I. Du ridicule des voyages astraux

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[Forum: "Latrines pour dames"]

WOOOUUUUSH ZWIM!!!

"Et je maudis ta sale race de bâtard de catin vérolée, sale raclure de fond de tonneau de...
- Euh... Kaev? "

Je tourne furieusement mon museau vers la frimousse rouquine d'Enki, qui tente d'attirer mon attention tout en évitant de trop se coller à moi, ce qui est difficile compte tenu de l'étroitesse de l'endroit.

"Quoi?
- Euh... Je crois qu'il n'est plus là, tu peux arrêter de l'insulter. "

C'est vrai. L'archimage a disparu, tout comme sa tour, son salon, sa tripotée de mômes braillards et, à vrai dire, toute la planète qui se trouvait autour de la tour en question. Je le sais, j'ai senti que nous avons traversé les plans, j'ai l'habitude de cette sensation. Après tout, lorsqu'on est une Salamandre du plan élémentaire du feu et qu'on se fait invoquer par pléthore de magiciens de tel ou tel monde depuis plusieurs siècles, on finit par s'y retrouver vaguement...

Avant d'aller plus loin dans la narration, remettons la situation en place pour ceux qui ne suivent pas nos aventures depuis le tout début (et que je méprise, rappelons-le, bande d'incultes va). Je me nomme Kaev, Salamandre, deux mètres, des muscles, des crocs, des écailles, et une magie du feu de dieu (du feu tout court, d'ailleurs, puisque je suis un élémentaire de feu). Je suis une créature invoquée par un magistral coup de chance par ma compagne d'infortune, la magicienne débutante et franchement pitoyable (même pour une débutante), répondant quand elle n'est pas de trop mauvaise humeur au nom imprononçable d'Enki-o-shaolante. Parmi la longue liste de ses exactions, outre celle de m'invoquer sans savoir comment me révoquer, on compte la destruction accidentelle de son école de magie, qui expliqua son exil dans les terres désolées des Cinq Royaumes.

Ayant décidé que le mieux pour nous deux était de me renvoyer le plus vite possible dans mon plan natal, nous nous mîmes en route pour retrouver l'Archimage, doyen de l'école de magie détruite mentionnée plus haut, et accessoirement père d'Enki, qui semblait le seul capable de défaire ce qu'elle avait fait.

Manque de bol, son père, aussi vindicatif que sa fille est insupportable (et ce n'est pas peu dire) nous envoya parmi les limbes de l'espace-temps au lieu de gentiment me renvoyer chez moi, comme punition. Soit disant que je l'avais menacé. Allons donc, comme si une boule de feu dans la gueule pouvait faire tant de mal...

Quoi qu'il en soit, à présent que ma colère et votre soif de connaissance, cher lecteur, sont calmées, je détaille le lieu exiguë où nous avons atteri.

Une pièce minuscule, carrelée de blanc... Une porte de bois la ferme... Une sorte de tuyauterie monte vers le plafond, tandis qu'une chaîne en pend. Un coup d'oeil vers le bas, et constate avec désarroi que j'ai le pied dans... dans...

"Je crois qu'on a aterri dans les toilettes", résume fort à propos ma compagne.

"Tiens, il y a une surprise party ici ?"

Je vais pas m’avancer trop vite…mais…ça va être une sale journée.
…
Il y a des signes qui ne trompent pas… le regard que me jette Kaev, l’odeur qui règne ici…et le truc qui gigote dans le bas de mon dos…
« Kaev. Arrête ça. »

Faut sortir de la…je sais pas où nous sommes mais …faut qu’on en sorte.
Je défait le loquet de la porte et tente de m’extraire de ces satanées latrines.

" Oh…bonjour Madame. Dites vous savez pas ou …eh mais pourquoi vous partez ? Madame ! "
Je me retourne vers Kaev qui regarde vers le ciel.
"Elle est partie. "

"Non mais deux personne se parlent et je ne connais pas leur voix"

"Oui ben, faudrait p'tête signaler not' présence..."
Criant a travers la porte:
"On vous dérange p'tête ?"

Bon. Bon bon bon... Voilà voilà... Nous venons de débarquer dans un autre monde, et on atterrit dans... les toilettes. Pour dames. Et après on me dira que la malchance n'existe pas.

Je laisse Enki essayer de comprendre ce qui a bien pu effrayer une femme allant se refaire une beauté dans l'apparition soudaine de deux individus de sexe différents dans un lieu généralement peu réputé pour sa mixité. Surtout quand l'un des individus en question est une Salamandre de deux mètres de haut. Enfin bon.

Tandis qu'elle repère l'intérieur des toilettes pour dame, je fais de mon mieux pour extirper mon pied (taille 48 ) du trou des latrines. Après force gigotements et bruits de succion d'eau de fort peu d'élégance, je parviens tant bien que mal à sortir de là.

Bon, mine de rien je trouve que le décor manque un peu de classe, ici...

"On y va? "

Je ne me sens même pas assez en forme pour m'énerver. Je suis dans un autre monde, toujours accroché au même boulet, et surtout dans les toilettes pour dames. Ca me laisse plus déprimé qu'autre chose.

J'attrappe ma magicienne par le col, me dirige d'un pas assuré vers la porte... puis m'immobilise, repose Enki au sol, et me dirige vers l'un des miroirs.

"J'ai une de ces têtes... Pas étonnnant que je fasse peur à ce point. "

Et de tenter de me débarbouiller de toute cette poussière astrale qui s'est accumulée sur mon corps d'athlète pendant la traversée des plans.

Ludwig retapa à la porte:

"Y'a-t-il quelqu'un?"

« Par tout les dieux mais je me suis coiffée il y a quatre jours !!! …attends je dois avoir un peigne…je peux pas sortir comme ça. »
J’entends du bruit derrière la porte… des autochtones…j’espère qu’ils sont…heu…humains.
Par pitié plus de zombies..

« Heu…Oui ??? heu…J’arrive un moment !!! »

Je regarde Kaev qui ouvre la porte à sa façon…en arrachant tout.

"Oh! C'est pas vous qui allez payer les réparations!!"

C'est vraiment pas solide ces portes, là... Vraiment une invention d'humain ces trucs qui encombrent le passage. Ouvrir une porte, avez-vous déjà connu une perte de temps plus flagrante? On va quelque part, et il y a toujours une porte qu'il faut ouvrir/défoncer/crocheter, alors qu'il est si simple de ne rien mettre du tout... D'autant que les portes cachent ce qui se trouve derrière. Sans doute est-ce associé à cet étrange concept de pudeur, en mode chez les humains et assimilés...

Bon, ils sont où les autochtones, là?

Chez les humains, on nomme pervers, voyeur, etc, tout ce qui est de sexe masculin et s'approche de trop près d'un lieu réservé aux femmes. Sauf s'ils s'approchent vraiment beaucoup, et là ce sont des amants. Ce qui, contrairement à pervers, n'a pas une connotation péjorative. Je n'ai jamais compris la nuance...

Quoiqu'il en soit, un type râle. Je le foudroie du regard.

"Quoi t'es pas content toi? Tu veux une malédiction majeure du treizième cercle dans la gueule ou quoi? Je connais pas ma force, c'est pas ma faute, t'as qu'à faire poser des portes pas faites pour les chochottes et c'est tout! "

Toujours ma légendaire courtoisie et mon éloquence choisie... Non, c'est vrai quoi, on débarque chez eux, on n'est pas franchement joyeux d'être là, et ces rigolos, sans un mot de bienvenue ni rien, m'agressent... ils ont de la chance que j'aie un peu le mal du pays, sinon je leur carboniserais leurs âmes ce serait vite fait...

Je dépasse les autochtones et m'aventure à l'extérieur de cet endroit, suivi d'Enki.

"Comment qu'y cause celui là ????? C'est pas parce que t'es un machin qui crache du feu que tu peux manquer de respect à un gobelin de même pas un mètre de haut...J'ai rien dit."

Se réfugie derrière Ludwigane.

Le Dahaka arriva.

"Qu'est-ce qui se passe ici ?"

Il regarda la salamandre.
"Tu es qui toi ?"

"Ouaiiiiis du renfort !"

Je regarde le grand type…je dois lui arriver à la taille.

«Heu...Ouais…bien…on fait que passer. Veuillez excuser mon…heu…heu… compagnon. On a fais une longue route…heu…eh bien on va pas vous déranger plus longtemps…les…toilettes son libres. »
Je pousse Kaev vers la sortie.

« Viens pas la peine de traîner…je te connais tu vas tout flamber… »
Je me retourne avant de franchir la porte.

« Très mal fréquentées ces toilettes…je me demande s’ils ont un problème anatomique…on était bien chez les femmes non ? »

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