fin du mois et tu ne me l'as pas dit??
- HEIN??
- Ne fais pas l'innocent, ça ne marche pas avec moi, je suis ta mère!
- Mais maman, je...
- Alors, qu'est-ce que tu fais dans la vie? Toujours agent chez la "Invocations, Mysticisme & Co."?
- Euh... Non, là je suis dieu...
- Dieu? Ah ça c'est bien, c'est une bonne situation non? Tu vas pouvoir offrir un appartement au bord des volcans à ta vieille mère, pour qu'elle y passe ses derniers jours...
- Euh... maman, je voulais te dire...
- Tatata, laisse-moi te regarder... Oh la la, mais tu es tout maigre mon fils! Elle te fais pas bien à manger ta ptite fiancée?
- Je...
- Où elle est ma future belle fille? Je l'aime déjà, je le sens... Comment elle s'appelle déjà?
- C'est pas...
- Ah oui, Enki... ENKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!
- Chut, elle va t'entendre!!
- Oui, c'est le but mon fils...
- Ouais, s'qui gna encore? "

Enki débarque en titubant, une bouteille à la main, et louche sur ma mère. Elle glousse. Ca doit être la première fois qu'elle voit une salamandre en robe.

"Je ne veux pas te faire de la peine, Kaev chou, mais elle a mauvais genre ta ptite fiancée... Et puis elle est un peu maigre, non? Si vous voulez des enfants... "

J'ai vraiment envie de vomir, là.

(1) Oui dit comme ça ça paraîtrait logique...
(2) En tant que parents du meilleur client de toutes les polices confondues, ils sont invités tous les ans...

Je vois double.

Double mais déformé. Genre avec de fleurs mauves.
Violent l’hydromel sur l’étagère gauche.
La prochaine fois je tape dans celle de droite parce que je suis dans un sale…

« Je me présente je suis la Maman de kaev… »
…
A l’aide.

Une hache, un pieux n’importe quoi mais de l’aide.

Je me penche pour essayer de voir Kaev derrière sa…maman ?
Ca y est je le vois, un peu trouble certes mais il est là, la main sur le visage me regardant a travers ses doigts avec un regard démoniaque +3.
« réel ? C’est ta ‘man ?
- c’est…
- oui ! Mais vous pouvez m’appeler belle-maman !parce que Raymonde ça fait un peu…»

Je sens venir le malaise.
Je lève les yeux vers belle-maman avec ce que j’espère être un sourire (1).
« …quand Kaev était petit il arrivais pas à prononcer les R alors il … » (2)
- Maman… »
C’est le moment de tenter une retraite stratégique : Je recule discrètement de trois pas. Avec un peu de chance je tombe et je me fracasse le crâne et on en parle plus.
…
Raté.
« Oh ! Regarde Kaev! Elle est toute émue ! Viens faire un câlin à belle maman ! »
Et me voila projetée contre la poitrine de maman Kaev.

Ok…Enki. C’est le moment de réagir tant que ton cerveau est encore oxygéné :
Tu as tes doigts au bout du bras. Il suffit d’exercer la bonne pression et ça claque.

*slac*
*slac*
*clac*

C’est pas moi ça. Sinon je plus là avec les idées claires en train de me faire broyer les cotes par une salamandre.
Je regarde Kaev qui me fait des signes frénétiques en direction de sa mère.
« Heu…ravie de vous rencontrer ? »
Il hoche la tête.
Je retourne à l’air libre in extremis.
« Oh ! C’est gentil. Kaev chou tu ne m’a jamais dit que tu aimais les sacs d’os sinon je t’aurais présenter la petite Julie tu sais, non pas que cela soit si grave après tout… »

Je dégluti.
Faisons le point : Kaev qui fait des signes, Sa mère en robe (3), deux cotes en moins, plus d’alcool dans le sang… ça s’annonce mal.






(1) pas le moment de s’attirer les foudres de maman salamandre.
(2) entre nous il s’est rattrapé depuis.
(3) sa pourrait constituer une insulte

La galère...

"Et alors mon chéri, tu me fais visiter votre nouvelle maison? C'est ta ptite fiancée qui l'a décorée? ...oh... hum... il va falloir qu'on parle entre femmes, tu sais? (1)
- Euh... oui maman... Euh... passe devant. Normalement, tout droit, tu vas atterrir à la salle du trône...
- Une salle du trône! Tu ne te refuses rien! Chez nous on a les latrines en commun avec la salle de bain, et...
- Non, pas ce trône là... Ceux des rois et des dieux, tu sais, où on écoute les requêtes et tout ça...
- Oh... Je vais voir ça, ça m'a l'air terriblement excitant! Occupe-toi de mes bagages mon poussin! En attendant, Enki va me faire visiter, n'est-ce pas ma chérie?
- Euh...
- Enki va te rejoindre dans deux minutes maman, j'ai deux mots à lui dire avant...
- Oh, oui, bien sur, dites-vous vos petits secrets d'amoureux...
- ....voilà c'est ça. "

Je grimace en réponse à son clin d'oeil aussi discret qu'un chalutier au milieu d'un banc de méduses et la regarde, dépité, agiter son volumineux postérieur en courant dans le couloir.

"Bon alors écoute...
- Kaev, c'est vraiment ta mère?
- Oui. Et elle croit qu'on va se marier, alors...
- Alors on lui dit que c'est pas le cas?
- Surtout pas! D'une, elle ne nous croira pas et pensera qu'on essaie de la mettre à part pour faire une cérémonie secrète, sans la famille... Et de deux, ça lui briserait le coeur.
- Alors on va vraiment se marier??
- Sûrement pas.
- Ah. C'est quoi ton plan?
- On joue les parfaits amoureux pendant le temps que dure son séjour, je lui fais croire qu'on se mariera dans bien plus longtemps que ça, que dieu c'est un boulot qui a des responsabilités et qu'on ne peut pas se permettre de se marier maintenant, elle reste une semaine ou deux et elle repart raconter les potins à ma famille.
- Et qu'est-ce qui m'empêche de lui dire la vérité? J'ai pas franchement envie de jouer ta fiancée éperdue d'amour...
- Disons que ma maman risquerait de s'énerver et de te flamber par inadvertance.
- Oh.
- Et elle brûle plus fort que moi.
- Ah. On fait les amoureux alors?
- Exactement.
- Et pour les enfants...
- On évite le sujet.
- OK. Tant mieux, ça me donne...
- ...envie de vomir. Oui, moi aussi. "

Soudain, des éclats de voix jaillissent de la salle du trône. Je téléporte d'un claquement de doigts les valises dans la chambre d'amis et cours à la suite d'Enki vers l'absence de portes. Ma mère est en train de débiter en morceaux deux paladins.

"Kaev chou, ces gentilhommes n'ont pas voulu me laisser rentrer...
- Eh mais elle a tué André et Wilhem!
- C'est pas grave, hein ma chérie? "

J'applique un vigoureux coup de coudes à Enki, qui doit perdre au passage une ou deux côtes supplémentaires.

"Ourgh... Non, c'est pas grave... Vous avez bien fait, belle-maman...
- Elle est adorable! couine ma mère. Et votre métier à vous, ma chérie, qu'est-ce que c'est?
- Euh... magi...
- Déesse. Comme moi.
- Ah, c'est une collègue de travail alors!
- Euh... oui, on peut dire ça...
- Ah au fait mon chéri, j'ai bavardé avec Mme Mully, tu sais, l'agent du FBI, celle qui m'a appris la grande nouvelle... Je cherchais un cadeau pour vos fiançailles, et elle m'a trouvé quelque chose qui vous fera très plaisir, j'en suis sur... "

Maman farfouille dans son énorme sac à main, et en sort...

"Poutchou!!
- Rouarrrrr...
- Oh non...
*SHBENG*
- Aïeu! Euh... Quelle bonne idée vous avez eu... Merci belle-maman... "

(1) Quand maman dit ça, c'est qu'elle va être désagréable.

Je vais me pendre.

Ça fait dix minutes je suis au bord de la déprime avec six cotes en moins, dans une semaine je serais au-delà des landes de la folie et il me restera que les genoux.

« Rrrrrrrrrraourrrrrrrrrrrr !
- j’allais le dire. »

Je regarde belle-maman en train de passer son doigt sur le haut du trône, si elle commence à tester la poussière dans trois jours on à plus que des cendres de serviteurs.

« Je te sauve la vie, ta mère débarque avec Poutchou, faut que je fasse semblant de t’aimer… tu connais pas un bon exorciste ?
- Enkii…
- non mais c’est vrai j’ai sûrement du me prendre une malédiction dans la tête sans m’en rendre compte.
-ENkieuh.
- …manque plus rien à l’horreur. Je suis dépité.
- qu’est qu’elle dit ma charmante belle fille ?
- que plus rien ne manque à son bonheur, qu’elle est comblée.
-Oooooooh ! »

*pinçage de joue on* (1)

« Peut être trois ou quatre enfants encore !
- cinq même.
- hum, maman tu veux sans doute boire quelque chose ?
- un thé très léger à la bergamote avec cinq sucres. (2) y’a des petit gâteaux ?
- bien sur Belle maman. Et pour toi CHERI ?
- pareil que Toi du thé. »

Cette vielle ruse. Comme si je voulais boire du thé là. Le fourbe.

« Mais vous n’avez pas de serviteurs ?
- c'est-à-dire qu’ils finissent plus où moins en cendre en ce moment.
- oh c’est l’œuvre de mon garnement de fils ça !
- de qui d’autre sinon? ah ah ah. hum »

En combien de temps on meurt si on retiens ça respiration ? Quatre minutes ? …j’aurais du étudier ça avant.

*clac*
J’apporte le thé avec la montagne de gâteau sec à belle maman. Avec un peu de chance elle va s’étouffer avec.

*sourire forcé*

« Vous ne vous asseyez pas à coté de votre moitié ?
- quelle moitié ?
- qu’est ce qu’elle est drôle !
- rrrrraourrrrr.
- j’allais le dire. Viens donc là chérie. »

Et là. C’est le drame. Je regarde Kaev qui me tend les bras. Et je me vois m’avancer vers lui toujours avec ce sourire figé.
Et je prie, et je prie pour qu’un dragon nous tombe dessus, pour qu’une révolte de plante carnivores éclate, pour que Gwalin vienne râler dans le coin, que Dakryk envoie ses macchabées, que Ghorne se crache sur la belle doche, que Manorok vienne lui déféquer dans les bottes !

Mais non, rien, nada, des clous. Et je me retrouve avec le bras de Kaev autour de mes épaules en train de boire une tasse de thé sans alcool.

« Vous voulez que je vous montre la photo où Kaev est en couche dans un champ de lave ? »
Ah ah ! Ça peut s’avérer marrant en fin de compte..
« Maman je suis sur que Enki n’à pas très envie de….
- ne sois donc pas si timide !
- c’est vrai ! je voudrais bien voir ça…chéri. »




(1) note pour plus tard : racheter des joues.
(2) pour ceux qui pensait au bol de lave vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

Et moi qui espérais naïvement ne plus jamais voir cette photo... Et il faut que ma mère la montre à Enki après à peine un quart d'heure en sa compagnie...

En même temps je suppose que je dois m'estimer heureux, elle aurait pu la montrer à ma vraie fiancée...

Enfin, le jour où j'aurais une fiancée...

Cette blague.

Enki gigote contre mon épaule.

"Ouah la tête! Il avait des couches?? Mais il avait quel âge?
- A peine soixante ans...
- Alors ça c'est trop drô... aïeu... c'est trop mignon, tu étais adorable, CHERI...
- Merci mon amour.
- La prochaine fois que tu me broies l'épaule pour m'empêcher de parler je lui demande les photos de toi dans ton bain, vu?
- C'est mesquin.
- Qu'est-ce que c'est que ces messes basses? tonitrue ma mère en fronçant les sourcils, tout en ingurgitant une douzaine de biscuits. Vous avez des choses à me cacher?
- Euh...
- Oh non belle maman, vous vous en doutez bien... Ce sont des... euh... petits mots tendres d'amoureux...
- Oh, comme c'est mignon!
- Celle-la, je te jure que tu me la revaudras, Kaev...
- Et dites-moi, votre famille, ma chérie, comment est-elle? Est-ce qu'ils viendront au mariage?
- Ah ben ça c'est pas demain la v...
- rrrr...
- Euh... En fait mon père est archimage, il est très occupé... A ce propos, on voulait vous dire... Euh... en fait, Kaev voulait vous dire...
- Quoi donc, mon chéri?
- Euh...
- Tu ferais pas des cachotteries à ta mamounette d'amour, hein?
- Non, bien sur... Respire ma chérie...
- Hihihi... hum... pardon.
- C'était pour te dire que... en fait, le mariage...
- Ah, ma chérie, il faut absolument que je vous présente la tante Berthe! Elle va vous faire une robe de mariée ma-gni-fique! Vous n'êtes pas allergique au coton, au moins? Kaev, le pauvre chéri, a beaucoup de mal à porter des vêtements...
- J'ai remarqué, oui...
- Enfin, j'espère qu'il me fera le plaisir de mettre son beau costume violet et noir que lui a tricoté sa mamie pour ses étrennes, pas vrai mon poussin? "

La vision de moi en costume tricoté semble faire bien rigoler Enki, qui plonge le nez dans sa tasse de thé pour étouffer ses gloussements.

"Maman, tu ne veux pas que je te montre ta chambre?
- Oh... Bonne idée mon chéri, je me sens un peu fatiguée... Et je dois être en forme pour accueillir les autres, demain...
- Les autres??
- Eh bien, oui, le reste de la famille! Tu ne comptais pas te marier sans nous, tout de même? Papa et Gabriel arrivent demain, et Gabriel amène sa nouvelle ptite fiancée, une fille qui a un très mauvais genre, si tu veux mon avis... Morgane amène ses jumeaux... Tiens, tu ne le savais pas, elle a accouché! Tu es tonton de deux jumeaux, Benoît et Sylvestre!
- Quelle joie.
- Et ton père et ton grand-père vont aussi venir, un peu plus tard... Et puis Tatie Simone, aussi, avec ta cousine Eva...
- AH NON!! Pas Eva!!
- Ne joue pas l'enfant, mon chéri... Ta cousine s'est beaucoup arrangée...
- Grmf...
- Ils ne s'entendaient pas très bien quand ils étaient jeunes... Eva cherchait toujours à lui mettre la tête dans les toilettes...
- Oh, vraiment?
- Bon, je vais te montrer ta chambre maman...
- Il faudra me montrer d'autres photos, belle-maman... C'est toujours un plaisir de voir la frimousse de mon chéri adoré quand il était petit...
- Bien sur ma chérie! "

La saleté... Elle profite de la situation!

Je me lève précipitemment, emmène ma mère dans les escaliers et la propulse dans sa chambre. Je fais apparaître un bain de lave à bulles, qui lui fait pousser de petits cris ravis, et retourne en bas, harassé. Enki toise Poutchou, l'air hostile. Quand elle me voit revenir, son sourire s'élargit.

"Pitié, pas un mot... Ma famille débarque demain... Je veux mourir... "

« Je vais demander un tarif de groupe. »

Je me pose sur un fauteuil et mange sans conviction un biscuit sec.
Bon sang mais elle a résisté à ça ? Elle est invincible !

*clac*

« C’est quoi ?
- de eau étouffffff ! »
Il me décoche une claque dans le dos (1) qui a pour conséquence directe l’expulsion de gâteau à 160 Km/h. Le mur ne va jamais s’en remettre.

« Voila On est quitte maintenant.
- tu rêves ! Je voulais mourir c’était délibéré !
- tu ne t’en tiras pas si facilement. Je ne te laisserai pas faire.
- je ne sais pas comment prendre ça. »
…
Pas de suite ? Pas de vannes blessantes ?
Il s’assoie à coté de moi et prend la tête dans ses mains.
Hum…

« Allé c’est pas si grave.
- c’est catastrophique.
- certes.
-Enki.
- je veux dire...ok c’est pas cool, mais on a déjà vu pire non ?
- non.
- attends on a combattu des écureuils, des harpies, des elfes, des plantes vertes, des mages, un bourgeois, on a survécu à des voyages interplans, démoli une bibliothèque, pourri la vie de plein de monde, on cohabite avec tout un tas de gens cinglés…
- on a survécu à ton père.
- c’est vrai, et à mes sœurs.
- et à ton frère.
- j’ai survécu à toi.
- et moi à toi. »

C’est vrai ça laisse perplexe.
Je le regarde qui reprend du poil de la bête. (2) il redresse le museau tente ce qu’on pourrais appeler un sourire si on avait les yeux à cinq mètres du nerf optique.

« Faut juste trouver une solution.
- ouais ! On va accueillir la famille.
- je pensais plutôt à un coup de pelle bien placé, ou une fuite dans les règles loin de…
- et on va leur montrer !
- leur montrer une hache ?
- RRRRooooorrrrrrrrr !
- ouais !
- ouais aussi alors. Et c’est quoi la suite du plan ?
- si Eva m’approche je lui fais manger ses dents !
- tu m’écoutes ? (3)
- bien sur chéri.»

Je me sens mal.





(1) coût de l’opération : 2 vertèbres. Va me coûter cher ce mariage.
(2) façon de parler je ne sais toujours pas s’il en a on ne reviens pas la dessus.
(3) et on est même pas encore mariés.

Bon, allez, soyons motivés... D'abord, quelques détails. J'appelle quelques serviteurs et donne mes ordres.

"Vous me déménagez la fontaine...
- Hein? T'es dingue?
- Pas question que ma famille croie que notre boulot consiste à glander devant des programmes débiles. Ensuite, vous demandez à Manorok, Dakryk, Ghorne et Gwalin de rester à distance du palais... pas question de subir les commentaires désobligeants d'Eva sur mes amis... Surtout qu'il y a de quoi faire...
- Ah ça...
- Et prépare-toi psychologiquement, au fait, tu vas voir ce que tu vas te prendre dans la tête quand la cousine sera là...
- Ca promet...
- Ensuite vous ignifugez à peu près la totalité du domaine, Enki comprise, vous rajoutez des sécurités à la cave à hydromel et vous demandez à la garnison de venir monter la garde devant, pour empêcher mon grand-père de passer... Je serai le seul à pouvoir y entrer...
- HUM.
- Avec Enki.
- Merci mon chéri.
- Evite ça quand ma famille est hors de portée d'oreille, tu seras gentille.
- Dommage, c'est rigolo...
- Ou alors je peux demander d'envoyer des faire-parts à ton père pour notre mariage... Qu'en penses-tu, chérie?
- Si tu fais ça...
- Vous me préparez les chambres, aussi, pour accueillir du monde... Ah, et un détail, je n'ai pas envie de devoir embaucher la totalité de mon personnel après le départ de ma famille, alors vous êtes discrets, et surtout vous faites le ménage de manière irréprochable, vu?
- Oui puissant Kaev.
- Maîtresse, on doit faire comme il dit?
- Crois-moi, ce coup-ci, vaut mieux que tu obéisses...
- Bien... hum... puissant Kaev.
- Te forces pas surtout, ahuri... Allez, au boulot! "

Les serviteurs s'égayent de tous les côtés, sous mon regard satisfait. Bon, ça, c'est fait...
Reste plus qu'à...

"Tu veux me dire quelque chose?
- Euh... comment dire...
- Prends ton temps.
- Disons que... je connais ma mère, pour me faire plaisir elle va m'apporter le petit déjeuner au lit demain matin, et m'abreuver de ses conseils et prévisions pour commencer à préparer le mariage...alors... euh...
- Je ne vois pas le problème.
- Eh bien... On n'est pas une famille très puritaine, et... Enfin... Si quand elle rentre dans la chambre elle me trouve seul dans mon lit...
- Eh bien qu... oh. Oh oh. Oh non!Tu veux quand même pas que...
- Ben si.
- Tu plaisantes, hein? Dis-moi que tu plaisantes!
- J'aimerais bien, je t'assure.
- Dormir avec toi!! Jamais! Plutôt mourir!
- Techniquement c'est ce qui va t'arriver si ma mère se rend compte de la supercherie...
- Si je rencontre un dieu un jour... un vrai, je veux dire... Je lui démonte sa face.
- Je n'en doute pas. Je te le tiendrais, si tu veux.
- Oui, merci. Et donc tu veux que je dorme dans ta chambre?
- Ben...
- Hors de question. Tu sens le bouc, et ta chambre doit avoir le même genre de fumet. D'ailleurs ce serait bien que tu te laves, si tu veux que je dorme dans la même pièce que toi...
- On va quand même pas dormir dans ta chambre! Ma mère va croire que je suis retombé en enfance!
- ...merci...
- Bon, y'a plus qu'une solution... Il va falloir en créer une.
- Tu sais à quoi ça ressemble, une chambre de jeune couple, toi?
- Non. Et toi?
- Non plus.
- On est mal.
- Je ne te le fais pas dire. "

On se regarde avec des yeux tout ce qu'il y a de désespérés. Puis je prends une grande inspiration, et sors de la salle, suivi par Enki. Je me plante devant un mur, claque des doigts et crée une porte.

"Une porte?
- Ouais, pour que ma mère puisse tambouriner contre en demandant "je vous dérange pas", avant d'entrer immédiatement après sans avoir attendu la réponse...
- Ah, pas faux... Tu as de l'expérience...
- J'ai eu le malheur de ramener une petit amie à la maison, une fois...
- Oh... Vu ta tête c'est pas un bon souvenir...
- Pourquoi tu crois que j'aime être célibataire?
- Pas faux... "

J'explique mon plan à Enki pour cette chambre: si on la crée tous les deux, il y aura un peu des goûts de chacun, et on pourra croire qu'on l'a aménagée à deux... Et nous faisons donc apparaître un lit deux places pas trop voyant (1), et une penderie pour mettre... pas grand chose, d'ailleurs, elle n'a qu'une robe, qu'elle porte, et je n'ai aucun vêtement. Mais ça fait illusion. On ajoute quelques tableaux plus ou moins laids, des tables de nuit assorties avec des lampes de chevet en forme de volcans, un pouf violet en forme de shamallow (2)...

Soudain, la voix de ma mère retentit.

"KAEV!! Il est tard! Il est bientôt 19h, j'espère que tu as mangé, exctinction des feux dans dix minutes!! Tu dois être en forme pour demain! Viens vite bisouiller ta maman d'amour mon chéri!! "

Je soupire longuement.

"Finis la chambre, je reviens.
- OK... Oublie pas de prendre ton bain! "

Je me demande si la journée peut être pire encore...

___________
(1) Je refuse fermement l'idée d'Enki, avec le gros lit rose en forme de coeur.
(2) Concession à Enki.

Ha ha ha. Ça s’annonce intéressant en fin de compte.

Et au pire je peux toujours fuir au moment de prononcer le oui fatidique… et je vais prendre des gâteaux comme ça en dernier recourt je meurs mais au moins en étant pas mariée a Kaev.

Je fais le tour de la chambre et rajoute quelques bougies, des descentes de lit mauve (1) et des rideaux assortis.
Ah et puis de l’encens. Dés fois que Kaev oublie de passer par la case lavage.
Voila, je recule d’un pas pour admirer l’œuvre. C’est pas mal.
Y’a plus qu’à tester le lit.

*boing*
« Haha ha ! »
*boing *
« Excellent ! »
*boing*

« Maîtresse adulée ?
- oui ?
- je me présente Jeffrey. Votre nouveau majord’homme. (2)
- il est où Roland ?
- Votre …belle mère a cru bon de ...le renvoyer à la terre. Si j’ôse dire.
- Ah. Je vois. Essaye de l’éviter ok ?
- avec plaisir.
- tu voulais quelque chose de précis ?
- vos mensurations.
- pardon ?
- pour la robe mariage.
- et la tante Berthe?
-un petit probléme de patte,si j'ai bien comprit votre belle mére.
- hein? bon...et elle est pas bien celle là de robe? Faut que je la change ?
- ça me parait inévitable.
- et c’est toi qui vas la faire la robe ?
-certes.
- ok alors je veux pas trop de froufrou mais beaucoup d’agrafes ok ?
- à vos ordres. »

Et c’est pendant que Jeffrey joue du mètre ruban, que je broie de noir, que Kaev arrive luisant comme… comme un ver quoi. (3)

« Ç’est ta couleur naturelle ?
- va mourir.
- avec plaisir.
- Eh bien…je vous laisse, bonne nuit ô déesse ultime.
- bonne nuit, Jef. »

Je soupire et me pose sur le lit.

« C’est mon coté.
-quoi ?
- c’est mon coté du lit.
- rhaaaaaaa la la. »

On est pas couché moi je vous le dit.
Mais bon, je suis tellement magnanime que je lui laisse ce coté du lit.
D’un autre coté quand je vais aller aux latrines pour la 5émé fois de la nuit il va s’en mordre les pattes.
Enfin bon, il sera toujours temps de se marrer à ce moment là.

Et voila comment se termine cette journée pourrie : Chacun d’un côté du lit en train de faire un duel d’œil.
« Tu tires pas la couverture.
- Si tu colles pas tes pieds gelés sur moi.
- ça marche. »
Mais qu’est ce que j’ai fait aux dieux je vous le demande.
Je le regarde rabattre la couverture et en profite pour …
« Et tu sautes pas sur le lit !
- trop tard.
*boing*
*rrrrrrr*
- c’est quoi ce bruit ?
- quoi ?
- ça ! Dit il en sautant sur le lit.
*boing*
*rrrrr*
- ah c’est Jack ! Mon croque mitaine! je dors pas bien sans lui..
- je veux mourir.
- moi d’abord. »





(1) pas que j’aime le mauve mais je commence à cerner les goût de la belle-mère.
(2) c’est moi qui écris !
(3) ver luisant…salamandre…Kaev…blague…ok, je vais pas vous forcer à rire.