pffff... c'est toujours moi.

(suite de: https://marshmallow.actifforum.com/viewtopic.forum?p=491#491 )

Je refuse d’ouvrir les yeux.
Je connais le topo. Je vais me retrouver dans une fontaine avec ma robe qui déteint, ou dans les latrines avec la patte de Kaev dans l’œil ou chez des harpies sadiques avec Kaev qui beugle comme un possédé.

Dans tout les cas c’est mal, car Kaev sera dans le coin.
…
A moins que par miracle !!!

« Kaev ?
- Ouais.
- Ah. T’es là.
Fallais pas trop y croire non plus.
- Hélas. Et toi aussi.
- Certes.
- Tu peux ouvrir les yeux tu sais.
- Pour voir quoi ?
- Moi. Qui fait des efforts énormes pour ne pas me défouler sur ton nez.
- Je préfère pas voir alors.
- Enki.
- Bon ok…
Oh par tout les dieux …où est ce qu’on est encore tombés ?
- Argh.
- Certes argh. Quoique c’est mieux que d’arriver dans une fontaine…
- …Mais moins bien que d’arriver au milieu d’une bande de serviteurs dévoués qui adulent tes moindre faits et gestes (1)…
- Pas faux. »

Or donc et parce qu’il faut tout faire ici (2) voici un descriptif succins de ce qui s’étend sous nos yeux : du sable. (3)
Et de ce qui ne s’étends pas sous nos yeux : de l’eau, du nutell*, des serviteur, des carottes (4) des gens, des bestioles, une sandale (5), des plantes, un lit, une salle de bain, un truc contondant pour frapper Kaev.

« On est foutus.
- TU es foutue nuance. Ca me va pas mal comme endroit à moi.
- Je rectifie : tu es aussi foutu que moi car je compte bien te pourrir la vie jusqu'à mon dernier souffle.
- Sadique.
- De rien. »
J’aime pas ça.
Il regarde l’horizon avec son petit sourire en coin super flippant.
Je suis sur qu’il ne veut pas me l’avouer mais il est comme un nain dans de l’or dans ce décors.
C’est plat, tout moche, sans une plante, sans porte, (6) sans personne…
Non sérieux des endroits miteux j’en ai vu mais là… là c’est fort.

« On fait quoi maintenant ?
- On marche.
- Quoi ? Mais je vais mourir moi ! Il fait chaud j’ai soif ! J’ai faim !
- Et tu as encore ton nez intact. Pour l’instant.
- Je te hais. Et je suis sure que tout est de ta faute.
- J’allais te dire la même chose. Mais je me console… je vais te voir friper par des jours de marche en plein soleil.
- T’es vraiment…
- Méchant ?
- Oui.
- Sadique ?
- Oui.
- Détestable ?
- Aussi !
- Arrête tu vas me faire rougir. Allez ramène toi. »

Je le hais. Copieusement.
(7)



(1) Voir saison 6 : Kaev et Enki pourrissent Bahagon.
(2) Même faire le premier post alors que c’est toujours moi qui m’y colle… enfin bref. Arrête de râler.
(3) Plein.
(4) Ca c’est plutôt une bonne chose.
(5) C’est moi qui raconte … et c’est vrai y’a pas de sandale. Ni de cafetière d’ailleurs.
(6) Kaev est pas ce qu’on pourrais appeler « un ami des portes » d’ailleurs il est pas pote avec beaucoup de choses à la réflexion.
(7) Oui l’histoire n’avance pas, non c’est pas très drôle. Mais bon, Kaev va vous rattraper ça en un tour de patte vous allez voir.

J'adore le désert. Il est, sans me vanter, le reflet parfait de ma personne. Grand, sec, brûlant, cruel, magnifique, et le dernier qui l'a vu boire de l'eau, il est pas jeune.

Le seul inconvénient, dans le désert, c'est le sable. Le sable est, bizarrement, plus à l'effigie d'Enki. Petit, irritant, toujours là quel que soit l'endroit où on pose le regard, qui s'insinue partout et en particulier là où il ne faudrait pas, et qui glisse entre les mains quand on tente de le chopper...

Ce qui m'agace, dans ce lot de métaphores, c'est que le désert ne peut exister sans sable, ce qui implique que Kaev n'existe pas sans Enki. C'est extrêmement frustrant (1). Je m'en ouvre à Enki en faisant montre de la plus élémentaire diplomatie.

*SHBAF*

"Aïeuh! Mais t'es dingue! J'ai rien fait!
- Même quand tu dis rien, tu trouves le moyen de m'énerver par ta seule présence...
- Faut vraiment que tu te fasses soigner toi...
- Ouais, c'est ce que mon psy disait toujours quand je lui racontais mes rêves. Ensuite je lui rappelais que c'était pour ça que j'étais venu le consulter, et en général, là, il fondait en larmes.
- Je le comprends.
- D'ailleurs ça m'étonne, tu es un peu plus résistante que mon psy... A part quand tu te murges la tête, tu ne pleures plus beaucoup.
- Je ne te donnerai plus cette satisfaction.
- Ca ne me satisfait pas de te voir pleurer. Quand tu pleures, tu as la tête de bouledogue qui a mis la tête dans un nid d'araignées, la voix d'un canari écrasé... enfin, encore plus que d'habitude (2)... et autant d'éloquence qu'un oursin empaillé. Et en général, tu trouves intelligent de te moucher sur mes écailles en espérant que je vais te réconforter. C'est assez déplaisant comme situation.
- Ah. Je vais peut-être m'y remettre alors...
- Sadique.
- J'ai un bon professeur.
- Poutchou!
- Ah zut... J'avais l'espoir que tu l'avais oubliée.
- J'ai oublié Poutchou là-bas!
- Certes.
- Qu'est-ce qu'elle va devenir??
- Vu comme tu l'as éduquée, je dirais chef de guerre de Chaos en personne.
- Ma pauvre petite chérie... *snirf*
- Oh... te met pas dans ces états... Tu m'as moi!
- Enki... quand tu essaies de me consoler, essaie d'éviter de me plomber encore plus le moral.
- Désolée... "

Les yeux dans le vague, je songe à ma pauvre plante carnivore qui est restée sur ce monde hostile, en proie à l'Apocalypse, et qui a sûrement disparu dans les flammes et la désolation...

"Au fait, Jack ne t'inquiète pas?
- Ah non, lui il me suit quoi qu'il arrive.
- Ah? Il est où?
- Il faut un lit, sinon il n'est pas là. (3)
- ...ok, je ne cherche pas à comprendre.
- Tu fais bien.
- Tsss...
- Au fait, tu sais où on est?
- Dans le désert.
- Oui, mais sinon?
- Aucune idée.
- Ah. Et tu sais où on va?
- Non plus.
- Ah. Donc pour résumer, je suis en train de suivre en plein désert une Salamandre qui a autant de sens de l'orientation qu'une cruche en terre cuite, et qui ne sait pas où il se trouve et où il va...
- C'est bien ça.
- Ma vie est un enfer rougeoyant.
- Passe devant si tu veux.
- Nan. Si je meurs desséchée dans le désert, je veux avoir la satisfaction de pouvoir dire que c'est de ta faute. "

_________________
(1) En RP seulement. En HRP, c'est vrai aussi, mais ça ne m'énerve pas, au contraire.
(2) Serais-je assez mesquin pour signaler qu'en HRP ta voix ressemble aussi à cela? ...non, je ne suis pas comme ça...
(3) Pour les gens qui ne suivent pas (booouuuh, à mort, conspuons-les ensemble!), Jack est le croque-mitaine d'Enki.

Je suis toujours très calme. (1)
Pas du tout du genre à paniquer. Même quand il m’a présenté sa mère et qu’on a faillit se marier je suis resté calme. C’est dire.

Mais là, je le sens mal.

C’est sûrement parce qu’on est perdus dans un milieu hostile avec pour seul guide une salamandre qui trouverais pas sa propre queue avec un GPS (2), qu’on a pas d’eau, pas d’alcool et que y’a un…
« Tu es déjà morte?
- Quoi ?
- Tu parles plus depuis 18 secondes. »

Je soupire. J’aurais pas pu invoquer une belette à trois pattes comme d’hab ?
Non vraiment les dieux ont un sens de l’humour déplorable. Je crois qu’une fois la haut j’aurais deux trois trucs à leur dire.
Gros soupire.

« Dis… tu crois qu’on va s’en sortir ?
- Moi sans doute, c’est presque mon élément… par contre toi je te donne deux jours pour mourir dans d’atroces souffrances. Peut être trois parce que tu vas me pourrir la vie le plus longtemps possible pas vrai ?
- Exact.
- Je le savais. »
Ce n’est pas le manque d’eau ni le soleil les atroces souffrances c’est de devoir le supporter deux jours de plus…
Si encore j’avais une consolation…Je sais pas moi …savoir que je serais vengée par un preux paladin, qu’il va finir noyer dans une oasis, qu’il va chopper une insolation, un cor à la patte ou que le truc derrière va le…
« Tu avances oui ?
- J’aime pas marcher. Ca use les chaussettes.
- Tu en aura bientôt plus besoin »

Bon alors là ça suffit. Allez Enki ! Remue toi ! Après tout, même si c’est la fin tu auras fait des trucs bien dans ta vie !
…
...
Je la refais.
Allez Enki ! Remue toi ! Après tout si c’est la fin tu auras fait des trucs dans ta vie ! Tu as cramer toute une école, rencontrer plein de monde, invoquer un salamandre, survécu à Kaev, gagné trois niveau dont un grâce à un tire-bouchon, connues les joies de l’hydromel…
S’il me reste que deux jours à vivre je jure de lui pourrir la vie comme jamais !
Et je vais commencer par chanter…avec un peu de chance je ferai d’une pierre deux coups… emmerder Kaev et faire fuir le truc là… qui nous suit… mais bon faut que je me mette à courir sinon ça va être trop facile pour qu’il me tape…
« Et pourquoi tu cours ?
- Parce que…un kilomètre à pieds ça use ça use euh !
- Hola.
- Un kilomètre à pieds ça use les souliers !
- Non Enki !
- Deux kilomètres à pieds heuuuu ça use ça use euh !
- Je vais pas avoir le choix là !
- Deux kilomètres à pieds ça use les souliers!
*SHBAF*
- Ah ah ! Raté ! Trois kilomètres à pieds…
-Tu t’améliores.
-Oui hein ?
- Mais tu devrais pas courir ça te fatigue.
- Tu t’inquiètes pour moi ?
- Mouhahaha .
N’empêche… il a raison le bougre…pas fait 5 mètres que je suis déjà vannée…foutu sable.
- Pas le droit de me toucher… ni de boule de feu… arme contendante… sable…cailloux, malédictions, jet de souffre, pluie acides et autres trucs choses bizarre là.
- C’est un ordre direct ?
- Certes. (3)
- Tu as rien oublié ?
- Heu… non.
- RRRhaaaaaaaa !
- Mouhahaha. Pour une fois que je gagne.
- Pas faux.
Je m’arrête haletante les mains sur les genoux pour regarder Kaev quelque mètre plus loin qui affiche le sourire typique de qui cherche une faille dans l’ordre direct.
- Ca te manquait?
- De quoi ?
- Les courses poursuites.
- Ouais mais dans le sables c’est pas pareil…les couleurs cirés de la DT c’est mieux. (5)
- Pas faux.
- Je vais pas te manquer une fois disparue ?
- Non.
- Même pour les courses ?
- Non.
- Les voyages inter plan ?
- Non.
- Et pour les soirées hydromel ?
- Non.
- Et pour te défouler ?
- …
- Ahaha ! Et pour t’avertir qu’il y a un truc bizarre avec des dents qui nous suit depuis bien vingt (6) minutes et qu’il est derrière toi ?
- Quoi ?
- J’aurais peut être dû le dire avant : y’a un truc à trois dents qui nous suit depuis vingt minutes et là il est derrière toi !»

Mieux vaut tard que jamais…




(1) Surtout Hrp contrairement à un certain impulsif de ma connaissance dont je ne tairais pas le nom : Kaev.
(2) Guide Planétaire Superprécis.
(3) Informons les lecteurs qui nous découvrent (booouuuh !) les autres peuvent aller boire un verre en attendant… Le seul « pouvoir » que Enki à sur Kaev, mis à part beugler des chansons plus ou moins paillardes à tue tête et de lui balancer un ordre direct, en tant que créature invoquée il doit alors obéir. Mouhahaha, bien pratique me direz vous. Ce à quoi je réponds : certes, quand on pense à sans servir et quand Kaev ne détourne pas l’ordre pour faire ce qui l’arrange le plus. (4)
(4) À savoir vous refaire le nez.
(5) aux lecteurs non avertis : DT= Delirium team. Le dernier endroit que nous avons squatter… (Saison 6)
(6) Prononcer « vin » et pas « vinteuh » sinon Kaev Hrp est mort de rire.

Je vais la tuer.

Oui, je sais, ça fait plusieurs mois maintenant que c'est d'actualité. D'ailleurs, j'essaie. Mais elle est beaucoup plus résistante que sa carrure ne le laisse penser. Elle a survécu à un week end avec ma famille (1), c'est vous dire le degré de maîtrise de la survie qu'elle possède.

Elle a échappé à tous les pièges que je lui ai tendus, tous les traquenards, tous les attentats, tous les guet-appens ont échoué. Même en la surprenant dans son bain ou complètement bourrée après une murge à l'hydromel, je ne suis pas parvenu à trouver un moyen de la faire trépasser.

Il y en a sûrement qui se disent que je dois commencer à m'attacher un peu à elle, qu'il existe finalement un truc racorni et noirâtre pulsant faiblement sous ma carapace de méchanceté et qui ressemble vaguement à un coeur, et que même si je pouvais la tuer je ne le ferais pas, parce qu'en fait je l'aime bien.

Je rappelle aux humbles imbéciles qui se permettent de penser pareille chose que contrairement aux chats, ils ne possèdent pas neuf vies mais bel et bien une seule, et qu'il est dangereux pour cette existence en question de mettre en rogne une Salamandre adulte.

"Tu ne pouvais pas me le dire avant?
- J'y ai pas pensé.
- Je commence à me demander si tu connais le sens de ce mot.
- Bah, on n'a rien à craindre. Je te rappelle que tu es une super salamandre du chaos de la mort, qui maîtrise le feu aussi bien qu'un Elfe maîtrise la broderie et qui a défoncé la tête d'à peu près tous les personnages un peu puissants qu'on a rencontrés depuis qu'on se connaît...
- La flatterie ne te mènera nulle part, et d'une. Et de deux, le seul type un peu balèze que j'aurais du crâmer avant qu'il ouvre la bouche, c'est ton géniteur.
- Tu n'avais qu'à ne pas le menacer.
- J'aurais cru que ça te plairait de me voir jouer le chevalier servant volant au secours de sa damoiselle...
- La tête du prince charmant, dis donc...
- La tête de la demoiselle aussi, si on va par là...
- Tsss... Mais c'est vrai que c'est bien la seule fois où tu as pris ma défense.
- Abuse pas! Il y a la fois où... euh... Ouais, et puis quand... hum...
- Prends ton temps.
- Ah ouais, en fait je n'ai jamais rien fait pour te sauver la mise depuis ce jour.
- Alors que moi, hein! Je t'ai sauvé deux fois du FBI (2), une fois du mariage...
- Là on est ex aequo, je t'en ai sauvée aussi...
- ...ouais. Enfin bref, tu m'es redevable!
- Disons que les rares fois où tu m'as été utile contribuent à effacer une infime partie du fait que tu aies oublié mon mot de révocation.
- Vu comme ça, évidemment...
- A part ça, c'est quoi ce truc à trois dents?
- Aucune idée.
- Ah. Je crois que les gens du cru appelent ça un fennec, non?
- Si tu le dis.
- Il a l'air tout petit.
- Ouais. Il est mignon remarque.
- Si tu le dis.
- Pitipitipiti... Oh la vache, il refoule!
- La réputation nauséabonde des fennecs n'est pas usurpée... (3)
- Qu'est-ce qu'on fait de ce truc?
- J'en sais rien. Tu veux l'adopter?
- Avec cette odeur? Sûrement pas!
- Bon. Il te plaît pas alors?
- Nan.
- Alors je l'adopte.
- Oh non.
- Ah si. Il a l'air cool, et puis moi je n'ai pas d'odorat. Et puis si son odeur peut rendre tes derniers instants plus pénibles encore, ce n'est pas pour me déplaire...
- Ordre direct!
- Trop tard.
- Hein?
- Je l'ai déjà adopté. Quand on a adopté un animal, on ne doit pas l'abandonner après.
- Tu vas me demander de te dessiner un mouton aussi?
- Hein?
- Laisse tomber. Tu vas l'appeler comment?
- Bah, pour me souvenir de ton manque d'inspiration chronique quand tu seras disparue, je te laisse choisir le nom... (4) "

__________________
(1) Hrp aussi, ce qui est au moins autant digne d'admiration béate.
(2) Fédération de Balisage Interstellaire, pour ceux qui ne suivent pas (booouuuh)
(3) Véridique, tas d'incultes.
(4) Et toc, à toi de bosser!

Ce sera peut être mon dernier acte sur cette terre.

C’est émouvant.

Je regarde le fennec avec ses trois pauvres quenottes et ses oreilles décollées.
En un mot comme en cent, il est pitoyable le bestiau.
Pire que Poutchou. Elle au moins avait du mordant.

Je vois vraiment pas ce que Kaev va en faire.

« Tu sais…que tu prennes Poutchou comme familier je comprends Elle était psychotique, sanguinaire, névrosée …enfin bon complètement ravagée quoi. Elle t’allait bien…
- C’est vrai.
- Mais là… je comprends pas. Le truc le plus mortel chez ce fennec c’est son odeur. C’est une vraie loque. Même Jack est plus flippant.
- C’est une ruse, il cache son jeu.
- Il le cache rudement bien alors. Tu es sur de vouloir le garder ?
- Oui.
Je regarde sa petite tête penchée sur le côté. On dirait qu’il tente d’éloigner son nez le plus possible de son odeur. Il a peut être une once de lucidité lui… (1)
- Tu places beaucoup d’espoirs en lui hein ?
- Plus qu’en toi toujours.
- A mon avis tu ne vas pas être déçu…
Après tout moi je m’en fout… qu’il fasse ce qu’il veux… mais j’aurais bien voulut voir ça quand même. Tant pis.
- Tu fais quoi ?
- Je prends du sable pour le baptiser vu qu’on n’a pas d’eau.
- Ah.
- Par les pouvoirs qui me sont conférés par…par….
- Moi.
- …mouais. Par toi… je te nomme ….. Fumble ! (2)
- Hein ?
- Ben quoi ?
- Mais c’est ridicule comme nom !
- Oui, ça lui va à merveille.
Je balance le sable sur la tête du fennec… (4)
- Enki…
- Desserre les dents, oublie pas : je vais bientôt mourir.
- C’est pas faux.
*tchaaa !*
- Ca, c’est bien ridicule comme éternuement. …Et sinon, il est content de son nom le fennec ?
…
…
- Ok. Je prends ça pour un oui.
- Il est timide.
- C’est ça ou il a un cerveau atrophié.
- Tu te sentiras moins seule alors.
…
La mort sera une délivrance.
Je vais partir en sachant que ma vie à été une catastrophe et en sachant que Kaev vivra après moi… mais je me dis que ça peut pas être pire de l’autre côté. Il n’y a qu’un Kaev et il sera loin de moi.
- Au fait tu as réfléchis à une dernière volonté ? Tu y as droit là. (6)
- Ah non tiens.
- Faut vraiment tout te dire.
- Non mais je suis pas trop pour c’est trop dur de choisir…
- Laisse moi deviner tu hésites entre le pot de nutell* et la bouteille d’hydromel.
- Non. Je connais les dernières volontés c’est toujours un truc foireux… je risque de me prendre le pot en travers de la face et de mourir assommée ou un truc du genre.
- C’est ce qui s’appel avoir la FEVE (5).
- Oui. J’ai toujours dis que l’inventeur de ce sort était complètement naze.
- Un certain Ernest I’list…i’listli… bref un nom imprononçable encore.
- I’listiluip ?
- Ouais c’est ça ! Comment tu le sais ?
- C’est mon grand oncle Ernest. L’oncle de mon père.
- M’étonne pas qu’un truc aussi naze soit dû à ta famille.
- Je savais pas que c’était lui qui l’avait créer ce sort… en tout cas ça lui a pas réussit.
- Il est mort comment ?
- Noyé.
- Comment ça ?
- Il savais qu’il allais mourir le lendemain alors il a voulut prendre une cuite… il a demandé deux cent gallons d’alcool…
- Ah.
- Ben oui. Remarque il aurait demandé deux cent bouteilles d’alcool il serais mort lapidé… c’est pas mieux.
- Pas faux. Donc toi tu va rien demander ?
- Qu’on te pourrisse la vie après ma mort peut être.
- Ca marchera pas faut que tu sois vivante quand ça se réalise. Et si tu fais ça je te pourri la vie en retour.
- Ah. Il est vraiment nul ce sort.
- De toute façon tu vas mourir tu risques rien.
- Mouais. Pas faux. Tu m’achèves si ça dure trop longtemps ?
- Avec grand plaisir.
- Ok…Ben alors…heu… Ma dernière volonté c’est qu’on sorte de ce désert pour se retrouver heu…
- Dans un endroit cool.
- …Dans un endroit cool !
- Et pourquoi tu as dit « on » ?
- Pour que tu puisses m’achever si jamais ça foire.
- Ah.
- Ca n’a pas l’air de marcher de toute façon.
- Comme tout les sorts que lance ta famille quoi.
- Tssss…. Tu entends pas comme un drôle de bruit ? » (7)







(1) Contrairement à certain………
(2) Pour les incultes et les autres…Le terme Fumble désigne un échec critique pour les rolistes. (3)
(3) Et non pas une espèce de troll.
(4) Et de Kaev mais c’est pas de ma faute c’est à cause du vent… en faisant exprès j’aurai beaucoup mieux visé les yeux…
(5) Flux d’Exécution des Volontés Enrayé.
(6) Sort qui veut que quiconque connaissant la date de sa mort puisse demander une dernière faveur.
(7) Tu croyais que j’allais tout faire ?

Je tends l'oreille. Que je n'ai pas fort développée, d'ailleurs.

"Non (1).
- Ah? Moi si.
- J'en suis ravi.
- Je te jure, on dirait un truc qui bourdonne!
- Ah, ça?
- Ah, tu entends alors?
- Ouais, ça c'est l'essain de taons du désert qui se rapproche depuis une demie-heure.
- Quoi?? Et c'est maintenant que tu le dis?
- Tu viens de souhaiter te retrouver dans un endroit cool, je voulais pas ta gâcher ton plaisir en te disant que dans moins d'une minute tu vas être intégralement dévorée par des nuées de diptères carnivores chacun de la taille d'un abricot...
- Pourquoi moi?
- Parce que moi j'ai des écailles, et que le fennec...
- Fumble!
- Ouais, si tu veux... Fumble pue trop, même pour des taons.
- Oh, je les vois!
- Paix à ton âme. Je réciterai une prière en ta mémoire.
- Plutôt mourir!
- Ouais, c'est de ça qu'on est en train de parler...
- Je déteste le désert.
- Moi je trouve ça marrant.
- Protège-moi de ces trucs!
- Ah non!
- Si! Ordre direct!
- Tu préfères pas être bouffée par des bestioles? C'est pas pire que mourir de soif dans le désert, tu sais... Là t'en as pour quoi? Deux trois minutes de douleur absolue, et ensuite plus rien... Tandis que dans le desert tu vas souffrir pendant des plombes...
- Kaev...
- Je dis ça, c'est pour ton bien...
- Kaev...
- Pfff... Sure?
- Oui.
- Pas de regret?
- Nan.
- Pfff... bon, ok... "

Je calcine avec morosité la horde de bébêtes affamées et protège ainsi la vie de ma maîtresse... D'ailleurs, ça me fait penser...

"Tu es bien consciente que je viens de te sauver la vie?
- Euh... contraint et forcé, oui...
- Même.
- Si tu veux. Et?
- Et alors je viens de te rembourser l'une des deux dettes de vie que je te dois.
- Je suis ravie pour toi. En quoi ça me concerne?
- Disons que j'ai à présent encore moins de raisons de me montrer cool avec toi, vu que l'une des rares choses positives de ta part vient d'être équilibrée...
- Y'a que toi pour penser à des trucs pareils... Et ça veut dire qu'avant ça, tu étais cool avec moi?
- Bien sur.
- Mouahaha.
- Tsss...
- Hé, c'est pas du vert là-bas?
- Rhaaaa!
- Ca veut dire que le désert est fini, et qu'on va pouvoir boire!
- Pfff...
- Tu as l'air déçu.
- ...
- Kaev... Tu l'avais vu?
- Ouais.
- Et tu m'aurais quand même laissée me faire bouffer par les taons? Alors que je ne risquais presque plus rien du désert?
- Ouais.
- Je te déteste.
- Et à part ça, quoi de neuf? "

_______
(1) Mouahaha.

Je me vengerai.
Un jour je promet… je lui ferai payer… mais en attendant…
« Pour ta peine on va séjourner un moment dans ce délicieux coins de verdure plein de plantes vertes… pleine de chlorophylle …
- Humf.
- Et interdiction-par-odre-direct-de-tout-cramer !
- Tu peux le redire encore plus vite ?
- Je crois pas non. »

Je regarde le paysage qui s’étend devant nos pieds… (1) De l’herbe verte, des plantes vertes, des arbres vert couvert de fruits verts, et une nappe d’eau croupie… verte. Le tout entouré de chèvres. (2) Autant dire un foutu paysage sans grand intérêt planté en plein désert.
Remarquez que le vert ça change du beige du sable, mais bon on s’en lasse vite. Les dieux locaux ont un sens de la déco bien à eux.
- Tu sais je me dis que c’est un peu paradoxal cette histoire…
- De quoi ?
- Ben ça… cette histoire de dernière volonté… ça m’a sauvé la vie. Donc finalement c’était pas vraiment une dernière volonté puisque je vais vivre…
- Pas faux.
- Donc en fait c’est un vœu qui s’est exaucé comme ça ! Pour rien ! Non ? Si ça se trouve je suis bénie des dieux !
-…
-…Remarque quand j’y pense…depuis le temps que je te supporte.
-…
- Ouais non t’as raison la tête de la bénédiction.
- En plus ça tiens pas debout ton raisonnement puisque quand tu as émis ta dernière volonté on voyais déjà cet endroit au loin.
- Et tu m’a rien dis… comme je te hais.
- Merci.
- F’est qui ?
Je tourne la tête et tombe nez à nez avec un vieux tout maigre à moitié mort.
- heu…Salut…
- Falut. Vous êfes qui ?
- Hein ?
- Il demande qui ont est.
- Ah… heu…alors le truc qui pue ...c’est Kaev.
- Enki !
- Et le truc qui pue encore plus c’est Fumble. Et moi c’est Enki-o-shaolante.
- Enfi-o-faolanfe.
- Heu ouais presque. Enki ça suffira pour vous.
- Merfi.
Je regarde le vieux qui me regarde tout en tachant de ne pas loucher sur son unique dent…
- Vais plus qu’une ratife f’est a cauve des fèvres. Mais le refte de ma perfonne est intacte.
- Ah.
- C’est passionnant.
- Pourquoi il me reluque comme ça ?
- Etrange oui… et il a pas encore vomi. Il est fort le bougre.
- Kaeveuh !
- Elle est fa vous ?
- Non.
- Je vous l’afete deux fevres !
- Vendu !
- Quoi ? Non mais je suis pas à vendre ! C’est quoi ça ?
- Un miracle. Quelqu’un qui offre deux chèvres pour toi c’est inespéré.
- F’est inesferé de trouver une fille en ave de fe reproduire dans le coin aufi. Vais pas frot le fois !
- Faut en vouloir quand même. C’est de Enki qu’on parle.
- Faut pas faire la fine bouffe ! ve veux une defendenfe tant que ve peux encore !
- Ah c’est un cas deseperé en effet.
- Ca va je vous dérange pas trop ?
- Laisse moi réfléchir… »

J’aurais mieux fait de mourir séchée dans le désert.





(1) Ben oui un peu de description. C’est la corvée du jour.
(2) Vala c’est fait.

Je suppose qu’il y en a qui se demandent ce que je vais bien pouvoir faire de deux chèvres. C’est facile. Une chèvre, ça donne du lait, c’est affectueux, ça se mange et ça ne parle pas. C’est-à-dire tout le contraire d’Enki. Et en plus, il y en a deux.

« Tope là.
- Vendu !
- Stop ! Je veux rectifier un détail !
- Enki, tu vas me faire louper l’affaire de ma vie…
- Je veux juste préciser un petit truc… Techniquement, je ne t’appartiens pas…
- C’est un détail ça.
- …par contre, toi, tu m’appartiens.
- Répète ça, juste pour voir si tu tiens un minimum à ta dentition ?
- C’est pas pour te vexer, mais dans un contrat d’invocation, la créature invoquée appartient au mage jusqu’à ce que ce dernier le libère.
- Comment tu sais ça toi ?
- Un des rares cours où je n’avais pas bu la veille.
- Pas de chance.
- Tu l’as dit. Donc, si on reprenait ces négociations… Je vous vends contre deux chèvres cette magnifique salamandre, qui défendra mieux que personne votre bétail contre les prédateurs !
- F’est tentant…
- Enki ! Tu ne vas quand même pas me vendre !
- Vais me gêner, tu voulais bien le faire toi !
- Au passage, si tu me vends, tu ne pourras plus me donner d’ordre direct… Et devine quelle sera ma première initiative quand j’aurais changé de propriétaire ?
- …ouh… Ca mérite réflexion ça…
- Dites, ve pourrais pas afeter les deux ? Comme fa tout le monde est content… Quatre fèvres pour la paire, une femme pour ma défendenfe, et un gardien pour mon troupeau, fa vous va ?
- Juste par curiosité, vous avez combien de chèvres ?
- Quatre.
- Ah. Alors si vous nous achetez, vous perdez votre troupeau, pas vrai ?
- Euh… V’avais pas penfé à fa… Donc v’ai pas bevoin de gardien alors ?
- Non. Et si vous désirez une descendance, c’est bien pour avoir des bergers solides qui garderont votre troupeau ?
- Voui.
- Mais s’il n’y a plus de troupeau, vous n’avez plus besoin de berger, donc de descendance…
- F’est pas faux.
- Donc vous n’avez qu’à nous donner vos chèvres, et tout est réglé.
- Fa me femble fave.
- Tope là !
- Vendu ! »

*clap*

« Attendez une feconde… Ve me fuis fait avoir, là, non ?
- Il y a de ça.
- V’ai plus de troupeau, pas de femme et pas de berger ?
- En gros c’est ça.
- Vous êtes méfant !
- Certes, mais je le vis bien.
- Kaev, rends-lui ses chèvres, qu’est-ce que tu veux en faire ?
- Du troc.
- Du troc ? Avec qui ?
- Lui. Dites-moi mon brave, êtes-vous le propriétaire de cette oasis ?
- Voui.
- Est-ce que par hasard vous auriez de quoi dormir, manger et boire pour une salamandre, un fennec et un truc bizarre avec des poils roux ?
- Je sens que je vais pas tarder à essayer une variante du coup du marshmallow, mais avec de la barbe à papa…
- Voui, mais fe ne fera pas gratuit…
- Quatre chèvres pour séjourner ici autant de temps qu’il nous plaira, avec boisson et nourriture à volonté, ça vous va ?
- Fa me femble raisonnable.
- Tope là.
- Vendu ! »

*clap*

« Euh… Ve suis en train de penfer… En résumé, ve viens de vous offrir le gîte et le couvert pour absolument rien, f’est fa ?
- Ouais.
- Ah.
- Bon, je suis crevé, c’est par où les pieux ?
- Par là. »

Après avoir profité d’une frugal repas de fromage de chèvre, d’alcool de palme et de noix de coco, Enki, Fumble et moi nous roulons en boule et passons notre première nuit dans le désert… Fait froid, le sable gratte, le silence est obsédant et Fumble arrête pas de couiner parce qu’il cherche des souris sous le matelas d’Enki qui refuse de se réveiller pour lui laisser le champ libre. Autant dire que c’est une nuit pourrie. Au réveil, je rejoins Enki, assise sur une dune avec des cernes de six pieds de long sous les yeux. Je respire un grand coup, et je me lance.

« Bon, puisqu’on est toujours vivants, je n’y couperais pas, alors… Joyeux anniversaire.
- Hein ?
- Quoi ? C’est pas aujourd’hui ?
- Ben euh… D’abord j’en sais rien, je sais pas quel jour on est.
- On est exactement une vingtaine d’années après la date indiquée sur ta carte.
- Quelle carte ?
- Ta carte d’étudiant. Tu sais, celle où tu as la tête d’un caniche dépressif…
- Méheu ! Elle est pas si mal cette photo… Quoique, à la réflexion…
- Donc voilà, joyeux anniversaire.
- Euh… Attends, je suis pas bien sûre de réaliser. Tu es en train de me souhaiter mon anniversaire ?
- Exact.
- Toi ?
- Oui.
- A moi ?
- Ouais.
- Mon anniversaire ?
- Oui-euh.
- Kaev ?
- Quoi ?
- Tu as bu quoi ? Parce que ça a l’air super fort, alors je veux goûter.
- J’ai rien bu. Je me plie juste à cette bête coutume humaine qui consiste à fêter chaque année supplémentaire qui vous rapproche de la mort.
- Ah. Donc pour toi c’est positif parce que plus je vieillis et plus j’ai de chance de mourir de vieillesse… Je me disais bien…
- Tu vois le mal partout. Non, là je te souhaite de passer une bonne journée, parce qu’il paraît que c’est un jour exceptionnel qui tombe chaque année à la même date.
- Tu ne vas pas décréter cette date journée de deuil interplanaire parce que c’est là que je suis venue au monde ?
- Non.
- Ce n’est pas un moyen de m’attendrir pour que je sois moins vigilante et pour me taper dessus ensuite ?
- Non.
- Tu es sincère, alors ? Tu me souhaites un joyeux anniversaire ?
- Oui.
- Bon… Bouge pas, j’ai tout ce qu’il faut dans mon sac. »

Sous mon regard médusé et légèrement agacé, je la vois sortir quatre bougies entamées de tailles échelonnées, sûrement récupérées in extremis de sa salle de bain thessalienne, un petit brasero d’encens et un bout de bois noirci qui ressemble vaguement à une croix. Elle place les bougies en cercle autour de moi, les allume, enflamme l’encens du brasero et me fixe d’un regard qui se veut terrifiant (1) en brandissant son bout de bois.

« Démon, sors de ce corps !
- Euh… Enki, tu me fais quoi là ?
- J’exorcise. J’ai déjà vu faire mon p’pa, ça avait pas l’air si compliqué…
- Ah. Dis-moi, il exorcisait qui ?
- Jack (2). Il avait invoqué un démon mineur de la connaissance pour lui faire rentrer un peu de plomb dans la cervelle, et en fait le démon est entré tout entier dans sa tête. Après il bavait, et il disait des trucs affreux, limite blasphématoires, du genre « mangez du nutell* au couteau », tu te rends compte ?
- Il avait l’air cool comme démon.
- Bref, mon p’pa a allumé des bougies, il a crié au démon de partir, et le démon est parti du corps de Jack.
- Ah.
- Au fait, ça va mieux toi ? Le démon est parti ?
- Je ne pense pas qu’il y ait un démon ici…
- On va voir ça… Il y a quoi de spécial aujourd’hui ?
- C’est ton anniver…
- DEMON SORS DE CE CORPS !! Vade rétro ananas, et tous ces trucs !
- Ca y est, tu as fini ?
- Y’a pas de démon ?
- Non.
- Tu me souhaites vraiment mon anniversaire ?
- Oui.
- Ah ça y est, j’ai compris ! Les types du F.B.I. ont échangé ma Salamandre avec une autre, qui marche mieux ! Je vais me plaindre !
- Non, c’est toujours la même, mais ça fait plaisir de voir que tu me reconnais si bien…
- Alors je comprends pas… Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Je ne vois pas en quoi c’est si étonnant que je sois capable d’avoir un comportement civilisé.
- Moi si.
- Ah. Je vois. Je suppose que ça a un rapport avec le fait que je crâme les forêts, défonce les portes et tue les gens, c’est ça ?
- Disons que ça joue un peu dans le fait que je te prenne pour un dangereux psychopathe.
- Tsss… Bref, j’ai un cadeau pour toi. »

*BOM*

« Enki, réveille-toi ! »

*SHBAF*

« Aïouh… Gne le chavais, ch’était pour me taper dechus chette hichtoire…
- Tu peux arrêter de mordre dans ta langue tu sais…
- Pardon. Euh… Tu peux arrêter de bouger ?
- Je ne bouge pas. C’est tes yeux.
- Oh.
- Bon, alors ton cadeau…
- Ah c’était pas un rêve ?
- Non.
- Ah. »

*BOM*

« Rhaaa… »

*SHBAF*

« Gn’en profite pas !
- Quelle idée. Bon, ça y est, tu tiens debout ?
- Voui. Euh… A peu près. Tu me tiens si je retombe ?
- D’ac.
- Je peux deviner ce que c’est ?
- Si tu veux.
- C’est… une bouteille d’hydromel ?
- Non, trop classique.
- Une paire de chaussettes ?
- Non plus.
- Un onguent cicatrisant ultra-rapide spécial pour coups de Salamandre ?
- Non.
- Un nouveau tapis pour Jack ? (3)
- Non.
- Une baignoire portable ?
- Non.
- Un portrait d’Elfe ?
- Non, plutôt m'arracher les entrailles.
- Un portail pour retourner chez moi ?
- Si je pouvais t’offrir ça, ça ferait un moment que je l’aurais fait.
- Pas faux. Euh… Je sèche.
- Tiens. »

Je sors de sous mes écailles le petit paquet commandé via notre fontaine magique (4) quand nous étions dieux sur Thessalie, et le tends à ma maîtresse, qui le regarde comme si c’était un scorpion mort.

« Ca mord pas.
- Ah.
- Ca pique pas non plus.
- Oh.
- Tu peux le prendre sans risque.
- Sûr ?
- Ce n’est pas une araignée, si c’est ce qui t’inquiète.
- Ah… Euh… merci. »

Elle prend le paquet et le renifle, comme si un jet d’acide sulfurique allait en jaillir…Tiens, c’est une idée à creuser, ça…

« La coutume, c’est pas de l’ouvrir ?
- Si si… Laisse-moi le temps de m’en remettre… »

Elle déchire enfin le paquet, et contemple avec une certaine stupéfaction le bout de bois qu’il dévoile.

« Euh… Merci pour ce beau… euh… bidule…
- Appuie sur le bouton. »

Ma « maîtresse » presse le petit bouton vert à l’extrémité du bâton, qui se déplie brutalement dans les airs et forme en quelques secondes un balai de taille respectable.

« Un balai volant !
- Ouais.
- Un vrai !
- Ouais.
- Qui se replie et que je peux mettre dans mon sac !
- Ouais.
- Merci ! »

*BOM*

« Euh… Kaev ? »

*SHBUNK*

« Gnu ?
- Ca va mieux ?
- Tu commences à frapper fort dis donc…
- J’ai un bon prof.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Je sais pas, tu m’as filé mon cadeau, j’ai dit merci et…
- Ah ben cherche pas, c’est ça.
- Quoi ?
- Le fait que tu m’aies remercié. Je dois pas être habitué.
- C’est une étrange journée tu sais…
- A qui le dis-tu.
- Ca fait plusieurs minutes que tu es royalement sympa avec moi… Ca va aller ?
- Euh… Si on allait se murger la tête ? J’ai un peu trop puisé sur mes réserves, là…
- D’ac. »

(5)
_____________
(1) Et qui de ce fait ferait mourir de rire le plus froussard des lapins de Garenne.
(2) Le petit frère d’Enki, pas le croque-mitaine.
(3) Le croque-mitaine, ce coup-ci. Suivez un peu.
(4) Modèle Lorien XP, le même qu’une reine des Elfes que nous avons rencontrée en chemin.
(5) Avis à tous nos fans, en ce jour, il s’agit réellement de l’anniversaire d’Enki. Je ne balance pas, j’informe.

Il a fallut traverser tout un désert, faire flamber une école, une bibliothèque, des forets entière (1), se farcir deux mariages, une bonne trentaine de cuites et autant de nez cassés, se coltiner une plante carnivore, un croque mitaine et un fennec, affronter des hordes de harpies, de macchabées, de nazes, et j’en passe pour enfin voir se jour arriver….
…
J’ai un balai. Volant. Pliant.
Offert par Kaev.
…
Ca tiens du pur miracle.
« Tu t’amenes ou tu restes la bouche ouverte ?
- J’arrive.
Je range mon balai et lui emboîte le pas afin d’arroser dignement ce jour.
- Bon allez dis moi maintenant.
- Dire quoi ?
- Pourquoi tu m’as offert ça…
- Pour ton anniversaire.
- Non mais vraiment ?
- vraiment.
- Me prends pas pour une truffe ! D’habitude tu te contentes de me casser le nez, de me taper ou au mieux de me balancer deux trois répliques bien vexantes… là ça te ressemble vraiment pas.
- Si tu veux je peux te frapper…
- J’ai pas dit ça ! … j’ai juste dis que… ça cache un truc.
Je m’assoie en face de lui en l’observant de travers…
- Oh ?
- Et fait pas l’innocent !
- J’ai rien dis.
- C’est bien là le problème… Oh ! Je sais en fait il est piégé ! C’est un balai fait pour s’écraser !
- Non.
- Alors… heu… Il est empoisonné !
- Quoi ?
- Ouais ! Y’a des échardes qui dépassent et je vais me piquer le doigt et dormir pendant 100 ans ! et je serais reveiller par 7 nains habiller en rouge qui habiteront une maison en pain d'épice où je serais obligé de faire le ménage et de porter des godasses en vairs! (2)
- Tu lis trop de livres.
- C’est pas ça alors ?
- Nan.
- Alors il est ensorcelé …il donne des furoncles !
- Nan.
- Des ampoules aux doigts ? (3)
- Nan !
- Il rend les dents jaunes ?
- Tu as vraiment de l’imagination… dommage que tes idées soient aussi pourries.
- Tssss. Alors dis moi !
- Il a rien du tout ce balai … à part qu’il te fait parler et que ça m’énerve !
- Mouais … n’empêche que c’est plutôt étrange.
- Boit ça t’évitera de parler.
- Ah. Je te retrouve un peu.
- Mouhahaha.
Je prends la bouteille et en boit une gorgée. C'est sucré, jaune et...
- Tu as trouve de l’hydromel en plein désert ???
- Non. J’en ai sauvé de notre dernier plan.
- Et tu m’aurais laissé mourir de soif dans le désert ? En ayant de l’hydromel plein les poches ?
- Certes. »

…
Au moins il y a deux choses de sures.
D’une, c’est toujours le même on ne me l’a pas échangé.
Et de deux, je le hais copieusement.




(1) On va se tailler une vraie réputation de pyromanes à force…
(2) pour les incultes. ce n'est pas une faute d'orthographe...
(3) n’empêche ça fait super mal.

Bien, je viens d'écouler mon stock de gentillesse pour les six siècles à venir, je vais pouvoir me remettre aux choses sérieuses sans être pris de remords.

...non c'est une blague, je ne sais même pas ce que c'est, un remord. J'aurais l'esprit d'Enki, je dirais que ça ressemble à Poutchou. Elle remord toujours, Poutchou (1).

*BLAF*

"Aïeuh! Mais t'es dingue, j'ai rien fait! Pourquoi tu me tapes?
- Juste pour me rassurer.
- Ca t'a fait flipper d'être cool avec moi, pas vrai?
- Ouais. Je voulais vérifier si ça marche encore.
- De me taper?
- Non, d'y prendre plaisir. Je voudrais pas que le fait d'être occasionnellement gentil avec toi m'empêche de prendre plaisir à te taper dessus.
- Je te hais, tu le sais ça?
- Peut-être, mais je t'ai filé un cadeau et de l'hydromel, alors mollo sur la haine ce matin, d'ac?
- C'est pas faux.
- Yip! (2)
- Qu'est-ce qu'elle veut la peluche?
- Je crois qu'elle a soif.
- Comment tu sais ça, tu parles le fennec maintenant? Remarque au niveau de l'odeur...
- Je ne relèverai pas cette remarque mesquine et désobligeante de la part de quelqu'un qui ne peut pas passer une journée dans le désert sans puer.
- Je pue moi??
- Les glandes sudoripares des mammifères dans ton genre sont plus sensibles à la chaleur... Je n'aime peut-être pas trop les bains, mais moi au moins je peux traverser un désert frisquet d'à peine cinquante degrés à l'ombre sans ressembler à miss robe de mage mouillée, et surtout sans refouler la bouche d'égoût un jour de marché...
- C'est pas ma faute, ma robe est noire, et fait super chaud!
- Trouve des excuses, n'empêche que niveau odeur, en ce moment, c'est plus que moyen, tu m'excuseras...
- Tu sais que parler à une femme de problèmes de transpiration c'est aussi mauvais pour la santé que lui dire qu'elle a des cernes ou qu'elle a pris du poids? (3)
- A une femme? Bon ça va, je risque rien alors...
- Je te hais.
- Pour en revenir à ta question de départ, le langage des fennecs ressemble pas mal à l'Orc, en fait. Y'a juste quelques mots un peu différents, mais les bestioles primitives avec des dents pointues ça cause à peu près pareil.
- Et il a soif?
- Ouais. File-lui un peu d'hydromel.
- Quoi? Mais c'est dégueu, il va foutre des poils sur le goulot!
- Enki... Un fennec n'est pas vraiment équipé pour boire à la bouteille, tu sais?
- Ah...
- Donc trouve un bol ou un truc du genre dans le fatras qui occupe ton sac et file lui à boire.
- Mais y'a de l'eau, là, il en veut pas? C'est pas bon l'alcool pour les petits fennecs, sa mère ne voudrait sûrement pas qu'il...
- Enki.
- Quoi?
- File lui de l'hydromel.
- C'est moi qui donne les ordres directs ici!
- Oui mais c'est ma bouteille.
- Ah, pas faux. Bon... Un vieux verre de lunettes de soleil de mouche (4), ça ira?
- Essaie toujours.
- Yip! "

Enki dépose un peu du liquide ambré dans le récipient improvisé, que Fumble lèche avec avidité.

"Il a l'air d'aimer ça.
- C'est un bon point pour lui, non?
- Non, y'en aura moins pour nous.
- Pas faux.
- On fait quoi maintenant?
- Moi je vais prendre le soleil, et toi, même si j'aurais jamais cru devoir te dire ça un jour, ce serait pas mal que tu ailles prendre un bain dans un des étangs.
- Tsss... Et ensuite?
- Ensuite on ira découvrir le pays. Je pense pas que le vieux moisi avec ses chèvres pige grand chose à la magie, alors on partira en quête d'un... truc pour retourner dans notre plan.
- On ira dans quelle direction?
- C'est toi qui commande, maîtresse.
- Me prends pas pour une courge!
- Jamais.
- Remarque vu ton sens de l'orientation je préfère décider.
- Rrrr...
- Mouahaha. "

Je la hais. (5)

______________
(1) Oui bon ça va, je suis fatigué...
(2) Alors pour les incultes, un fennec, ça couine et ça jappe. Si vous avez une meilleure façon de rendre un jappement de fennec à l'écrit, je suis tout ouïe.
(3) Véridique. Si vous ne me croyez pas ou si vous comptez rompre avec une nana trop collante, essayez toujours, à vos risques et périls...
(4) Si vous vous demandez ce qu'Enki fout avec ça, reportez-vous au toooouuuut début de nos aventures, comme des gentils fans passionnés.
(5) En apparence c'est une victoire pour Enki, mais en vrai, devinez qui va choisir la prochaine partie du forum dans laquelle nous allons aller? mouahaha...

Je jubile et avance vers l’étang d’un pas traînant de qui à trois kilos de sable dans ces chaussettes.
Mais bon je me plains pas j’ai un balai pliant, de l’hydromel…un fennec…un vieux… des chèvres… un an de plus…pas la moindre idée de comment je vais m’en sortir…et Kaev.
Ca Pourrait être pire.
Non.

Je soupire et entre doucement dans l’eau à 75 degrés.
« C’est chaud heu !
- Tu souffres ?
Je sens le piége…
- Non !?
- Dommage.
J’en étais sure.
- Je te préviens je rentre dans l’eau alors n’approche pas !
- Pas de risques. »
Je le savais.

Je regarde autour et contemple le désert infini à perte de vue et franchement ça fout le cafard.
« Tiens… bonjour chèvre.
- Quoi ?
- Non rien je parle à la chèvre.
- Ca s’arrange pas.
Le soupire et la chèvre me regarde de son air inexpressif mais néanmoins compatissant.
- Alors la vie est belle ?
- Bééééé. (1)
- Je comprends.
-Bééé. (2)
- Ouais Kaev aussi.
- Quoi ?
- Béé.
- La chèvre dit que franchement j’ai du courage de me coltiner une salamandre pareille.
- Béééééééé.
- Elle rajoute que si tu me laisses pas de l’hydromel elle viendra te lécher les pieds cette nuit.
- Je l’attends.
- Bééééééé ? (3)
- C’est clair.
Je la regarde consterné pendant qu’elle mâchouille nonchalamment une touffe d’herbe jaunie.
- J’ai l’impression qu’on se comprend toi et moi.
-Bééééé. (4) »
Je suis pas sure que ce soit un compliment.

Après dix minutes de cuissons je sort de l’eau et m’habille, toujours sous le regard de ma nouvelle amie la chèvre.
« T’es encore vivante ?
- Ouais !
- Dommage.
…
- Tiens je t’ai laissé le fond de la bouteille.
Je la finie cul sec.
- C’est très généreux de ta part.
- Y’avais du dépôt.
J’aurais du m’en douter.
-Bééé ?
- Elle demande comment ça ce fait qu’on se côtoie alors que visiblement on se hait ?
- Dit lui que tu es trop naze pour pouvoir te souvenir d’un mot de révocation.
- T’ai-je dis à quel point je te déteste ?
- Une ou deux fois.
-Béééé !
- Quoi ?
- Elle dit qu’elle connaît le mot de révocation.
- Ben voyons… ça me fait déjà mal d’avoir été invoqué par une magicienne complètement naze mais en plus si je me fais révoquer par une chèvre…c’est va être la honte devant les potes.
- Yip ?
- Bé !
- Elle dit que c’est pas un mot mais une phrase en fait.
- Une experte la chèvre. Remarque si ça peut te sortir de ma vie je veux bien tenter le coup.
- Bhéé !
- Toi et moi ensemble contre les imbéciles. »

*Poc*


(1) note du traducteur : « Pas mal… du moment qu’on s’approche pas trop du vieux. »
(2) Littéralement : « il a des mœurs bizarres ».
(3) « Il en est capable ? »
(4) « Sans doute à cause du QI »

________________________



Voilà, je crois que c’est la fin… en tout cas c’est la mienne…
Kaev fera ce qu’il voudra de la suite, l’avenir lui appartient…

Je crois que des remerciements s’imposent là… Donc dans le désordre un grand merci à Gwal pour ça dévotion… à Fab pour son soutient, à ceux qu’on a fait sourire, à ceux qui aiment les chaussettes et les plantes carnivores, aux forums qui nous ont accueillit, à ceux dont on à pourri la vie, à se foutu trucs pour mettre les couleurs, à l’hydromel, à mon cousin qui m’en veux encore,au Solitaire pour la pub, à Eels, à Jack, à Poutchou…à ce(ux) que j'oublie.
Mais surtout Merci à toute la DT (sauf Manorok faut pas pousser) pour ce round mémorable….

Et je ne pouvais pas partir sans un Merci au Grand Kaev : Merci à toi. Pour tout ce que tu m’à apporté Rp et Hrp. Pour mes fautes… et pour avoir su me supporter si longtemps.
Quoique tu en dises ça sera toujours « toi et moi ensemble contre les imbéciles ».
Namarië.

Une fois n'est pas coutume, la narration sera poursuivie par mes soins, n'en déplaise aux habitués. Avant toute chose, je me présente: Hëgzma Khina, divinité supérieure de profession, illustre dieu des Abysses des Ténèbres Insonsables (1) du Chaos de la Mort qui Tue, et des Chaussettes aussi. Je suis l'un des multiples dieux qui prennent un malin plaisir à pourrir la vie de deux personnages que vous autres, lecteurs attentifs, connaissez bien, j'ai nommé Enki et Kaev.

Pour les gens inattentifs et éventuels chiens d'infidèles qui ne le sauraient pas encore, Enki et Kaev passent une certaine proportion de leur temps à râler contre les dieux qui, selon leurs propres dires, doivent bien rigoler. Et pour répondre à l'interrogation que tout être normalement constitué se pose, à savoir si les dieux sont bel et bien sadiquement responsables des mésaventures de la Salamandre et de sa sorcière, oui, en effet, c'est tout notre faute, et j'ajouterais qu'on se fend bien la gueule dans les Cieux, si vous voulez tout savoir.

J'ai unilatéralement décidé de prendre la suite du récit des aventures de nos deux héros, partie parce que j'en avais envie, partie parce qu'à circonstances exceptionnelles, événements exceptionnels.

La suite du récit se fera donc par un narrateur omniscient (2), qui ne sera autre que moi-même. Réjouissez-vous, et plus vite que ça!

Fermons cette modeste parenthèse de présentation et reprenons le cours de notre récit là où nous l'avons laissé. A savoir dans la tourbe, une fois de plus. Avec un brio étonnant et un magnifique coup de bol que nous autres, dieux immortels, omnipotents et légèrement mesquins avons savamment orchestré, la fameuse sorcière de niveau 3 Enki-o-Shaolante May'esa, mondialement (et même plurimondialement) connue pour son incompétence en toutes choses, vient de renvoyer la non moins fameuse Salamandre Kaev dans son plan d'origine, et ce grâce à l'action d'une chèvre bavarde et des talents d'Enki pour les langues étrangères des rares créatures encore plus bêtes qu'elle.

Pour ceux qui auraient cru (les sots, ah ah ah) que le "poc" émis n'était qu'un claquement de bulle de nez de la Salamandre témoignant d'une part de l'ennui croissant de Kaev et d'autre part de l'inefficacité du mot de révocation, sachez que c'est une hypothèse que nous avons en effet envisagée du haut de nos nuages. Sauf que nous avons trouvé plus marrant de réellement faire disparaître Kaev, histoire de voir. Intéressons-nous tout d'abord à Enki, légèrement choquée d'avoir vu disparaître deux-cent kilos de muscles, d'écailles et de fourberie dans un 'poc' des plus ridicules. Les yeux ronds, la bouche pendante et les bras ballants, notre sorcière est abasourdie. La chèvre, de son côté, retourne machinalement au broutage systématique des touffes d'herbes qui parsèment l'oasis.

"La vache... Ah la vache! "

Tels furent les premiers mots, qui fort heureusement ne restèrent pas dans la légende, que prononça Enki après les réglementaires quarante-cinq secondes nécessaires à ses neurones pour assimiler l'information. Quarante-cinq autre secondes passèrent sans autre intérêt qu'observer la ressemblance frappante de notre magicienne avec un poisson hors de l'eau lorsqu'elle est étonnée (3).

"Ah la vache, reprit-elle.
- Mêêê!
- Je sais que je l'ai déjà dit, mais j'aimerais bien t'y voir, toi! "

Après avoir violemment secoué sa tête touffue, comme pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'un mauvais tour de son imagination, Enki réalise soudain avec fracas qu'enfin, la damnée Salamandre est rentrée chez elle. Enfin, elle a rendu à sa liberté l'irritant reptile, enfin, elle a laissé partir son compagnon dans toutes ces aventures débiles. La jubilation atteint soudain son cortex nerveusement ébranlé, et la voilà qui se met à danser de joie sur sa dune, à coup de "youhouuu!!" enthousiastes. En attendant que sa maladresse congénitale ne la fasse chuter, intéressons-nous à présent à Kaev, propulsé instantanément à travers le multivers pour se retrouver enfoncé dans son fauteuil, ses pantoufles aux pieds et son journal (datant de quelques mois, mais l'intention y est) à la place où il l'avait laissé.

Une Salamandre est en général une créature assez solide de tous points de vue, et Kaev encore plus. Capable d'avaler de la lave en fusion (et de trouver ça fade), de recevoir un pot de nutella plein dans le museau sans rester étourdi plus de quatre secondes, de supporter Enki pendant des mois et de résister, allez savoir comment, à l'instinct primaire et tentant qui consiste à la réduire en un tas de viande malpropre, Kaev est un être, sinon psychologiquement stable, au moins psychologiquement solide. Et pourtant, sa réaction lors de son atterrissage dans son plan natal ressemble beaucoup à celle d'Enki. A savoir un petit moment de silence éberlué, puis une danse de joie vigoureuse à travers le salon.

Puisque je suis un dieu, je me permets d'utiliser l'un de mes pouvoirs favoris, qui se trouve être l'ellipse temporelle, et je nous amène donc une semaine plus tard pour constater l'évolution de nos personnages.

Enki sort d'un pas tranquille de la tente que lui a charitablement prêté le vieux moisi et qu'elle partage avec sa nouvelle amie, la chèvre Meredith. La sorcière a l'air apaisé, calme, et sourit sans même y penser. Le départ de Kaev, malgré une confuse mélancolie, l'a finalement reposée, et elle se sent plus ou moins redevenir elle-même. Nul ne sait vraiment ce que ça signifie vu que tout être normalement constitué sait très bien qu'on n'est jamais vraiment soi-même, mais il n'empêche que c'est ce qu'Enki pense. C'est ainsi qu'elle définit l'impression de ne plus avoir à faire d'efforts pour éviter au maximum de se faire détruire le nez par Kaev, de ne plus avoir à échanger d'acerbes répliques avec son écailleux ex-compagnon, de pouvoir enfin penser à des choses cool sans risquer de se faire interrompre par une brûlure au sixième degré, bref... Elle le vit bien. Après un bol de lait de chèvre tiède obligemment fourni par Meredith, Enki va faire un tour dans le désert, comme elle en a pris l'habitude. Ce n'est pas qu'il y ait grand chose à voir, dans le désert, mais Enki adore ça. Une pareille immensité partout autour d'elle, à perte de vue, et dedans, tenez-vous bien, pas la moindre Salamandre. Elle ne se lasse pas de ce spectacle. Du moins, c'est ce qu'elle essaie de se faire croire. Mais nous y reviendrons.

Notre sorcière dévale la dune, cheveux au vent, et une fois encore termine sa descente la tête la première, sa robe n'ayant toujours pas décidé de lui obéir et d'éviter de mettre fourbement son étoffe sous son pied quand elle court. Elle se relève avec toute la dignité possible (4) et s'éloigne.

"Aouïeuh mais rhaaa nom des culs c'est pas vrai!! " fait-elle en heurtant un objet solide et passablement dur qui dépasse du sol, avant de sautiller en se tenant l'orteil droit qui est, avec le nez, la partie de son anatomie la plus prisée par nous autres dieux du chaos et de la franche rigolade en termes de pourrissages divers.

Après quelques insultes bien senties adressées à moi et mes pairs, elle se penche et examine le mystérieux objet, qui se trouve être une lampe à huile. Malgré un romantisme affligeant et une tendance à accumuler les bourdes frôlant l'infirmité, Enki, devenue méfiante (5), décide de reposer l'objet au sol, sans faire ce que nous attendions d'elle. Qu'à cela ne tienne.

*pshiiiiiit*

"Bonjour à toi, maîtresse!
- Hey! J'ai pas frotté ce truc exprès pour ne pas subir ce vieux cliché du génie qui exauce les voeux!
- Non mais dites tout de suite que ma lampe est sale et qu'il faut la nettoyer! Et puis quoi encore, vous voulez pas faire le repassage et la cuisine aussi? Je suis peut-être célibataire, mais je prends soin de mon nid, non mais sans blague! Je suis pas venu pour me faire traiter de gros dégueulasse qui sait pas faire le ménage!
- Euh... ouais, donc en fait tout être capable de communiquer que je rencontre est forcément un névrosé... Va falloir que je consulte un exorciste rapidement moi, ça devient urgent...
- Grmf... Passons. Donc, puisque c'est comme ça, je ne vous accorde qu'un voeu au lieu de trois.
- Hé! C'est pas cool ça! Je me plaindrai!
- M'en fous, chuis syndiqué.
- Tsss... Vous auriez pas de la famille sur le plan du feu par hasard?
- Non. Pourquoi?
- Cherchez pas. Bon, alors, un voeu...
- Pressons, j'ai pas tout le siècle moi... "

Revenons à Kaev, qui a paisiblement repris sa petite vie tranquille, après être allé retiré son salaire des derniers mois et la colossale prime de risque que sa compagnie n'a pas manqué de lui verser pour compenser les désagréments qu'il a du subir et dont sa direction a, comme tout être civilisé, entendu parler. Car tout le monde a déjà entendu parler d'Enki et Kaev au moins une fois. On s'est donné assez de mal pour ça, d'ailleurs. Ceux qui répondront que non et que personne ou presque ne connaît devraient apprendre que souffler dans les bronches d'un dieu du chaos et des chaussettes ressemble assez à balancer un coup de savate dans le train d'un tigre insomniaque ayant miraculeusement réussi à s'endormir.

Notre Salamandre a donc pris quelques semaines de congé bien méritées, et s'adonne donc avec joie à ses passe-temps favoris (à savoir glander, buller, rien foutre ou encore éviter avec opiniâtreté toute action constructive). Mais sa joie d'avoir retrouvé sa liberté se trouve altérée, bien légèrement toutefois, par les divers petits tracas du quotidien, comme...

"Eh bien mon chéri, tu as l'air tout pâle! Raconte donc à ta vieille mère pourquoi tu es aussi taciturne? Tu es malade?
- Mamaaaan-euh, je vais bien! Je suis rentré, je suis en vacances, t'inquiètes pas, tout va bien!
- Moui, mais bon, tu as à peine picoré ton assiette!
- J'en ai repris six fois!
- C'est ce que je dis! Ta petite femme t'a mis au régime ou quoi?
- Maman-euh!
- Ah oui c'est vrai, vous êtes en instance de divorce, je n'en parle pas... Dis-moi, quand même, elle ne te manque pas trop?
- Mouahahaha!
- Tu n'as jamais eu de chance avec les femmes... De toutes façons, celle-là était trop maigre, tu n'aurais jamais pu avoir de beaux enfants bien vigoureux... Kaev, ça va?
- Là par contre je crois que je vais être malade... "

Et notre Salamandre de courir se réfugier dans les commodités de la demeure familiale afin de prévenir toute tentative anarchique de la part du contenu de son intestin de refuser le trajet normal de la nourriture ingérée.

"Héééé ben fiston, tu as pas vu que c'était occupé?
- Oups... pardon grand-père...
- Ne t'en fais pas va, j'avais fini, je reste juste ici pour échapper au dessert de ta mère... Ne lui raconte pas, mais je déteste son clafoutis de charbon.
- C'est un clafoutis aux cerises.
- Ah? Vu la couleur, je pensais... Bref, et toi, pourquoi tu te rue ici? Crise de mélancolie à cause de ton ex-femme?
- Mais pourquoi vous pensez tous ça? Je suis libéré de cette courge, je ne me suis jamais senti aussi bien!
- Moui... Tu sais mon garçon, j'ai l'impression que tu as perdu un peu de ton mordant depuis que tu es rentré. Cette fille était peut-être aussi désespérante que tu le dis, il n'empêche qu'à son contact tu es bien plus vif, plus attaché à ton existence... Un peu comme si elle t'apportait quelque chose que tu n'as pas vraiment su voir...
- Tu veux pas attendre que j'ai bu une bouteille ou quatre pour me déballer ces lieux communs? Enki était le fléau de mon existence, je l'ai laissé derrière moi, je vais mieux comme ça et c'est sûrement pareil de son côté!
- Si tu le dis...
- C'est que c'est vrai. "

"Je veux rentrer chez moi!
- Si vous voulez... C'est où chez vous?
- Dans les Cinq Royaumes.
- Hein? C'est sur la planète ça?
- Ah ben non, c'est sur un autre plan... J'ai pas vraiment le type femme du désert, au cas où vous auriez pas remarqué...
- C'est sur que ce teint de homard est assez rare par chez nous...
- Va chier.
- Les génies sont heureusement dispensés de ces répugnantes contraintes intestinales. Bref, je ne peux accéder à votre requête.
- Hein? Pourquoi?
- Parce que c'est super épuisant d'envoyer quelqu'un à travers le multivers et que je vais pas crâmer mon énergie des six millénaires à venir pour renvoyer une gourde dans ses pénates.
- C'est fou comme les gens que je croise sont des êtres raffinés, polis et délicats...
- Donc voilà, choisissez un autre voeu.
- Mais je ne veux pas d'autre voeu moi! Je veux rentrer à la maison!
- Peux pas.
- C'est un ordre direct!
- Je suis pas une créature invoquée.
- Dommage.
- Bon, sinon, ce qu'on peut faire, c'est que je vous fournis un moyen de rentrer chez vous.
- C'est garanti?
- Oui, à cent pour cent.
- Bon, alors aboule.
*puf*
- Et voilà, maîtresse! "

Et le génie de tendre à la sorcière un rouleau de parchemin, qu'Enki observe d'un air dubitatif.

"Ca va me ramener chez moi ça?
- Non, mais ça vous donnera plus de chances d'y arriver.
- C'est quoi?
- Lisez, vous verrez bien. "

Et Enki lut. Et je ne sais pas pourquoi je passe à la narration au passé simple, mais bon, ça fait quand même plus classe.

***

"Kaev, chou, sans vouloir t'inquiéter tu es vraiment pâle là! Presque transparent!
- Maman, ça va je te d... Oh non, pas maintenant!
- Quoi?
- Une demande d'invocation... Attends, je les envoie paître et... Ah la vache, c'est de la magie centrée sur moi, je peux pas...
ZOUIIIIZZ
- Kaev? C'est toi qui devais faire la vaisselle, chenapan! Tu ne t'en sortiras pas comme ça! "

***

"AAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaahhh!!!
- AAAAAAAAAAAaaaaaahhhh!!!
- Oh non pas encore!
- Mais pourquoi je suis encore là moi?
- Ben chais pas, un génie m'a filé un papier, j'ai lu le charabia marqué dessus, et quand j'ai levé les yeux le génie était parti et toi tu étais à sa place!
- Un papier? Quel papier? où ça?
- Ben un vieux bout de parchemin qui sentait la poule moisie, là... Je l'ai fait tomber je crois...
- Mêêêê!
- Meredith! Lâche ça!
- Chomp chomp...
- La chèvre a bouffé le parchemin.
- Oui.
- Je suppose que tu n'as pas noté le mot de révocation quelque part?
- Tu supposes bien.
- Tu es consciente, j'espère, que je risque fort de te tuer dans les minutes qui viennent?
- Je m'y attendais un peu, je crois. "

Et voilà comment les dieux passent leurs dimanches monotones... Qu'est-ce qu'on se marre, quand même. Mais en fait on est gentils, parce qu'ils auraient fini par se manquer, ces deux-là... Au bout d'un ou deux cent ans, quoi...

__________________

(1) Ou alors avec une bonne lampe.
(2) Ce qui semble logique, pour un dieu.
(3) Si j'étais Kaev je dirais qu'on peut trouver certaines analogies de manière HRP également, mais comme tel n'est pas le cas, je me tiens coi.
(4) A savoir pas grand chose.
(5) En partie à cause de ce qu'on lui a fait subir, diront les mauvaises langues. Certes, et alors?

Il y a des choses que le cerveau refuse d’intégrer.
Comme par exemple trouver du plaisir à passer ses journées dans un marché de noël venteux, manger le nutella au couteau, faire des études de conteur de feuilles, adorer la soupe à l’oignon ou envoyer des missives à deux heures du mat à propos d’une chaussette trouée (1)…Cela est sans doute dû à une forme d’intelligence. Des choses pareilles ne peuvent être accomplies qu’avec un déficit cognitif certain, ou alors, un sens de l’humour bien personnel. (2)

Au contraire, il y a des choses que le cerveau (3) intègre étonnamment vite, et qui relève d’un instinct de survie millénaire, du genre : Eviter d’insulter le troll, ne pas combattre une liche avec un quatre quart aux pommes en étant unijambiste de niveau un, et reconnaître d’avoir devant soit la salamandre la plus névrosée que les plans aient porté alors qu’on en était débarrassé.
Si, si, on en était débarrassée.
Ca, j’en suis sur, je le voyais plus, mon nez commençait sa cicatrisation définitive et le pot de nutella contenait une cuillère.

« Ne paniquons pas.
- Si.
- Ce n’est sans doute qu’un cauchemar… et on va se réveiller.
- Non. C’est trop laid pour être un cauchemar, ça ne peut être que la réalité.
-… c’est vrai.
Je recule d’un pas.
- Marrant comme tu reprends vite les bonnes habitudes.
- L’instinct de survie sans doute.
- Exact.
- Tu savais que dans la mythologie Sumerienne Enki c’est celle à l’origine de tous les hommes ?
Je déplie négligemment mon balai.
- Ca explique pas mal de choses.
Une seule règle, rester calme et gagner du temps que je puisse ouvrir se foutue balai et partir, loin. Et vite.
- Tu as trouvé que ça pour gagner du temps?
- heu…oui…
- Dépêche toi.
- Oh je sais que tu me frappera pas avant que j’ai tenté de m’enfuir, ça te gâcherai le plaisir sinon, tu pourrait pas me voir trébucher et tout.
- C’est très lucide de ta part. (5)
- N’empêche que Enki c’est un prénom très prestigieux.
- Ca dépend qui le porte.
Détend toi Enki, ne t’énerve pas.
- Et, tu les as apprissent où ses niaiseries ?
- Le vieux Vincent à plein de livres.
- Tu as donc passé tout ce temps à lire, à te cultiver avec des livres de vieux…
- Non, non pas du tout, ils sont tous à moitié déchirés dans les latrines, on peut à peine lire un chapitre à la fois.
- Je vois.
Foutu balai ! C’est toujours pareil. C’est qu’on est pressé que l’on est pas foutu capable de faire ce qu’on fait d’habitude les yeux fermés. (6)
- Et sinon ? C’était bien ? Tu as retrouvé ta famille et tout ?
- J’avais. J’avais retrouvé ma famille, mon plan, mon fauteuil, ma tranquillité, ma vie, ma sérénité, mon salaire, mon papy, ma chambre, …
- Ah ah ! Mais il te manquait quelqu’un !
- Si tu penses à toi je te préviens que tu n’auras même pas le temps de finir d’ouvrir ton balai avant de manger tes dents.
- Non, je pensais à Fumble.
- Tiens, oui, il est où ?
- Je l’ai envoyé en vacances chez notre ami Gwal. Ils ont un service postal génial dans ce plan tu sais ?
- Pourquoi tu l’as envoyé au nain ?
- Il est bien là bas ! Il est avec Akira et Il était petit. (7)
- Si c’est une vile tentative pour m’embrouiller…ça marche.
- Non non ! Enfin si un peu… mais je galère à l’ouvrir ce balai.
- Le bouton là.
*clac*
- Ah ouais tiens….merci....heu... Je disais quoi ?
- A propos du nain.
- Ah oui… je lui ai envoyé Fumble, il puait trop c’était horrible.
- Le nain fait du gardiennage de chacal.
- Entre autre oui. Marrant hein ?
- Je suis hilare.
- J’avais oublié ton cynisme.
- Et donc tu as envoyé mon chacal au nain.
- Certes. Mais on peut toujours le récupérer.
-…
Crocs apparents, regard en coin…
- Dis ?
Tressaillement de paupière…
- Quoi.
- Tu es encore énervé là ?
- De quoi, du fait que tu m’ais fourbement ré invoquer alors que j’étais peinard chez moi ou du fait que tu ai envoyé Fumble chez Gwalin ?
Jointure des doigts blanche…
- Heu… les deux ?
Sourire sadique et serrage de dents…
- Très.
…pas bon tout ça.
- Je commence à courir alors, pas le temps de démarrer le balai ?
- Non.
- Et tu vas vraiment me tuer cette fois ?
- Tu verras. »




(1) Tout ça est bien sur totalement Rp. Toutes coïncidences avec une personne réelle existante ayant des cheveux blonds et lisant actuellement ces quelques lignes en râlant « je vais la tuer » est assurément fortuite.
(2) Pas taper. Tu comprends c’est la remise en route, faut que je m’échauffe !
(3) même le cerveau Enkien. (3)
(4) SURTOUT le cerveau Enkien.
(5) comme toujours en fait. Mais Kaev ne l’admet que rarement.
(6) Ou que tout déconne. C’set le jours où vous avez Le rendez vous de votre vie que vous n’arrivez pas à mettre la clef dans la serrure et que votre carrosse ne démarre pas.
(7) Par contre ça c’est totalement Hrp.

Je tends le bras vers elle, puis m'immobilise.

"Quoi?
- Je pense à un truc.
- Alors là c'est...
- N'essaie même pas de tenter une pique humoristique sur la prétendue rareté de la chose.
- Pourquoi?
- D'une part parce que tu n'auras plus assez de dents pour finir intelligiblement ta phrase, et d'autre part parce que ce serait une illustration parfaite d'une expression comprenant les mots "hôpital" et "charité".
- Je vois.
- Bien.
- Et tu pensais à quoi, si ce n'est pas indiscret?
- C'est indiscret, mais j'ai l'habitude.
- Tsss...
- Je pensais que si je te chopais, j'allais forcément te taper dessus.
- Te connaissant, ça me semble l'évidence même.
- Ce qui a pour but de t'éduquer, un peu à la manière de Pavlov...
- Le sadique qui découpe les chiens pour les faire saliver?
- Ouais, lui. Un ami de la famille.
- Tu m'étonnes. Et c'est quoi le rapport avec moi?
- Les chiens, tu peux leur apprendre des trucs avec des chocs ou des récompenses. Si à chaque fois que tu siffles tu lui files à bouffer, il va associer les deux, et il se mettra à saliver dès que tu siffleras. (1)
- Merci de ce cours passionnant, mais quel est le rapport?
- Le rapport c'est qu'un clébard peut apprendre. Quand il fait une connerie, tu lui tapes dessus juste après et il se souvient qu'il faut éviter de recommencer.
- Et?
- Et toi pas. Toi, depuis que je te connais, je te frappes pratiquement à chaque fois que tu fais une connerie. A savoir dix à vingt fois par jour, dans les bons jours. Malgré cela, tu n'es toujours pas foutue de t'empêcher de nous précipiter dans les ennuis.
- Ah. Donc je serais inférieure à un chien?
- C'est toi qui l'as dit.
- Hrmf.
- Donc te frapper maintenant n'aurait d'autre mérite de me calmer les nerfs.
- Certes, mais ça c'est pas nouveau, je ne vois pas trop ce qui te choque là...
- Nous savons tous les deux que si je t'éclate le nez, ça va me faire marrer et toi tu vas raler.
- Oui...
- Et donc je serais vengé, calmé et détendu.
- Ouais... pour au moins quinze secondes, vu ta production industrielle d'adrénaline.
- C'est aussi ma conclusion.
- Donc?
- Donc je ne vois pas vraiment pourquoi je te frapperais, si c'est pour en retirer un bénéfice aussi minime...
- Tu vas pas me frapper?
- Non.
- Tu déconnes?
- Non.
- Tu es malade?
- Non.
- Tu es possedé?
- Non.
- Ah. Carrément.
- Oui.
- Ben je suis content de voir qu'une semaine de vacances t'a fait du bien et t'a rendu calme et réfléchi... C'est très gentil de ta part de ne plus me...
- Ah ça y est je me souviens!
*PAF*
- Aïeuh! Esbèze de brude!
- Sans dec merci à toi, j'ai failli oublier...
- Du d'es souvenu de guoi?
- Que quand je te frappe ce n'est pas uniquement pour le bénéfice que je peux en tirer...
- Ah don?
- Non, c'est aussi et surtout pour te faire chier. Ca m'était sorti de l'esprit.
- Du es un grand balade.
- En ta compagnie, toujours. Et permets-moi d'ajouter que tu es une infection des plus désobligeantes. Et puis tu saignes partout sur ta robe, c'est immonde.
- Ca va, je de dégoudes bas drop?
- Pas plus que d'habitude. Je me suis fait à ton inesthétisme généralisé.
- J'édais irodique.
- Pas moi.
- Saloberie. "

Et sans un mot de plus, Enki se dirige en titubant vers la tente du gardien de chèvres. Je soupire, puis la suis. Contrairement à Thessalie, le monde où nous avons précédemment fait escale, la connection magique qui me lie à elle est moins élaboré, et je ne peux pas trop m'éloigner d'elle. En entrant dans la yourte puante et suffoquante, je trouve le vieux moisi en train de mélanger un cataplasme noirâtre, qu'il applique sur une Enki grimaçante.

"Je peux savoir ce que vous faites?
- Don. Gasse-doi.
- Charmant.
- Ne bouvez pas! Laiffez-moi proféder.
- C'est quoi cette mixture?
- Onguent familial contre les bleffures au nez. A bave de crottin de chèvre.
- Ca ne sent pas trop mauvais?
- Tu b'as dellement bousillé le tarin gue je dois plus avoir d'odorat de doudes façons.
- Je parlais au vieux.
- Oh vous favez, l'odeur du crottin, quand on vit parmi les chèvres...
- Je parlais d'Enki.
- Saloberie.
- Mais au fait vous êtes revenu vous?
- Ne tournez pas la hallebarde (2) dans plaie, voulez-vous...
- Vous allez l'emmener alors?
- Vous en avez déjà marre d'elle?
- Sympa...
- Non f'est pour favoir, fi elle va continuer à utiliver mes livres...
- Bah, pour une fois qu'elle s'instruit... Elle vous les bousille pas, si?
- Divons que les bouquins font pas uniquement dans les toilettes pour la culture... F'est diffifile de trouver du papier ifi, voyez-vous...
- Ah... Ah! Ah d'accord, j'avais pas compris ça comme ça moi! Hum... C'est une charmante coutume...
- On n'a pas le foix, on fait avec fe qu'on a... Les feuilles des palmiers font urticantes, alors faut bien se débrouiller avec fe qu'on a. Mes livres ve les apprends au fur et à mevure que ve les lis, quand je les utilise. Alors fi elle utilive des paves que v'ai pas encore lues, f'est pas cool. D'autant que f'est une fille, alors elle y va tout le temps...
- A qui le dites-vous. J'ai dormi avec elle, une fois.
- Mon pauvre monfieur...
- Bref, vous nous foutez dehors pour une sombre histoire de pages de livres utilisées comme papier toilette...
- Ve dirais pas fa comme fa... Mais en gros, y'a de fa.
- Charmant. Bon, on décarre demain alors. C'est par où la civilisation?
- Ve vous montrerai fa demain... En attendant, profitez de votre journée pour vous reposer... Furtout vous, vous avez perdu un peu de fang...
- J'ai l'habitude.
- Et fe foir, on fait la fête, comme feuls les vens du dévert favent la faire!
- Youhou... "

Chose promise, chose due... Après une journée à lézarder côte à côte en regrettant chacun l'existence de l'autre, Enki et moi retrouvons donc le vieux moisi à la tombée de la nuit, autour d'un feu de camp. Et on se fait chier. A part un vieil alcool de noix de coco qui est même pas foutu de tourner la tête d'Enki (3), y'a rien à boire, et la seule nourriture est une sorte de caillou grumeleux que notre hôte tente vainement de faire passer pour du fromage de chèvre. Quand il se casse l'une de ses rares dents, il cesse de vouloir nous en faire manger. Et il ne nous reste plus qu'à regarder le feu en nous passant la bouteille.

"...
- ...
- ...
- ...euh... C'est pas qu'on s'ennuie, hein...
- Si.
- Quoi?
- Si, c'est qu'on s'ennuie.
- Alors toi et la diplomatie...
- Non mais c'est vrai!
- La coutume veut qu'on fe raconte des blagues, pour attirer la voie et la bonne humeur fut feux qui vont entreprendre un voyave!
- Ah. Vous en connaissez vous?
- Moi? Non.
- Ah génial.
- Racontes-en une toi!
- Ben tiens.
- Allez-euh, Kaev! Raconte une blague!
- Nan.
- Il ne t'a pas échappé que c'était un ordre direct, je suppose...
- Saleté.
- Allez, raconte!
- Bon... Alors c'est l'histoire d'une nana biazrre, qui pensait que les cheveux, ça gelait, alors qu'en fait c'était l'eau qui remplissait sa tête qui lui donnait l'impression de...
- L'est pas drôle elle.
- Peut-être, mais elle est véridique (4).
- Raconte une autre.
- Attends, y'a aussi le coup où cette fille a fait croire que quatre sapins coupés plantés en rond dans des pavés, c'était une forêt magique...
- Non ça aussi c'est nul...
- Ou alors quand elle a pris une vraie pierre pour une fausse pierre, qui selon elle ressemblait quand même vachement à une vraie pierre, et elle la trouvait super bien faite, et...
- Ouais nan j'aime pas non plus elle... Change d'héroïne.
- Pourquoi?
- T'occupes. Une autre.
- Bon... Euh... Ah oui! Alors la meilleure que je connaisse, préparez-vous à rire aux éclats...
- Pitié...
- Allez-y!
- Non sans déconner c'est la vanne la plus célèbre et la plus spirituelle dans le Plan du Feu... Y'a des gens qui en sont morts de rire... Ne vous étonnez pas si vous riez toute la nuit!
- Allez arrête de baver, sors-la ta blague!
- D'accord, mais vous l'aurez-voulu... Si vous mourrez d'un fou-rire à cause de ça...
- Balance!
- Alors... c'est deux oeufs dans une poele... "

______________________
(1) Authentique. Bientôt, la sortie du premier tome de notre nouvelle collection "J'acquiers de la culture avec Enki et Kaev"
(2) Message personnel: arme de branque.
(3) Et pourtant dès que c'est plus fort que du cidre je vous raconte pas l'affaire... Pareil HRP d'ailleurs.
(4) Patapé ma chérie... en plus ce coup-ci j'ai été cool, je reprends en douceur...

« Oh non… pas celle là…pitié. (1)
- Et y’en a un qui dit « fait chaud ici hein ? » et l’autre il hurle « AAAAAAAh ! Un œuf qui parle !
-…
-…
- Mouhahaha ! Un œuf qui parle !
-…
- Af… quant même.
- Je crois qu’il y a un mot pour désigner ce genre de blague. Dis je en regardant Kaev se rouler par terre.
- Pitoyable ?
- Mouahaha !
- Je pensais à consternant.
- Aussi oui.
- Ahaha !
- Enfin…au moins il se fait rire.
- C’est ça qui est pitoyable.
Il a raison le vieux.
Comment dire.
Déjà que le spectacle de Kaev dans son état normal (2) c’est déjà pas bien rassurant… alors le voir se rouler par terre en se tapant sur les cuisses, les yeux à la retourne …ça, ça c’est carrément flippant.
Faut arreter ça où c'est le traumatisme assuré.
- Kaev… heu… Kaev ?
- Monfieur la Salamandre ?
- Mouha… ha.ha… un oeuf qui parle…Elle est drôle n’est ce pas ?
Je regarde le vieux qui me regarde.
Je lui fais signe.
Et oui mon pépère, c’est toi qui va répondre j’ai pas envie de me prendre son courroux en plein nez.
-Ahaha... Un œuf… Qui parle. Très drôle en effet.
Oh ce lèche botte ! Faut assumer ces opinions moi je dis.
- Enki ?
- Très drôle. »
Une opinion c’est bien. Un nez intact, c’est mieux.

Faisons le point : le retour de la salamandre, une soirée sans alcool, un traumatisme dans les règles, des blagues vaseuses, un départ imminent, sans doute une mort prochaine…on reprends nos habitudes.(4)






(1) Les âmes sensibles et les personnes ayant un humour déclaré normal sont priées de se rendre directement à la ligne suivante. Merci de votre compréhension.
(2) c'est-à-dire tirant une tête de six pieds de long. (3)
(3) Hrp ? Pareil.
(4) Ainsi que les posts courts. Comme à nos débuts... ah...c'était le bon vieux temps tiens... hum.

Bon. Ils n'ont aucun humour. Bon pour Enki c'est pas nouveau, elle a l'humour d'une huître perlière qui rencontre un citron. Et puis le vieux, à force de vivre avec ses chèvres, il doit avoir oublié ce que ça veut dire rire...

En fait, je suis le seul à avoir de l'humour. Si si, ne levez pas les yeux au ciel. Pour supporter Enki sans se tailler les veines avec le premier truc un peu pointu qui tombe à portée de main, il faut avoir un grand sens de la dérision... Et de l'autodérision aussi... Si mes potes me voyaient traîner avec ça... Pire, s'ils apprenaient qu'il s'agit de mon invocatrice... Je n'ose y penser.

"Bon... J'abandonne, vous ne savez pas ce qui est drôle.
- Ca dépend... Jette-toi du haut d'une falaise et je te promets de faire un effort pour rire...
- Tsss... Allez au pieu, on a assez poireauté dans cette oasis pourrie, demain départ à l'aube!
- Mouahaha!
- Quoi encore?
- Toi, te réveiller à l'aube?
- Oui, et ben?
- Non rien, je me demandais juste comment tu comptais accomplir ce prodige...
- Je suis capable de me lever tôt.
- Ouais, à peu près autant que de cracher de l'eau par les oreilles.
- J'ai pas d'oreilles.
- C'est ce que je dis.
- Pfff... De toutes façons je compte sur toi... Je commence à te connaître.
- Ah bon?
- Ouais. Je suis sur que demain, tu vas te lever discrètement pour aller voir subrepticement une dernière fois le soleil se lever au dessus des dunes...
- Oh... Bien vu...
- Et donc fort logiquement réveiller toute créature soumise aux phases du sommeil dans un rayon de quinze bornes à la ronde, au vu de ton approche des plus relatives de ce qu'est la discrétion...
- Méheu!
- Allez, au pieu!
- Il faut pas dire ça à...
- ...un vampire, je sais.
- Tu la connaissais?
- Mon frangin l'a faite sans le faire exprès à sa nana, quand on était sur Thessalie. (1)
- Ah bon?
- Ouais, il est un peu comme toi, il réussit à faire des blagues marrantes sans faire exprès, mais le reste du temps il est désespérément pas drôle...
- Oh!
- Tu oses nier?
- Oui, j'ose! (2)
- Tsss...
- Bon, de toutes façons je m'en souvenais pas, donc c'est quand même une bonne blague non?
- Je constate que tu as une mémoire très sélective de nos aventures...
- Ah ben c'est sur que si je ne me souviens que les bons moments je suis carrément amnésique! (3) "

Et c'est donc en nous disputant allègrement que nous partons une fois de plus vers de nouvelles aventures... Qui nous conduisent, pour une fois, dans une tente paisible où nous allons passer notre dernière nuit dans le désert.

(1) La nana de mon frangin est une vampire. Suivez un peu.
(2) Enki ose tout le temps. Même quand elle a tort. Euh... surtout quand elle a tort, même. HRP pareil.
(3) Oserais-je mentionner la solidité des plus relatives d'Enki HRP à propos de nos aventures, au risque de lui attirer les moqueries de nos (rares) fans qui, j'en suis certain, connaissent EUX nos aventures de A à Z? ...non, je suis pas comme ça. Mettons que je n'ai rien dit.

Fatigue. Oreiller. Lit. Couverture. Dormir…Morphée…rêves…calme…
*poc*
Crise de nerf.
« KAAAEV !
- Quoi?
- Tu fais des plocs avec ton nez !
- Ca te dérange ?
Dilemme.
Si je dis oui il va dire tant mieux. Si je dis non il va le faire plus fort pour que ça me dérange.
- Heu…je sais pas.
- C’est quand même pas difficile comme question.
- Non, c’est difficile comme réponse. Dans les deux cas tu gagnes.
- En effet. Alors ?
- Alors oui ça me dérange.
- Tant mieux.
Je le savais.
Mais pourquoi j’ai lu ce foutu parchemin ? Et Pourquoi j’ai astiqué cette foutue lampe ? Et Pourquoi je l’ai sauvé du FBI ? Et Pourquoi je suis monté sur ce volcan pourri ? Et pourquoi il a fallut qu’il réponde à cette convocation ? Deux fois de suite en plus ?
- Tout ça c’est de ta faute !
- Je sais pas de quoi tu parles mais si ça te pourri la vie, j’en suis très fier.
Il avoue en plus.
- Kaev ?
- Oui ?
- Je te hais.
- Moi aussi je te hais.
- F’est bienfôt fini les banalifés ?
Y’en a pas un pour rattraper l’autre.
Si je m’écoutais je les finirais à la hallebarde (1) dans leur sommeil.
Mais après j’aurais des problèmes pour partir d’ici et survivre.
*poc*
Alors je vais me contenter de dormir et d’espérer que les dieux se lassent de nous voir galérer. Et qu’ils nous envoient dans un endroit peuplé de gens beaux et sympas. Des elfes. Et qu’on soit couvert de richesses parce que… heu… on aurait fait quelque chose de bien. Et on serait adulés. Et on construirait des statues à mon effigie… mais pas à celle de Kaev parce que franchement ça flanquerai trop la trouille. Et y’aurais des énorme cuillère pour manger le nutella qui coulerai dans les rivières…et ça serait bien… Et dans les elfes y’aurait même un sorcier qui renverrait Kaev et qui…
- Kaev !
- QUOI ENCORE ?
- Rends moi mon oreiller ! (2) »



(1) Arme très noble s’il en est.
(2) C’est du Hrp total. Au-delà de vous accoler contre le mur en crépon (bonus +5 pour vous écorcher le nez) ou de carrément vous privez de vos heures de sommeil… le sport préfère de Kaev entre 2 heures et 6 heures su mat’ c’est de prendre votre place sur votre oreiller. (3)
(3) Il est imbattable à ce jeu. (4)
(4) patapéeuh!

Après une nuit de sommeil des plus reposantes, du moins pour moi (oui moi quand je fais chier le monde pendant la nuit, ça me fait dormir comme un bébé (1)), nous nous levons finalement à l'aube, lorsqu'Enki tente de me contredire en tentant de sortir du lit de manière discrète sans me réveiller, histoire d'aller voir le soleil qui se lève. Ce qui est rigoureusement impossible, d'ailleurs (2).

"Je t'ai entendue.
- Tu étais déjà réveillé!
- Non. Mais quand on a une maîtresse qui possède un orteil ayant une fâcheuse tendance à entrer en collision de manière violente autant que sonore avec à peu près tout ce qui a une dureté supérieure à la sienne...
- Tu m'as entendue me cogner contre le tabouret?
- Ca a fait des vibrations dans toute la tente.
- T'abuses, c'était pas si fort!
- Peut-être pas, mais si à ce moment tu n'as réussi qu'à me faire légèrement émerger, le fait que tu sautilles sur un pied pendant dix minutes en gémissant et en maudissant les dieux m'a définitivement réveillé.
- Ah.
- Si tu veux vraiment être discrète j'ai une super méthode, plus personne ne t'entendra.
- C'est vrai?
- Je suis pas sur que ça te plaise, ça implique une hache, un billot, un croque-mort et un cercueil.
- ...rêve.
- J'aurais essayé.
- De toutes façons j'ai fait exprès de te réveiller.
- Ah. Juste pour m'embêter donc?
- 'xactement.
- C'est une tentative désespérée pour me faire croire que tu es malgré tout un peu capable d'être discrète?
- Je suis discrète! Mais là j'ai tout fait pour te réveiller, c'était ce que tu voulais non?
- Alors d'une quand tu cherches à me réveiller tu me sautes sur le bide ou tu me files des coups de pompes... En général te cogner le pied n'est pas ta méthode de prédilection... Et de deux je te laisse à un dilemme...
- Encore?
- Hein?
- Rien, laisse tomber.
- Bref. Soit tu es incapable d'être discrète et tu confirmes ce que j'ai dit hier... Soit tu en es capable et tu as fait exprès de me réveiller, et dans ce cas-là tu as fait délibérément ce que j'attendais de toi, donc tu m'as obéi... Tu choisis quoi?
- Je te hais.
- Pareil.
- Et à part fa, quoi de neuf? Fans déconner, f'est pas un peu fini?
- On arrête de vous embêter, on s'en va là...
- Youhouuuu!!!
- ...sympa. Et sinon c'est par où la civilisation?
- Vers l'Oueft. "

Laissant notre chévrier national à son repos, nous sortons de la tente et nous dirigeons vers la direction indiquée.

"Kaev.
- Quoi?
- L'Ouest c'est pas par là.
- Ben si, c'est là que le soleil se lève...
- Oui... mais non. Le soleil se lève à l'Est.
- Dans le Plan du Feu c'est à l'Ouest.
- Comme à peu près tout ce qui bouge dans ton pays de dingues, je suppose...
- Hein?
- C'est à l'Ouest. A l'Ouest. Un peu comme toi... Ah ah! T'as pas compris?
- ...
- Oui je sais, c'est nul, mais c'est le matin!
- C'est tout à ton honneur de reconnaître la nullité de ton humour...
- Bref, chez les gens normaux le soleil se lève à l'Est.
- La tête des gens normaux...
- C'est vexant.
- Je sais, et j'adore.
- Tsss...
- Remarque sur le Plan du Feu on a dix-sept soleils, il doit bien y en avoir aussi qui se lèvent à l'Est...
- Oh l'excuse bidon! Tout ça pour pas me dire que j'ai raison!
- Ne dis pas d'insanités, voyons. Toi, avoir raison... C'est comme si tu disais que tu as plus de deux neurones... On voit tout de suite que c'est un mensonge éhonté.
- Je...
- Te hais, ouais, moi pareil.
- Fa fuffit maintenant vos falamalecs! Laiffez-moi dormir!
- Ouais ouais, on décarre... "

Et nous décarrons de l'Oasis.

____________________
(1) HRP c'est un peu pareil je suppose...
(2) Et c'est rien à côté de HRP... Une battue au sanglier serait plus discrète. (3)
(3) Un partout, tu balances, je balance... Mouahaha.

Et nous voilà partis vers de grandes aventures!! ...ouais ok, avec Kaev je sens que ça va encore être grandiose... Son plus grand exploit va être de ne pas être désagréable avec moi pendant plus d'une minute. Et encore, une minute c'est large, quand on connaît le lézard. Déjà je suis sur qu'il fait exprès de m'envoyer du sable dans la tête quand il marche. Il se lasse jamais?

"Tu te lasses jamais?
- De quoi?
- Devine.
- Contrairement à toi je ne compense pas mon absence de neurones par un don pour l'inférence.
- Tiens tu sais ce que ça veut dire?
- Quoi, inférence?
- Oui.
- Non.
- ...
- Mais c'est le mot que tu utilises quand tu veux me faire croire que je suis prévisible.
- Ce que tu es. (1)
- Même pas vrai.
- Mon oeil!
- Une preuve!
- Là par exemple si je te prouve que j'ai raison tu voudras me frapper.
- ...
- Ahah!
- ...
- Avoue que c'est vrai!
- Certes. "

Je jubile.

"Donc si tu as raison il faut que je te frappe, c'est ça? "

J'avais pas pensé à ça.

"Euh...
- Ou sinon je ne te frappe pas, mais ça prouvera que tu as tort.
- ...
- Alors? "

Il m'énerve.

- Tu m'énerves.
- Je frappe?
- Nan.
- Donc tu as tort.
- ... "

Technique ultime: changement de sujet.

"C'est encore loin?
- Pourquoi, tu es fatiguée?
- Vi.
- Tant mieux.
- tsss...
- Tu veux que je te porte?
- Même pas en rêve. Je me souviens encore de la dernière fois où tu m'as fait le coup, j'ai fini avec un nez et une fesse en moins (3).
- Zut, tu t'en rappelles. Bon ben continue à t'essouffler. Tu crois qu'il y a une chance pour que je te voie mourir d'asphyxie? "

...n'empêche qu'il a oublié de quoi on parlait. Trop forte moi. (4)



(1) Comme en HRP. Le seul truc c'est la variable temporelle. Impossible de savoir au bout de combien de secondes il viendra te chourrer ton oreiller (2). Le fourbe.
(2) ni au bout de combien de siècles il viendra à bout d'une attache de soutif. Râle pas, avoue que c'est vrai!
(3) voir le début de nos aventures pour les incultes qui s'en souviennent pas (ouuuhh!!)
(4) et c'est à toi de décider où on va! Mouahaha!

Ca aura au moins le mérite de lui clouer le bec. Ce qui est somme toute assez rare. Dites lui de la fermer et elle en finira pas de l’ouvrir. Par contre demandez lui "quoi de neuf" et elle sera aussi loquace qu’un gobelin mort affublé d’une rage de dents. (1)

"Si je meurs, sois bien conscient que je vais te pourrir la vie.
- C’est pas ce que tu fais depuis le début ?
- Si mais là… ce sera pire.
- Génial je pourrais me défouler avant de te voir agoniser dans d’atroces souffrances.
- Je te hais !
- Arrête je commence déjà à jubiler.

C’est en général à ce moment de la conversation, quand elle a lamentablement perdue le premier round qu’elle …

- Tu sais où on va là ?

…qu’elle change de conversation. En pensant que je ne m’en rends pas compte évidement.

- Non je te suis. C’est toi l’invocatrice.
- Quand ça t’arrange !
- Exact.
- On va se perdre !
- Il y a de fortes chance en effet.
- Tu ferais bien de trouver une solution parce que d’ici quelque minutes je vais avoir super chaud… et je vais enlever des vêtements.
- Pas de menaces.
- Ahaha ! Alors ?
- Alors tu gardes tes vêtements sinon je serais obligé de te frapper.
- Le noir ça garde la chaleur !
- Tu n’as qu’à t’habiller en bleu. (2)
- Tu m’imagines en bleu ?
- Je préfère pas non.
- La honte quand même.
- Je te le fais pas dire." (3)

Comme quoi moi aussi je suis doué au petit jeu de "faire oublier la convers"…
C’est ainsi que nous continuons notre progression dans le désert. Moi jetant le plus de sable possible dans ses cheveux, et elle tachant de se rappeler le début de la conversation (4).
Le temps qu’elle se souvienne on sera réellement perdus dans ce superbe désert.
Mouhahaha. (5)


_______________________

(1) Totalement Hrp.
(2) En parlant de bleu…vous ai-je déjà parlé de la mini jupe bleue d’Enki ? Hrp bien sur. Turquoise la jupe. Ca casse le mythe non ? Mouhahaha.
(3) Patapé.
(4) Typique de Hrp ça.
(5) Rêve. Je ne choisirai pas de direction.

Faites que je meure vite et bien. Au moins ça m’évitera ces commentaires désobligeants.
Et ce foutu désert qui n’en finit pas….
« J’aurais dû prendre mon chapeau…
- Histoire que j’ai encore plus la honte avec toi je suppose.
- … Oui. Et un peu aussi pour me protéger du soleil …à l’école en première année on devait avoir un chapeau.
- Ca me fait une belle patte.
- ... Une chapeau pointu ... le mien y’avait plein de paillettes argentées c’était super joli…
- J’imagine.
- Et dessus y’avais écrit Maje. M-A-J-E.
- Tu as jamais été douée en orthographe. (1)
- C’était un copain de promo qui me l’avait brodé en fait.
- Tout des nazes ces mages.
- Je t’ai entendu.
- Tant mieux.
- Je me demande pourquoi je l’ai pas pris.
- Sans doute parce qu’il a cramé dans l’incendie de l’école.
- ... Sans doute oui.
- Mouhahaha.
- C’est pas sympa de remuer la hallebarde dans la plaie …
- Moi j’aime bien.
- Je m’en serais doutée…
Je soupire.
- Y’a des trucs qui me manquent chez moi…
- Tu vas te mettre à pleurer ?
- Heu, non.
- Dommage j’aurais eu une excuse pour te frapper.
- Kaev ! Soit sérieux.
- C’est vrai, je n'ai pas besoin d’excuse pour te frapper.
- Kaeveuh !
- Bon. D’accord. Vas y raconte ta vie. Je sens que j’y couperai pas de toute façon.
- C’est vrai. J’en étais où ?
- Les trucs qui te manquent.
- Ouais ! Voilà… genre heu…
- Ta clique de frangins.
- Non, ils me pourrissaient la vie…tu les remplaces à merveille.
- Merci. Ton père alors.
- Non, il faisait que de râler…tu le remplaces aussi à merveille.
- Tes amis. Ah pardon tu n’avais pas d’ami.
- T’es pas drôle.
- Bon c’est quoi qui te manque alors ? Qu’on en finisse avec cette discussion moisie.
- Ben je sais pas… les gens je crois.
- Les gens ?
- Ouais comme le type qui tenait l’épicerie au coin de ma rue…c’est idiot hein ?
- Je te le fais pas dire.
- Rhaaa ! Non mais, c’est étrange que ce soit juste cet homme là qui me manque.
- C’est le mâle du pays. (2)

.. Ca me laisse songeuse ce genre de blague. Je me dit franchement… ça s’arrange pas lui... Sans doute à cause de l’âge.
- Tu sais quel jour on est ?
- Non.
- Le quatrième jour du mois de la grosse dune.
- Et alors ?
Je sais pas pourquoi je fais ça. Après tout il me pourrit la vie !
Mais bon, je me dis qu’avec un peu de chance ça va lui permettre de trouver la ville plus vite. Et comme ça je mourrais pas nazement dans ce foutu désert.
- J’ai calculé…
- ET alors ?
- Dans le plan du feu c’est ton anniversaire.
Alors là attention. Œil en l’air, langue qui sort, regard vide… oui pas de doute il calcule.
…
- Pas faux.
- Ahaha ! Je le savais ! Alors pour ton anniv… J’ai cherché à retrouver Poutchoute.
- Poutchou !
- Ouais si tu veux…enfin bref…
- Elle est où ?
- On m’a parlé d’une plante carnivore qui terrorisait une ville vers l’ouest.
- T’es sur que c’est Poutchou?
- Une plante qui aboie.
- C’est pas sur que…
- Et qui défonce les portes.
- Mouhahaha ! "

Je sens que je vais regretter de lui avoir dit…


(1) Le premier que je vois se marrer et acquiescer à cette réplique subira mon courroux éternel. J’espère que c’est bien clair dans la tête de tout le monde…
(2) Ca. C’est fait.

C’est vrai. C’était mon anniversaire. Ne me demandez pas quel âge ça me fait, je ne perds pas de temps à m’en souvenir, après tout ça change tous les ans. Il doit y avoir deux personnes qui tiennent encore le compte des années qui passent. Ma mère, d’abord, qui en profite pour me rappeler que ça fait encore une année passée sans me marier, me reproduire et m’établir quelque part avec ma femme et mes enfants dans une maison en banlieue où mon plus grand souci serait de soigner le rhume du petit dernier ou de joindre les deux bouts pour compenser l’achat d’une fontaine magique à plasma pour suivre avachi sur le canapé les matchs de salamandre-ball (1). Ce qui explique entre autres que j’évite de rentrer à la maison pour mon anniversaire. Bon là j’avoue que j’ai pas trop le choix, mais bon…

L’autre personne, c’est le général-chef-divisionnaire de la police stellaire, qui prend chaque année à la même période un congé sabbatique dans une maison de repos pour oublier que ça fait une année de plus que je suis libre de semer le chaos dans la galaxie tout en évitant ses agents à chaque fois. Un jour je lui ai envoyé des fleurs pour m’excuser. Je ne vois pas comment j’aurais pu prévoir qu’il n’aimait pas les plantes carnivores, qu’elles le lui rendaient bien, qu’il avait de ce fait passé deux mois à l’hôpital au service de botanique (2) et qu’il avait ajouté une ligne à la liste déjà longue de mes exactions, entraînant un mouvement de protestation de la part des agents qui jugeaient que mon dossier était déjà assez lourd comme ça (3).

Bref, tout ça pour dire qu’en général, quand je ne me retrouve pas au poste à cette période de l’année, j’évite de penser que j’ai encore vieilli d’un an. Ca me colle le bourdon. Et évidemment il faut qu’Enki y pense. Normal, puisque je ne voulais pas qu’elle le fasse. Enki a un problème avec l’autorité, même quand on ne lui donne pas d’ordre, qu’on ne dit rien, qu’on prie silencieusement pour qu’elle fasse ce qu’on attend d’elle, ça ne loupe jamais, elle fait le contraire. Juste par esprit de contradiction. Avec une chieuse pareille ce serait presque normal, mais ce qui impressionne c’est que chez elle c’est en partie instinctif. Même sans le savoir, elle fait toujours exactement l’inverse de ce qu’on veut.

Pour cette fois je vais quand même faire un effort : elle a quand même cherché à me faire plaisir. Elle est allée jusqu’à me dire où était Poutchou, à prendre le risque de la retrouver et de se faire mordre un certain nombre de fois par ma plante vindicative, à se retrouver en position d’infériorité… enfin, d’encore plus grande infériorité face au tandem reptilo-végétal qu’on forme avec Poutchou… Et tout ça pour fêter mon anniversaire. Elle est pas si mal finalement cette gamine, elle a un bon fond…

*SBAF*

« Aïeuh ! Mais c’est pas vrai tu peux pas t’en empêcher ! Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
- Tu me fais penser des trucs pas normaux. Vu qu’il y a une chance sur deux que ce soit de ta faute, je tape.
- Et si c’est la chance sur deux où c’est pas de ma faute ?
- Alors je tape pour un truc qui est de ta faute. De toutes façons il y en a toujours un.
- Tsss… »

Elle avance plus vite pour se mettre hors de portée de mon ire vengeresse. Patine sur le sable. S’écrase le nez par terre. Râle. Se relève. Et me regarde bizarrement.

« J’ai fait un rêve étrange la nuit dernière.
- Tu as rêvé que tu étais belle, intelligente, sage et douée ?
- Va chier.
- Mouahaha.
- Je te parle plus tiens.
- Arrête j’en frémis de plaisir.
- …
- Ah tu le fais vraiment ? Oh mon dieu quel bel anniversaire…
- …
- Tu es incapable de ne pas parler. Même quand j’étais parti je suis sur que tu parlais avec les chèvres ou le vieux moisi.
- …
- …ouais tu persistes. Bon alors dans ce cas…
- …
- Je suis certain que tu es capable de te taire au moins pendant les vingt prochaines secondes.
- …
- Huit, neuf, dix…
- …
- Onze, douze, treize, quatorze…
- …gmf…
- Quinze, seize, dix-sept…
- …mfrhumf…
- Dix-huit, dix-neuf...
- Rhaaa tu m’énerves !
- Et voilà ! Je m’en doutais. Tu es incapable de me laisser avoir raison (4), c'est compulsif.
- N’empêche que tu as eu tort.
- Oui mais je t’ai manipulée.
- Saloperie.
- Certes. Bon, raconte-le moi ce rêve, qu’on n’y passe pas la nuit.
- C’est étrange je te préviens.
- Non, toi me raconter des rêves étranges ? Ah ben ça alors…
- …tu me laisses parler oui ?
- Oui maîtresse.
- Ah tu fais bien de m’y faire penser, je t’interdis de parler, bouger, respirer, agir, bref, faire quoi que ce soit d’autre que de m’écouter attentivement jusqu’à ce que j’ai fini de parler.
- …
- Bien. Euh… Donc j’ai rêvé que… c’est étrange hein… Que j’étais toi, que je pensais comme toi, que je parlais comme toi, que j’agissais comme toi… J’ai rêvé que j’étais à ta place un moment… Un peu comme si j’étais encore moi, mais dans ta tête, que j’étais Enki mais en étant aussi Kaev, comme si j’étais aux commandes de ton esprit. Et… mais pourquoi tu deviens violet ? Déjà que rouge c’est pas très beau comme couleur… Violet c’est du rouge et du bleu, donc ça veut dire que c’est comme si tu devenais bleu… Pourquoi tu écarquilles les yeux, tu… Oh… Pardon… Tu peux respirer maintenant, j’ai fini.
- Uuuuuuh ! fouuuu…
- Interdictiondemefaireencourirlamoindrereprésaillepourça !

*SBAF*

- Hé, tu as rompu un ordre direct !
- Pas du tout, je me suis vengé parce que tu existes, c’est tout.
- Tsss… Bon, tu en penses quoi de ce rêve ? parce que ça faisait vraiment réel…
- J’ai fait le même.
- Quoi ?
- J’ai rêvé que j’étais en toi.
- Yeurk.
- …non, dans ta tête.
- Ah bon. Ouf.
- …Sainte Patience au secours.
- Et alors, c’était comment ?
- Ca m’a rappelé quand je suis resté coincé dans le placard à sous-vêtements de mon grand père. Pas la place de bouger, inconfort, envie de sortir… et je te parle pas de l’odeur.
- …sympa.
- Mouais. Mais tu sais je suis pas certain que c’était un rêve. C’est comme un souvenir, plutôt, comme si on avait vraiment échangé nos places, pendant quelques instants.
- Tu crois qu’on a été victime d’un enchantement ?
- Va savoir… En tout cas personne ne s’est rendu compte de rien.
- Certes. » (5)

_______________________

(1) C’est un peu comme le foot, sauf qu’on compte les points en fonction du nombre de morts. L’équipe qui compte le plus de survivants a gagné. J’ai toujours été fort à ce jeu.
(2) Service créé exclusivement pour lui, qui porte désormais mon nom et qui accueille à présent les gens qui s’attirent l’inimitié des plantes carnivores.
(3) Dix-sept kilos de papier quand même.
(4) Et à côté de HRP c’est rien.
(5) HRP pareil… Eh ouais bande de gens, les deux posts précédant celui d’Enki ont été écrits par l’autre. Bluffés hein ? Alala, et ça se dit fans hystériques…

Et nous voilà repartis (1). La traversée du désert, c’est le cas de le dire. C’est sec, aride, chiant comme la mort, on n’en voit pas la fin… et là je ne parle que de mes relations avec Enki. Par commodité, et surtout pour épargner nos salives sous le soleil brûlant, nous nous taisons. Ce qui nous fait apparemment beaucoup de bien à tous les deux.

Le paysage commence à changer progressivement, et la végétation apparaît petit à petit. Fidèle à moi-même, je la génocide petit à petit. Chaque touffe d’herbe vaguement chlorophyllienne brûle dans une grande gerbe de flammes. Ce comportement de légitime défense (je suis sûr que ces vils végétaux ont absorbé MON dioxyde de carbone pour photosynthétiser lâchement) arrache à Enki des soupirs las.

« Tu t’arrêtes jamais ?
- De quoi ?
- De faire des trucs… pas normaux.
- Normaux par rapport à quoi ? A toi ? Mouahahahaha…
- Arrête de rire ! Je voulais dire, pourquoi t’es pas comme les autres Salamandres ? J’ai lu des livres sur l’invocation de Salamandres quand j’étais étudiante, tu sais.
- Ouuuh… mon cœur… Me fait pas des peurs pareilles. Toi, lire ? Je veux dire… Un livre où il n’y a pas écrit « à partir de 3/5 ans » ?
- Arrêteuh, je suis sérieuse. Pourquoi tu crois que tu as atterri dans ce volcan ? Tu crois que j’ai invoqué un truc au hasard, pouf tiens c’est tombé sur une Salamandre, ça aurait pu être un démon ou une banshee, tant pis je prends ce que j’ai ?
- Je crois que tu étais pétée comme un coing et qu’à l’époque tu n’as même pas su me reconnaître.
- Y’avait pas d’image dans les livres sur les Salamandres.
- Tu veux dire que tu as lu un livre sans image ?
- Oui.
- Mouahahahaha !
- Et j’ai appris dedans que les Salamandres invoquées sont taciturnes, parlent rarement et encore moins à leurs invocateurs, sont d’une extrême obéissance, ne font pas de bulles avec leur nez, ne détestent ni les plantes, ni les portes, ni les attaches de soutif, ne sont pas fichés au FBI, ne cumulent pas assez de problèmes psychologiques pour écrire douze thèses et vingt mémoires, et n’utilisent leurs pouvoirs que si leur vie ou celle de leur invocateur est menacée.
- Ah.
- Donc la question est : tu es vraiment une Salamandre ?
- Non, en fait je t’ai menti.
- Je le savais !
- Je suis en réalité un Gnome Rose de la forêt de Boisjoli, qu’une méchante sorcière a métamorphosé et qu’elle a forcé à être méchant, jusqu’à ce qu’une belle ensorceleuse le libère de ce charme par un doux baiser…
- C’est vrai ?
- Non.
- …je suis naïve c’est ça ?
- Je ne vois pas ce qui te permet de dire ça…
- C’est vrai ?
- Non.
- Rhaaa !
- Bref, navré de te décevoir, mais je suis vraiment une Salamandre. Pas exactement pareille qu’une Salamandre moyenne, mais quand même. C’est peut-être dû au fait que mon grand-père soit un Homme-Lézard et pas une vraie Salamandre…
- Ah. Donc tu es pas normal et moi j’ai juste à me taire c’est ça ?
- En gros, oui.
- Ah… Aïeuuuuh ! »

Et Enki de se mettre à sautiller. Cette fille est incroyable. Le désert est lisse, plat, sableux, doux sous les pieds. Il n’y a qu’un obstacle, certainement le seul à des bornes à la ronde. Et il faut qu’elle se cogne son pied dessus. Des fois je m’interroge quand à la probabilité d’un enchantement sur son gros orteil gauche, qui attire sur lui toutes les collisions possibles avec des objets nécessairement durs. Je me penche et ramasse l’obstacle en question. Une lampe.

« Oh, une lampe !
- Oh non, encore ?
- Quoi enc… Ah oui, c’est vrai, c’est grâce à un génie que tu m’as ramené ici…
- Me frappe pas ordre direct !
- Mais arrête de croire que je ne pense qu’à te frapper !
- …
- …ok c’est le cas. Mais c’est vexant quand même.
- Pauvre bouchon. Bon, tu la frottes ? Peut-être que le spécimen sera plus motivé pour me ramener chez nous que le dernier… C’est peut-être ça qu’il voulait dire, d’ailleurs ! Il fallait que tu sois avec moi pour pouvoir trouver cette lampe ! Et c’est comme ça qu’on va rentrer chez nous ! J’en suis sûre !
- Tu es sûre de toi ?
- Oui !
- Ben on n’est pas dans la m…
- Kaeveuh ! Allez, frotte.
*scritch*

Et là, rien. Même pas une petite fumée tremblotante ou deux-trois étincelles : que dalle. Pas de génie.

« ...Oh noooon…
- Je me disais bien, pour un coup que tu étais sûre de toi, ça ne pouvait que foirer.
- Mais…
- Oh, déjà des clients ?
- Uh ?
- Hein ? »

Nous nous retournons, et nous retrouvons face à face avec un gros génie à la peau bleue, turban, babouches, barbichette, valise et chemise hawaiienne. …valise et chemise hawaiienne ?

« Faut m’excuser j’en avais marre d’attendre depuis deux millénaires, alors j’ai décidé de prendre quelques vacances, je rentre à peine… Donc, qui a frotté la lampe ?
- Ben c’est l…
- Nous deux.
- Hein ?
- Excusez-moi ?
- C’est nous deux.
- Ah. Je suppose que ça fera un vœu chacun alors ?
- Vous supposez bien.
- Alors, que désirez-vous ?
- Poutchou.
- Kaev !
- Quoi ?
- Mais… Tu veux pas rentrer chez toi ?
- Sans Poutchou ? Pas folle non ?
- Accordé.
*Pouf*
- Rouaaaar !
- Ma fifille ! …oh tu as grandi toi dis-donc… ça doit être la bande de nazes de Thessalie qui t’a trop nourrie après mon départ je suis sûr. Tiens au fait, tu as des nouvelles ?
- Je leur ai écrit des cartes postales.
- …je veux même pas savoir comment tu les as envoyées.
- Euh… ouais, donc, mon vœu… Je veux rentrer chez moi, sur le plan des Cinq Royaumes !
- Désolé, ça va pas être possible.
- Quoi ?
- Trop d’énergie nécessaire pour…
- Encore ? Mais c’est pas vrai ! C’est pas compliqué comme vœu pourtant !
- Calme-toi Enki…
- Non je me calme pas ! J’en ai marre ! J’ai mal aux pieds, j’ai chaud, j’ai soif, je hais le sable, j’en ai ma claque ! Je veux qu’on se barre de ce désert pourri, de ce monde pourri, de cette galaxie pourrie, sinon je fais un malheur !
- Je tremble de peur.
- Accordé.
- Quoi ?!?

*ZOUIIIIIZZZZZZ*

(1) Oui c’est moi qui prends la suite, si vous êtes pas contents c’est pareil.

(Fin de la saison 7, la huitième est ici... )